Le ruisseau Campbell Creek, au Nouveau-Brunswick, s’écoule à nouveau librement pour la première fois en 100 ans.
Construit en 1919, le barrage de Campbell Creek était un site bien connu à Marysville, au Nouveau-Brunswick. Il alimentait autrefois la filature de coton de Marysville, la plus grande du genre dans les provinces de l’Atlantique. Avec la fermeture de l’usine dans les années 1970, le barrage est devenu obsolète et a commencé à se détériorer.
Le retrait complet du barrage a été recommandé par les ingénieurs, car il n’était pas sécuritaire. Le barrage ne respectait pas les directives de l’Association canadienne des barrages en ce qui concerne la capacité hydraulique des déversoirs, la stabilité, le suintement et l’érosion, la sécurité publique n’était pas assurée ou il n’y avait pas de passes à poissons, avec des conséquences négatives sur l’habitat des poissons et la connectivité aquatique pendant plus d’un siècle.
Avec le réchauffement rapide de notre climat qui affecte tant de rivières, il est essentiel d’ouvrir autant d’habitats d’eau froide et propre de grande qualité que possible pour créer des paysages bien connectés et résilients. L’omble de fontaine, le saumon de l’Atlantique, l’anguille d’Amérique et la lamproie font partie des espèces aquatiques indigènes susceptibles de bénéficier de ce travail.
Après l’obtention du financement du ministère des Pêches et des Océans par le Maliseet Nation Conservation Council, le Conseil municipal de Fredericton a décidé de supprimer le barrage en 2021. Un financement du projet supplémentaire a été fourni à la Nashwaak Watershed Association par la Fondation pour la conservation du saumon de l’Atlantique, ainsi qu’une entente de partage des coûts avec la Ville de Fredericton et un soutien en nature de nombreux autres partenaires.
Démantèlement d’un barrage
De nombreux sauvetages de poissons ont été effectués tout au long du processus de démantèlement du barrage pour atténuer la mortalité des poissons dans la zone de construction, et nous avons été ravis de trouver un certain nombre de saumons de l’Atlantique et d’anguilles d’Amérique juste en aval du barrage.
Après avoir été testé minutieusement pour détecter les toxines et les contaminants potentiels, le béton du barrage a été enterré et recouvert de terre végétale en vue de sa revégétalisation. Un nouveau chenal a été établi, avec un fond rugueux et une série de seuils et de bassins, pour faciliter le passage des poissons.
Le retrait du barrage et la restauration de la passe à poissons fournit maintenant plus de 22 kilomètres d’habitat aquatique de haute qualité en amont. De plus, la restauration de l’ancienne retenue d’amont dans la Forêt acadienne des hautes terres fournira plus de trois hectares d’habitat aux espèces terrestres. L’objectif principal de la restauration de la retenue d’amont du site était de faciliter le rétablissement de la communauté et de la structure des forêts riveraines et des hautes terres, tout en permettant aux sites plus vulnérables de se revégétaliser naturellement.
Reconstruction d’une forêt
L’ancienne retenue d’amont a été plantée de plus de 3000 espèces indigènes issues de la forêt acadienne, dont : des chênes rouges, des pins blancs, des épinettes rouges, des bouleaux jaunes et des bouleaux blancs. En raison de l’accès difficile au site, qui ne permettait pas aux véhicules d’accéder à la retenue d’amont, la végétation a dû être transportée manuellement. La plantation a été réalisée avec le soutien de l’équipe exceptionnelle de Community Forests Canada, qui a planté l’ensemble du site en un seul après-midi – un effort herculéen.
En plus de la plantation d’arbres, plus de 900 arbustes riverains indigènes ont été plantés et équipés de tuteurs le long des berges nouvellement établies et la zone de construction a été ensemencée à la main avec des graminées appropriées pour atténuer l’érosion et la sédimentation.
La restauration et l’assainissement écologiques ne se produisent pas du jour au lendemain : il s’agit d’un processus à long terme que nous nous efforçons de soutenir et d’optimiser grâce au démantèlement du barrage et à la restauration du chenal et de la retenue d’amont.
D’un site endigué à un lieu d’apprentissage
En 2022 et au-delà, nous continuerons de planter d’autres espèces riveraines, au besoin. Une exposition patrimoniale commémorant l’histoire du barrage, mais surtout l’histoire beaucoup plus longue de l’utilisation traditionnelle de ce lieu par les Autochtones de la région, sera mise en place. Nous continuerons également à surveiller les paramètres biologiques, physiques et chimiques afin d’évaluer les impacts de cette intervention jusqu’en 2024.
Le retrait des anciens barrages est essentiel pour la restauration des écosystèmes, les habitats des poissons et la résilience aux changements climatiques. L’écoulement libre du ruisseau Campbell Creek permet d’améliorer la qualité de l’eau et la connectivité des paysages et de réguler l’écoulement de l’eau et des sédiments vers l’aval. La réussite de l’exécution de projets communautaires à grande échelle comme celui-ci nécessite l’engagement d’une multitude de partenaires. Un résultat aussi positif témoigne du travail d’équipe qui a permis à ce rêve de se concrétiser.