Les structures humaines, comme les barrages, les digues et les ponceaux, offrent des avantages sociaux et économiques.

Du moins, ce fut le cas historiquement.

Il peut être difficile d’établir l’équilibre entre les avantages sociaux et économiques fournis par ces structures et les effets négatifs sur l’environnement. Toutefois, avec une base scientifique solide et le soutien d’organismes dévoués, nous commençons à retirer des barrages partout au pays.

La nouvelle Base de données sur les obstacles aquatiques du Canada

En prévision du lancement de la Base de données sur les obstacles aquatiques du Canada (BDOAC), nous voulons vous faire part de l’excellent travail qui se déroule au Canada pour retirer des obstacles au passage des poissons et pour améliorer la connectivité des plans d’eau douce.

À cette fin, nous voulons souligner le retrait du barrage du ruisseau Campbell à Marysville au Nouveau-Brunswick. Ce projet est entrepris par le Maliseet Nation Conservation Council et le conseil municipal de Fredericton. La Nashwaak Watershed Association a fourni du soutien additionnel.

Un des concepts clés de la BDOCA est de fournir les données et l’information nécessaires à l’évaluation des avantages et désavantages de retirer ces barrages. Nous espérons que ce projet permettra à la Fédération canadienne de la faune de soutenir d’autres projets semblables dans l’avenir.

Barrage du ruisseau Campbell

En aval du ruisseau Campbell.

Construit en 1919, le barrage du ruisseau Campbell était un site d’importance à Marysville. Il fournissait anciennement de l’eau à la filature de coton de Marysville — la plus grande filature en son genre dans les Maritimes. Avec la fermeture de la filature dans les années 1970, le barrage est devenu désuet et a commencé à se détériorer.

Des ingénieurs ont évalué le barrage au cours des dernières années et ont recommandé son retrait complet, car il représente un risque sécuritaire. Depuis plus d’un siècle, il a aussi un effet négatif sur les habitats de poissons et sur la connectivité aquatique. Le barrage ne respecte pas les lignes directrices de l’Association canadienne des barrages par rapport à la capacité hydraulique des évacuateurs de crues, à la stabilité, à l’infiltration et à l’érosion, ainsi qu’à la sécurité du public. Le passage des poissons est inexistant.

En amont du barrage du ruisseau Campbell.

En 2016, la structure en ruines a commencé à se vider, ce qui a mené des groupes environnementaux locaux et des Premières Nations a demandé des fonds pour le retrait de la structure et à entamer un dialogue avec la ville de Fredericton à ce sujet. Après que le Maliseet Nation Conservation Council eût réussi à obtenir des fonds du ministère des Pêches et des Océans, le conseil municipal de Fredericton a décidé de retirer le barrage en 2021. Des fonds additionnels ont été fournis par La Nashwaak Watershed Association par l’entremise de la Foundation pour la conservation du saumon atlantique et par une entente de partage des coûts avec la ville de Fredericton, ainsi que par des dons en nature e nombreux partenaires.

Étapes pour retirer le barrage

Drainage du bassin d’amont du barrage du ruisseau Campbell.

Une entreprise locale d’ingénierie a été embauchée pour concevoir le retrait du barrage. La première étape a été de vider le bassin d’amont au moyen de siphons de gravité. La seconde fut d’éliminer l’obstruction qui recouvrait la vanne de vidange et de faire une entaille au haut du barrage pour éviter que le bassin d’amont se remplisse complètement.

Prospection archéologique

Le ruisseau Campbell comporte un paléolittoral.

La structure de plus de 100 ans se trouve dans une région ayant un paléolittoral — c’est-à-dire un littoral qui existait dans la préhistoire— et que le peuple Wolastoqwiyik a possiblement utilisé. Ainsi, une prospection archéologique a été nécessaire. Cet été, des archéologues ont réalisé une lecture en trois dimensions du barrage et d’une structure en bois plus ancienne, ainsi que des sondages à l’échelle du site pour consigner son utilisation historique. Le travail archéologique se déroulera tout au long du processus de construction.

Déconstruction finale

Le processus de soumission pour le retrait du barrage est maintenant terminé et le contrat a été accordé à des entrepreneurs locaux. La construction devrait commencer au début d’août. Le barrage sera retiré au moyen d’équipements lourds et les débris seront enfouis sur place.

Transplantation

Bassin d’amont du barrage du ruisseau Campbell à l’automne 2020.

À l’automne, l’ancien bassin d’amont sera replanté pour limiter l’érosion et rétablir les écosystèmes riverains et forestiers acadiens indigènes. Nous installerons aussi un présentoir patrimonial qui souligne l’histoire du barrage et du projet.

Suivi

Nous continuerons à surveiller le site après le retrait du barrage pour évaluer les changements dans les conditions de base associées au projet, ce qui inclut surveiller la qualité de l’eau, les populations de poissons, l’habitat et le rétablissement de la forêt.

Les principaux obstacles que nous avons dû surmonter au courant du projet ont été la temps requis pour obtenir des permis et obtenir la collaboration de propriétaires récalcitrants qui étaient attachés au bassin d’amont pour des raisons personnelles et récréatives.

Saumon atlantique | Getty

Le ruisseau Campbell fournit un habitat d’eau froide de qualité à des espèces en péril comme le saumon atlantique et l’anguille d’Amérique. Le retrait du barrage :

  • améliorera la qualité de l’eau
  • rétablira la connectivité des paysages
  • régularisera le courant et l’écoulement des sédiments en amont

En remettant de la végétation le long de la berge, nous fournirons des habitats aux espèces terrestres et de l’ombre pour les espèces dans le ruisseau.

Le retrait du barrage du ruisseau Campbell et le rétablissement de l’écosystème sont non seulement bénéfiques pour les espèces aquatiques, ils permettront aussi au peuple Wolastoqwiyik de retrouver une région importante de leur territoire traditionnel et aux résidents locaux d’avoir accès à un tributaire emblématique et productif.

Apprenez-en plus sur la Base de données sur les obstacles aquatiques du Canada et sur notre travail pour rétablir le passage des poissons.