Cette plante à l’allure distinguée qui se cache dans ce coin a-t-elle un côté plus sombre? Une plante de jardin inoffensive en apparence peut-elle devenir une menace pour la flore et la faune indigènes?

Certaines plantes, tout en paraissant confinées dans un périmètre sécurisé, sont capables de se propager subrepticement dans les zones naturelles. Le vent, les oiseaux et la pluie peuvent transporter les graines sur de grandes distances.

De nombreuses espèces de plantes envahissantes ou potentiellement envahissantes ont été introduites au Canada en tant que plantes de jardin. La renouée du Japon, l’oléastre à ombelles, le houx anglais, le chèvrefeuille de Tartarie, le nerprun bourdaine et cathartique, la Julienne des dames, le genêt à balais et l’érable plane figurent parmi les nombreuses plantes ornementales autrefois populaires qui ont abusé de notre hospitalité.

Parmi les quelques 4200 espèces de plantes présentes au Canada, près du tiers sont exotiques (elles proviennent d’autres régions du monde).

Bien que bon nombre d’entre elles ne causent pas de problèmes majeurs, celles qui sont considérées comme « envahissantes » sont une cause de préoccupation alarmante et une menace sérieuse pour les habitats naturels du Canada. Ces plantes exotiques menacent directement de nombreuses espèces en voie de disparition indigènes en leur faisant concurrence dans leur habitat. Les espèces envahissantes peuvent supplanter les espèces indigènes en ce qui a trait à la nourriture, à la lumière et à l’espace. Bien que certains puissent avancer qu’il faut « laisser la meilleure plante gagner », il est dangereux d’ignorer le problème.

La plupart des écosystèmes se composent d’une grande diversité de plantes. Si une plante exotique envahit une zone naturelle, de nombreuses plantes indigènes disparaîtront. Cet agresseur domine alors l’écosystème. À mesure que la vie végétale diminue en variété, la diversité des aliments disponibles pour la faune diminue également. De nombreuses espèces fauniques, qui ont co-évolué avec la végétation indigène, disparaîtront aussi.

Les plantes envahissantes partagent des caractéristiques communes. Elles s’adaptent en général à une variété de conditions pédologiques et climatiques, produisent en abondance des graines facilement dispersées et durables, et disposent de défenses efficaces pour éloigner les prédateurs potentiels. Elles ont de plus un avantage décisif sur les plantes indigènes puisque leurs prédateurs naturels ne les ont pas suivies depuis leur pays d’origine. L’absence d’insectes ou de maladies susceptibles de les maintenir normalement sous contrôle leur permet de se reproduire sans retenue dans leurs nouveaux foyers.

Contrôle des plantes envahissantes

Arrachage d’espèces envahissantes par des participants de Sors dehors dans la région d’Ottawa.

Il existe plusieurs options de lutte contre les plantes envahissantes :

  • Élimination physique. Cette option très exigeante en temps et en main-d’œuvre est efficace pour éliminer les foyers localisés d’infestations, mais il faut alors veiller à ce que toutes les graines et tous les rhizomes soient éliminés. Si elle est effectuée suffisamment tôt, l’élimination physique peut empêcher une espèce exotique envahissante de s’établir.
  • Brûlis contrôlé. Cette méthode, réservée aux professionnels formés, requiert une extrême prudence.
  • Lutte biologique. Cette méthode consiste à introduire des espèces qui se nourrissent naturellement de plantes envahissantes dans les zones infestées. Son grand potentiel doit être mesuré au risque extrême d’introduction de nouveaux organismes dans les écosystèmes naturels. Si elles ne sont pas surveillées de près, ces nouvelles espèces peuvent entraîner des problèmes plus graves que ceux qu’elles sont censées résoudre.
  • Empêcher les plantes envahissantes de s’étendre à de nouvelles zones évite de débourser des frais énormes pour les contrôler une fois qu’elles sont établies. Si une plante est devenue envahissante dans une région, nous devons tirer des leçons de cette expérience. Nous devons également être très conscients du potentiel de toute plante exotique à s’inscruster.

Ce que vous pouvez faire

Photo: Shelley O'Connell, QC, Photo Club Member Include native plants in your butterfly garden like asters, milkweeds, Joe pye weeds and Echinacea.
Photo : Shelley O’Connell (Québec), Membre du Club de photographie Incluez dans votre jardin pour papillons des plantes indigènes comme des asters, des asclépiades, des eupatoires pourpres et des échinacées.
  • Évitez de planter des plantes agressives qui se propagent rapidement et ne sont pas indigènes à votre région.
  • Favorisez les plantes indigènes dans votre jardin.
  • Consultez les groupes naturalistes ou horticoles de votre communauté pour obtenir des listes de plantes localement envahissantes ou potentiellement envahissantes.
  • Consultez le site Web du Invasive Plants of Canada Project (projet sur les plantes envahissantes du Canada)
  • Démarrez un projet communautaire pour lutter contre les infestations locales d’espèces envahissantes.

Apprenez-en plus sur le jardinage écologique dans la rubrique Jardinage pour la faune de la FCF.