Une idée fausse courante – et tout à fait compréhensible – est que les habitats les plus propices à la biodiversité sont les habitats non perturbés.
On a en tête des forêts matures épaisses, des prairies de hautes graminées ondulantes et des zones humides débordantes, toujours stables dans leur état de « climax », soutenant un maximum de plantes et d’animaux possible.
Bien que certaines zones naturelles demeurent stables pendant de très longues périodes (comme les forêts pluviales côtières), la plupart subissent non seulement des perturbations, mais ces petits bouleversements ponctuels contribuent au maintien de leur santé biologique.
Les prairies font partie de ces écosystèmes qui prospèrent sous l’effet du stress périodique et de la diversité des traitements d’un secteur à l’autre. La Fédération canadienne de la faune, en partenariat avec la Saskatchewan Stock Growers Foundation (SSGF), travaille sur les prairies du sud de la Saskatchewan pour étudier comment les perturbations liées au pâturage affectent certaines des espèces sauvages les plus abondantes et les moins bien connues des prairies : les insectes.
Les petits insectes dans la prairie
Il est impossible de parler brièvement des insectes. Ces derniers comptent des milliers d’espèces (et des milliards d’individus) de toutes sortes : papillons, abeilles, sauterelles, mouches, coléoptères, pour n’en citer que quelques-uns. Je ne prétendrai donc pas pouvoir décrire comment chacun d’entre eux réagit (ou ne réagit pas) aux perturbations. Il est toutefois évident que tous les insectes qui subsistent dans les prairies indigènes sont adaptés aux perturbations. Les habitats des insectes sont en effet tributaires du pâturage ou du feu, et les insectes qui vivent dans les prairies se sont adaptés à la seule chose qui y est immuable, le changement.
Prenons l’un de mes groupes d’insectes des prairies préférés : les syrphes. Les entomologistes connaissent la famille des Syrphidae : ces animaux incroyables sont de fantastiques pollinisateurs, leurs larves sont parfois de féroces prédateurs de parasites (les pucerons sont leur repas préféré) et ils sont bien adaptés aux prairies soumises à des perturbations. Les syrphes ont besoin d’herbes bien pâturées comme d’herbes hautes pour se mettre à l’abri des tempêtes et de prairies occasionnellement brûlées favorisant les fleurs et le pollen. Les syrphes peuvent également constituer une nourriture importante que les oiseaux des prairies rapportent à leurs oisillons (voir la publication de la SSGF de Mindy Hockley, co-auteure à la SSGF).
Les bovins génèrent d’importants habitats pour les insectes
De nos jours, la plus importante source de perturbation des prairies indigènes est les bovins, dont les rôles et les bienfaits se rapprochent de ceux des bisons sauvages d’antan. Lorsqu’il est bien géré, le pâturage bovin génère une mosaïque de parcelles de graminées hautes et courtes, lesquelles fournissent des habitats à tout un ensemble d’insectes qui eux-mêmes participent au cycle biologique de cet écosystème. La présence d’herbes mortes est tout aussi importante, qu’elles soient encore debout, mais surtout couchées et tassées, constituant un genre d’humus ou de litière à la surface du sol. C’est un excellent refuge pour les insectes hivernants. Les bouses de vaches fournissent également un habitat essentiel aux coléoptères et participent au recyclage de nutriments essentiels pour une gamme impressionnante de plantes et d’animaux des prairies.
En raison du rôle que jouent les prairies indigènes dans la création d’habitats pour les espèces sauvages et de la place que la communauté des éleveurs bovins canadiens occupe dans la conservation de ces prairies, la Fédération canadienne de la faune travaille avec des organisations comme la SSGF pour mieux comprendre comment le pâturage profite aux Canadiens et aux espèces sauvages du Canada. Une grande partie de cet apprentissage permettra de comprendre comment les perturbations subies par les prairies indigènes contribuent à la conservation de la biodiversité. Et à mesure des progrès de la recherche, nous approfondirons notre compréhension!
Apprenez en plus sur nos efforts de conservation des prairies indigènes du Canada >
Auteurs : Mindy Hockley et John Wilmshurst
Mindy Hockley
Mindy Hockley est spécialiste des communications pour la Saskatchewan Stock Growers Foundation, éleveuse bovine et technologue vétérinaire agréée. Elle est passionnée par la conservation des prairies et la sensibilisation vis-à-vis de l’élevage bovin durable.