La préservation des dernières prairies tempérées comme arme dans la lutte contre le changement climatique et la perte de biodiversité au Canada.

Au Canada, les prairies tempérées – l’écosystème le plus menacé de la planète – s’étendent du sud du Manitoba à l’intérieur de la Colombie-Britannique (le sud-ouest de l’Ontario et Fort Francis ont également quelques dernières prairies à herbes hautes).

Malheureusement, près de 75 % de ces paysages ont disparu en raison de l’expansion urbaine et de la conversion des prairies en terres agricoles. Les prairies sont riches en faune et peuvent absorber et emmagasiner de grandes quantités de gaz carbonique dans les racines des plantes et dans le sol.

La protection, la gestion et le rétablissement de ces paysages emblématiques canadiens sont parmi les solutions naturelles les plus prometteuses au changement climatique. Le Canada possède certaines des plus vastes prairies intactes qui pourraient être protégées pour aider à garder le carbone dans le sol. D’autres régions pourraient être rétablies pour contribuer à enfouir davantage de gaz carbonique dans la terre. C’est une occasion dont nous ne pouvons nous passer et une solution au changement climatique qui offre de grands avantages pour la faune!

Les graminées ont de longues racines dont jusqu’à 70 % poussent sous la terre. Ainsi, ces racines absorbent le gaz carbonique dans l’air pour l’emmagasiner dans le sol.
Les graminées ont de longues racines dont jusqu’à 70 % poussent sous la terre. Ainsi, ces racines absorbent le gaz carbonique dans l’air pour l’emmagasiner dans le sol.

Comment pouvons-nous protéger les prairies?

En évitant leur perte

Les prairies sont composées d’un sol riche et profond les rendant un des puits de carbone les plus stables de la planète lorsqu’elles sont laissées à l’état naturel ou gérées grâce à des pratiques de pacage durables. Lorsque ces prairies indigènes sont labourées et converties en terres agricoles, le carbone emmagasiné est diffusé dans l’atmosphère, augmentant ainsi les taux d’émissions du Canada.

Inversement, plusieurs années sont requises pour que ces terres puissent de nouveau emmagasiner du carbone une fois qu’elles ont été altérées. La conservation des prairies restantes est la meilleure façon (et la façon la plus rentable) de nous assurer de les protéger. Cette approche produit la plus forte absorption de gaz carbonique et la plus grande réduction des émissions canadiennes.

Les prairies fournissent un habitat important à plus de 60 espèces canadiennes en péril, dont la chevêche des terriers. © Shane Kalyn | Le club de photographie de la FCF
Les prairies fournissent un habitat important à plus de 60 espèces canadiennes en péril, dont la chevêche des terriers. © Shane Kalyn | Le club de photographie de la FCF

En améliorant les pratiques de pacage

Les prairies dépendent d’animaux herbivores pour les garder en santé.

Historiquement, le bison des plaines était le principal animal qui broutait dans les prairies de l’Amérique du Nord. Cette situation a pris fin lorsque la quasi-totalité de leur population a été exterminée par les premiers Européens et les politiques coloniales, ce qui a eu des conséquences dévastatrices pour les peuples autochtones et ces écosystèmes qui coexistaient en harmonie depuis des milliers d’années. Depuis, les animaux d’élevage, notamment le bétail, sont les principaux animaux de pâturage sur ces terres.

Les prairies canadiennes existent encore en grande partie grâce à leur protection par les exploitants de ranch. Autrement, ces terres auraient été converties en terres cultivées pour le blé ou le colza, par exemple. Toutefois, la relation entre les animaux de pacage et les prairies dépend d’un délicat équilibre.  Le pacage excessif ou encore insuffisant nuit à la biodiversité et à l’absorption du gaz carbonique.

Il y a de nombreux exemples de bonnes pratiques de pacage qui peuvent être utilisées.

  1. L’alternance des pâturages contribue à maximiser la quantité de carbone emmagasiné dans le sol. Elle aide aussi à assurer la santé de la diversité des plantes qu’on retrouve dans les prairies.
  2. La rotation des pâturages fait en sorte qu’on déplace le bétail de façon à permettre le rétablissement des prairies.
  3. Le pacage à forte densité permet à une plus importante population de bétail de brouter dans un même endroit pour de courtes périodes (moins d’une journée) pour ensuite donner la chance aux plantes dans cet endroit de repousser pour une plus longue période.

Une combinaison de ces pratiques de pacage offre un maximum d’avantages aux espèces sauvages.

Lorsqu’on gère le pacage selon des pratiques durables, on contribue à la santé des prairies et au soutien des 200 types de plantes et d’animaux sauvages qu’on y retrouve
Lorsqu’on gère le pacage selon des pratiques durables, on contribue à la santé des prairies et au soutien des 200 types de plantes et d’animaux sauvages qu’on y retrouve

Que fait la FCF pour protéger les prairies et comment ces mesures aident-elles la faune?

La FCF continuera de défendre la protection des prairies canadiennes pour éviter la perte de ces écosystèmes menacés.

Politiques plus robustes

Une des façons de créer des politiques plus robustes et de meilleurs incitatifs pour protéger les prairies est de les inclure comme autres mesures de conservation efficaces en vertu des objectifs nationaux du Canada à l’égard de la biodiversité. Il pourrait s’agir d’une solution gagnante et pour la biodiversité et pour le climat.

Élevage de bovins respectueux des oiseaux

Pour encourager davantage l’adoption de pratiques de pacage durables, la FCF étudie la possibilité d’un marché canadien pour l’élevage de bovins respectueux des oiseaux. Des normes établies feraient la promotion de pratiques de pacage qui contribueraient à maintenir et rétablir les prairies et à favoriser la conservation de la faune et de ces incroyables écosystèmes.

Apprenez-en plus sur le travail de la Fédération canadienne de la faune Canadian sur l’agriculture et les habitats et sur les forêts et les champs