Certaines plantes non indigènes peuvent soutenir la faune, surtout lorsqu’elles sont combinées à une variété de plantes indigènes.

C’est le cas des pommiers, des zinnias ou des herbes traditionnelles que nous laissons, en partie, fleurir, car ils ne se propagent pas dans les sites naturels et ils fournissent de la nourriture à nos pollinisateurs.

Abeille solitaire sur une fleur de basilic

Mais plusieurs plantes non indigènes sont loin d’offrir une alimentation idéale pour notre faune. Et certaines de ces plantes dites envahissantes — issues d’une région différente et qui se propagent très rapidement — sont en fait nuisibles, car elles empiètent sur les plantes qui ont évolué conjointement avec la faune locale au cours des âges pour le fournir une nourriture parfaite.

L’aspect particulier de nos plantes indigènes, notamment leur composition chimique, est essentiel pour plusieurs de nos insectes. Le déclin du nombre de plantes indigènes entraîne un manque de nourriture pour les insectes et contribue ainsi à leur déclin. Ce problème affecte aussi plusieurs oiseaux, amphibiens, mammifères et poissons d’eau douce dans la chaîne alimentaire. Le déclin subséquent des espèces animales et des bénéfices qu’ils apportent — comme la pollinisation, la décomposition et la lutte antiparasitaire — a des conséquences graves pour notre économie et notre bien-être.

Paruline orangée avec chenille

L’érable de Norvège envahissant en est un exemple. Il s’agit d’un érable européen qui a été souvent planté au Canada comme arbre ornemental. L’ennui, c’est que les graines des érables de Norvège se propagent dans nos espaces forestiers et font concurrence à nos érables indigènes.

Ils y parviennent en partie grâce à une feuillaison précoce au printemps et une chute de feuilles tardive en automne, ils bénéficient ainsi d’une croissance rapide grâce aux nutriments supplémentaires qu’ils obtiennent. Ils peuvent former des peuplements denses qui créent parfois une ombre épaisse à laquelle les plantes indigènes ne sont pas habituées. Et leurs racines denses et profondes empêchent les graines des érables indigènes, et plusieurs plantes du tapis forestier, de bien s’établir.

Ces changements créent un effet d’entraînement à travers l’écosystème et affectent les organismes qui dépendent des plantes envahies.

Par exemple, nos insectes indigènes n’ont pas évolué conjointement avec les érables de Norvège au cours des âges puisque ceux-ci ont été introduits en Amérique du Nord il y a moins de 300 ans. Ainsi, la plupart des insectes ne sont pas attirés vers eux. En fait, nos érables indigènes soutiennent plus de 200 insectes lépidoptères (papillons diurnes et nocturnes) alors que l’érable de Norvège en soutient moins de 10.

Nos érables indigènes, tels qu’illustrés ici, peuvent soutenir beaucoup plus de biodiversité que l’érable de Norvège non indigène et envahissante.

Bien qu’il soit tentant de se féliciter d’avoir une plante qui n’attire pas les insectes, songez-y bien.

Certains insectes peuvent être agaçants, mais ils représentent seulement une fraction des insectes sur notre planète. La plupart ne mordent ou ne piquent pas et causent généralement des dommages minimes aux plantes. Ils jouent aussi un rôle essentiel sur notre planète.

Abeille solitaire et araignée sur une fleure de coréopsis indigène

Les scientifiques s’entendent pour dire que les humains ne pourraient survivre sans les insectes, car sans eux les écosystèmes dont nous dépendons cesseraient de fonctionner. En fait, le biologiste de renom Edward O. Wilson appelle les insectes « ces petites choses qui mènent le monde ».

D’abord, nous avons besoin des insectes pour polliniser une grande partie de nos plantes alimentaires commerciales. Ils pollinisent aussi des plantes qui fournissent de la nourriture à plusieurs animaux de la chaîne alimentaire. Bien entendu, les insectes pollinisent aussi les plantes alimentaires et ornementales de nos jardins qui nous nourrissent et nous égaient. Et d’innombrables plantes offrant d’importantes propriétés médicinales ont aussi besoin de pollinisateurs pour continuer d’exister.

Mouche pollinisatrice sur une fleur d’impatiente biflore. Cette plante aide à prévenir les éruptions causées par l’herbe à la puce.

En plus de la pollinisation, les insectes sont aussi une source de nourriture essentielle pour un grand nombre d’animaux dont la plupart des oiseaux qui agrémentent nos jardins tels les parulines les pics, les mésanges, les merles d’Amérique, les cardinals et les chardonnerets jaunes. En fait, la plupart des oiseaux qui fréquentent votre mangeoire sont aussi insectivores.

L’hiver, lorsque les insectes se font rares, ils enrichissent leur alimentation avec des graines et durant les mois plus chauds, ils se nourrissent, eux et leurs petits, d’insectes comme les chenilles de plusieurs espèces de papillons diurnes et nocturnes riches en nutriments. Même les colibris ont besoin d’une grande quantité d’insectes et d’araignées dans leur diète en plus du nectar des fleurs.

La plupart des oiseaux ont besoin d’une abondance d’insectes à proximité pour nourrir leurs petits.

Puisque les espèces envahissantes comme les érables de Norvège attirent moins les insectes, les oiseaux ont tendance à nicher dans d’autres arbres, car ils ont besoin d’un approvisionnement alimentaire abondant et à proximité.

Les oiseaux sont aussi affectés par les plantes non indigènes pour ce qui est des fruits. Vous avez peut-être remarqué que les oiseaux préfèrent manger les fruits de nos arbustes indigènes plutôt que ceux des espèces non indigènes. Nos baies indigènes ont évolué pour fournir les bons nutriments à nos oiseaux, à savoir, beaucoup de gras, tandis que les espèces non indigènes du même groupe offrent plus de sucre. Alors, si vous avez des arbres, des arbustes, et des vivaces sur votre propriété, il est important de savoir s’ils peuvent bien soutenir notre faune locale et migratoire ou s’ils sont seulement là pour l’apparence ou un peu d’ombre.

Les arbustes indigènes fournissent les fruits idéals à nos oiseaux

Bien que la situation semble inquiétante, il y a de l’espoir. En fait, vous et moi avons sans doute le pouvoir de faire pencher la balance. Doug Tallamy, éminent scientifique, auteur et directeur du département d’entomologie à l’Université du Delaware, est d’accord. Dans son livre « Bringing Nature Home », il affirme que « les jardiniers jouent un rôle important dans la gestion de notre faune nationale. Chaque jardinier peut maintenant faire quelque chose dont nous rêvons tous : faire une différence ».

Les jardiniers jouent un rôle essentiel quant à la prospérité de notre faune qui habite ou visite les jardins, ou qui se promène dans les réseaux d’espace naturel.

Alors, bien qu’il n’y a rien de mal à cultiver certaines plantes non indigènes et non envahissantes dans votre jardin, essayons tous ensemble d’ajouter plusieurs plantes indigènes régionales à notre espace extérieur (de préférence des écotypes et non des cultivars). Ramenons les oiseaux, les abeilles et les papillons. Redéfinissons la beauté et favorisons notre bien-être grâce à des jardins et autres espaces verts riches en biodiversité, où la vie est abondante.

Pour vous renseigner sur les plantes indigènes de votre région, consultez les liens ci-dessous afin de connaître les conseils et les organismes canadiens en matière d’espèces envahissantes. Certains fournissent le guide fantastique « Choisis-moi plutôt » qui offre des suggestions alternatives avantageuses concernant les plantes. Vous pouvez aussi trouver d’excellentes ressources auprès des clubs locaux de naturalistes de terrain, des organismes de conservation (en Ontario) et des organismes locaux spécialisés dans la faune et la flore de votre région.

La FCF offre aussi une Encyclopédie des plantes indigènes et la liste des Fournisseurs de plantes indigènes au Canada pour vous aider à trouver des plantes qui conviennent à votre jardin. Pour obtenir des idées précises, vous pouvez aussi télécharger nos documents Jardinage pour les papillons et Jardinage pour les pollinisateurs.