Quelles sont ces espèces et quels effets ont-elles sur nos espèces indigènes?

Une étude publiée l’an dernier indique qu’on prévoit une hausse des espèces non indigènes de 36 % à l’échelle de la planète par rapport aux niveaux de 2005. Les espèces non indigènes sont celles qui ont été introduites par des humains, accidentellement ou intentionnellement, dans des endroits qui ne font pas partie de leur aire de répartition naturelle.

C’est un énoncé alarmant, car certaines de ces espèces deviendront envahissantes. Les espèces envahissantes, selon l’Union internationale pour la conservation de la nature, sont la deuxième menace la plus importante à la biodiversité après la perte d’habitats. Sans prédateurs ou autres moyens de contrôle naturels, certaines espèces non indigènes peuvent se reproduire et se répandre rapidement et, éventuellement, envahir une région.

Des moules zébrées sur les hélices d’un bateau

Qu’est-ce qui contribue à cette augmentation prévue des espèces non indigènes? L’article énumère le commerce et le transport, le changement climatique, la perte de biodiversité, la migration humaine et les changements dans l’utilisation des terres comme facteurs déterminants. On s’attend à ce que ces causes s’intensifient, ce qui entraînera vraisemblablement l’augmentation de nouvelles espèces étrangères et leur établissement.

Il est difficile de déterminer le nombre exact d’espèces non indigènes qu’on retrouve actuellement au Canada et le pourcentage d’entre elles qui sont envahissantes. Un rapport indique qu’environ 1 229 (24 %) des 5 087 plantes connues au Canada sont non indigènes et 486 de celles-ci sont considérées comme des espèces envahissantes. En 2017, le gouvernement du Canada a affirmé qu’on retrouvait plus de 160 espèces non indigènes dans les Grands Lacs.

Examinons quelques espèces non indigènes qui sont maintenant établies au Canada, ainsi que leur incidence sur l’environnement :

Lymantride spongieuse – Ce papillon de nuit envahissant vient de l’Europe. On le retrouve dans des régions de l’Île-du-Prince-Édouard, de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick, de l’Ontario et du Québec. Les chenilles se nourrissent de plus de 300 espèces de plantes hôtes, dont des feuillus et des conifères. La lymantride spongieuse est une espèce défoliante nuisible avec un appétit féroce. Une seule chenille peut manger un mètre carré de feuilles en une seule saison.

Renouée du Japon– Cette vivace semi-ligneuse est une espèce agressive de l’est de l’Asie. On la retrouve de l’Ontario jusqu’à Terre-Neuve, ainsi qu’en Colombie-Britannique, en Alberta et au Manitoba. Elle se répand rapidement et crée des fourrés tellement denses qu’ils détruisent l’habitat naturel. Ses racines sont si fortes qu’elles peuvent pénétrer le béton et l’asphalte.

Myriophylle en épi – À ne pas confondre avec notre myriophylle de Sibérie indigène, le myriophylle en épi pousse dans les eaux peu profondes. On le retrouve à l’Île-du-Prince-Édouard, au Nouveau-Brunswick, au Québec, en Ontario, au Manitoba et en Colombie-Britannique. Il pousse rapidement, forme des tapis denses et épais, fait concurrence à nos espèces indigènes, réduit la biodiversité et affaiblit les niveaux d’oxygène disponibles à sa décomposition.

Cochons sauvages – Il s’agit de cochons domestiques devenus sauvages, de sangliers qui se sont échappés et de leurs croisements. Ce sont des espèces indigènes de l’Eurasie qui ont été introduites au Canada comme animaux d’élevage exotiques. On les retrouve en Colombie-Britannique, en Alberta, en Saskatchewan, au Manitoba, en Ontario et au Québec. Ces cochons se reproduisent rapidement, détruisent les écosystèmes indigènes et propagent des maladies.

Carpe prussienne –  On retrouve cette espèce envahissante en provenance de l’Europe centrale et de l’Asie en Alberta et en Saskatchewan. Elle fait concurrence à nos espèces indigènes pour la nourriture et les habitats et menace l’intégrité écologique des cours d’eau dans lesquels elle se retrouve.

Avec de plus en plus d’espèces non indigènes et potentiellement envahissantes à nos portes, vous pouvez jouer un rôle important pour empêcher leur propagation au pays. Assurez-vous :

  • de consulter votre conseil sur les espèces envahissantes pour connaître les espèces préoccupantes dans votre province.
  • d’utiliser des plantes indigènes lorsque vous faites du jardinage.
  • de nettoyer, vider et sécher votre bateau, remorque, moteur et équipement avant de vous rendre à un différent cours d’eau.
  • de ne jamais mettre d’animaux domestiques, y compris des poissons, des écrevisses et des tortues, ou des plantes d’aquarium dans des environnements naturels.
  • de ne pas déplacer du bois à brûler. Utilisez du bois local.
  • de nettoyer vos sceaux à appâts sur terre ferme et jamais dans un autre cours d’eau.
  • de nettoyer votre pantalon et vos chaussures avant d’entrer à la maison après une randonnée en forêt.

* Les provinces indiquées ci-dessus étaient les provinces où l’on retrouvait le plus d’espèces envahissantes au moment de la rédaction de l’article. L’aire de répartition des espèces non indigènes et envahissantes peut changer à tout moment.