Je crois que nous pouvons collectivement dire « bon débarras » à 2020.
Ce fut une année incroyablement difficile pour de nombreuses personnes. Mais figurez-vous qu’elle s’est aussi avérée difficile pour plusieurs animaux.
La baleine noire de l’Atlantique du Nord serait une des premières en file pour déballer sa liste de griefs. Au début de 2020, il y avait 409 baleines noires dans l’Atlantique, mais il en reste maintenant que 356. Nous en avons perdu un nombre écrasant. Et les chercheurs craignent qu’elles puissent disparaître pour de bon d’ici 2040.
Devrions-nous simplement abandonner? Ou y a-t-il encore une lueur d’espoir pour la baleine noire?
Ce qui les menace : les collisions avec des navires
Tous les ans, de nombreuses baleines noires sont victimes de collisions avec des navires. En 2017, par exemple, 17 baleines noires de l’Atlantique Nord ont été tuées (et ce chiffre pourrait en fait être plus élevé). Parmi ces mortalités, cinq baleines sont mortes à la suite d’une collision avec un navire.
Les gros et les plus petits navires peuvent tuer ces magnifiques créatures et, bien qu’on puisse les voir s’éloigner normalement après une collision, elles pourraient avoir subi de blessures graves qui peuvent mener à leur mort imminente. Les nécropsies réalisées sur les baleines ont permis de constater que les collisions avec les navires peuvent causer de sérieuses fractures et hémorragies, ainsi qu’endommager les vaisseaux sanguins autour de la nageoire dorsale.
Ce que nous faisons pour les aider
La FCF travaille fort à suivre ces mammifères marins dans l’espoir d’assurer leur sécurité. En 2007, le bassin Grand Manan dans la baie de Fundy et le bassin Roseway au large de la plate-forme néo-écossaise ont été désignés comme étant des habitats essentiels pour la baleine noire de l’Atlantique Nord. Mais depuis, nous avons aussi découvert que de nombreuses baleines noires se nourrissent également dans le Sud du golfe du Saint-Laurent. En apprenant où ces animaux se rendent pour se reproduire, se nourrir, etc., nous pourrons mieux choisir les endroits à protéger.
De plus, nous tentons d’en apprendre autant que possible sur les navires dans nos océans. Saviez-vous qu’en 2016 seulement, il y avait 15 000 bateaux de pêche enregistrés dans le Canada atlantique? Les bateaux, petits et grands, peuvent gravement blesser les animaux. Bien que ces bateaux se déplacent habituellement assez lentement (à une vitesse de moins de 10 nœuds), en imposant une limite de vitesse aux bateaux de pêche, nous pouvons réduire davantage le risque de blessures et de mortalités chez les baleines.
Ce qui les menace : l’enchevêtrement avec des engins de pêche
Tous les ans, environ un quart des baleines noires de l’Atlantique Nord s’enchevêtrent dans des engins de pêche. Parfois elles s’en sortent avec quelques cicatrices mineures, mais à d’autres occasions, une mort horrible en résulte. Une baleine enchevêtrée ne peut pas se déplacer librement, se reproduire et se nourrir. L’enchevêtrement peut causer des infections et peut même trancher la peau jusqu’aux muscles et aux os.
Lorsqu’une baleine ne peut pas se libérer de l’engin, elle risque de se noyer et sa mort peut s’étaler sur plusieurs mois. Puisque 83 % des baleines noires de l’Atlantique Nord portent des cicatrices à la suite d’enchevêtrements, nous savons que c’est une menace importante pour cet animal.
Ce que nous faisons pour les aider
La FCF travaille avec l’industrie de la pêche pour savoir où se trouvent les baleines afin que les bateaux puissent les contourner. Nous avons créé un modèle de prévisions qui nous permet de déterminer où pourront aller les pêcheurs pour poursuivre leur travail s’ils doivent changer de parcours.
En outre, notre équipe de biologie marine travaille aussi à l’élaboration de systèmes de pêche sans cordage. Puisque les orins verticaux des engins traditionnels posent problème, les engins sans cordage n’en ont pas – ce qui élimine ou réduit grandement le risque d’enchevêtrement pour les baleines. En 2019, nous avons commencé à essayer les engins sans cordage pour déterminer leur utilité pour l’industrie de la pêche dans le Canada atlantique.
Ce qui les menace : de faibles taux de mise bas
La population de cette espèce en voie de disparition croît terriblement lentement. Les femelles sont enceintes environ un an. Elle allaite et élève ensuite son baleineau (elle n’en a qu’un habituellement) pendant deux ans. De plus, les jeunes baleines demeurent près de leur mère jusqu’à ce qu’elle soit elle-même prête à être maman – vers l’âge de 10 ans.
Entre-temps, les baleines jeunes et moins jeunes sont menacées par les collisions avec des navires et l’enchevêtrement dans des engins de pêche. Malheureusement, il y a davantage de morts que de naissances. Les baleines sont non seulement menacées par l’activité humaine, mais les chercheurs ont trouvé que les femelles prennent de plus en plus de temps à donner naissance. Tandis qu’elles devraient donner naissance aux trois ou quatre ans, il semblerait qu’elles ont maintenant un bébé aux six à dix ans. C’est une énorme différence!
Ce que nous faisons pour les aider
Nous devons protéger les femelles et leurs petits à tout prix. Une fois qu’ils aperçoivent un baleineau, les chercheurs le suivent pendant plusieurs mois après la naissance. Les baleines ne naissent pas avec des callosités (des marques propres à chaque individu). Donc, au fur et à mesure qu’apparaissent les callosités, les scientifiques en prennent note pour surveiller l’individu tout au long de sa vie.
Il est facile à comprendre pourquoi la situation de la baleine noire de l’Atlantique Nord est si désastreuse. Cette espèce a besoin de notre aide pour survivre. Mais elle a de nombreuses personnes qui gardent espoir et qui travaillent fort pour l’aider. La Fédération canadienne de la faune fait tout ce qu’elle peut pour conserver ce magnifique animal dans les eaux de l’Atlantique.