Harriet Tubman a utilisé le cri de la chouette rayée pour guider les esclaves vers la liberté

Le cri de la chouette rayée fait non seulement partie intégrante du paysage nord-américain, mais est aussi l’appel de la liberté. Harriet Tubman, figure de proue du chemin de fer clandestin et ardente naturaliste, s’est servie du cri de cet oiseau pour guider environ 70 esclaves vers la liberté.

Harriet Tubman en 1895 ©National Portrait Gallery

Puisque Harriet Tubman est née dans l’esclavage, on ne connaît pas sa date de naissance exacte, mais les spécialistes pensent qu’elle est née en 1822. Enfant, elle était domestique, devait marcher dans les marais pour vérifier les pièges à rats musqués et travaillait dans les champs aux côtés de ses frères et de son père. En 1849, elle s’est échappée du Maryland pour rejoindre la Pennsylvanie, qui était un État libre à l’époque. Elle a héroïquement consacré sa vie à aider d’autres personnes asservies, dont ses parents et ses quatre frères, à faire le voyage vers la liberté. Elle a ainsi fait l’aller-retour entre la Pennsylvanie et le Maryland 13 fois.

Les Canadiens connaissent bien l’histoire du chemin de fer clandestin. Il s’agit d’une source de fierté pour notre pays et pour de bonnes raisons. Au milieu des années 1800, un groupe de personnes, des Noirs et des Blancs, ont aidé à guider des esclaves en fuite dans le sud des États-Unis vers les États libres du nord des États-Unis et vers le Canada. Au cours de son existence, quelque 30 000 personnes asservies sont arrivées au Canada grâce au chemin de fer clandestin.

Carte du chemin de fer clandestin en Amérique du Nord ©NPS

Bien sûr, il ne faut pas croire que l’histoire du Canada et de sa relation à l’esclavage s’arrête au chemin de fer clandestin. Le Canada n’est pas dépourvu de sa propre sombre histoire d’esclavage. Pendant quelque 200 ans, l’esclavage a également existé au Canada. La colonie de la Nouvelle-France, établie au début des années 1600, a réduit à l’esclavage des Noirs et des Autochtones. En effet, en 1759, il y avait 3 600 esclaves en Nouvelle-France. Ce n’est qu’en 1807 que la traite des esclaves a été abolie et qu’en 1834 que l’esclavage lui-même a été aboli dans tout l’Empire britannique (y compris au Canada). Il a fallu des années pour changer le cœur des Canadiens et les lois canadiennes liées à l’esclavage; heureusement, ce changement a donné naissance au chemin de fer clandestin.

En tant que passeuse de ce réseau, Harriet a utilisé sa compréhension du monde naturel et de l’environnement pour aider les gens à accéder à la liberté. Elle se fiait à l’étoile Polaire et à la Grande Ourse pour guider ses pas. Elle était capable de conseiller les groupes sur la façon de survivre dans les bois et les marécages, et elle a appris à connaître le paysage le long de la route de fond en comble. Elle traversait stratégiquement les ruisseaux et les rivières entre le Maryland et la Pennsylvanie dans l’espoir de brouiller les pistes pour les chiens qui les traquaient.

Chouette rayée (Strix varia) © Christine Andrews | CWF Photo Club

Et bien sûr, elle utilisait aussi des cris d’oiseaux, dont celui de la chouette rayée. Ce cri était un véritable appel à la liberté. Il signalait aux esclaves le moment où ils pouvaient quitter leur cachette et poursuivre leur voyage vers le nord. Et c’était le cri parfait à utiliser étant donné le nombre de chouettes rayées dans cette région. Ces chouettes ne migrent pas; en fait, elles bougent très peu! Des chercheurs ont bagué 158 chouettes rayées et ont constaté qu’aucune des chouettes ne s’était éloignée de plus de 10 kilomètres de l’endroit où elle avait été baguée à l’origine. Tout ça pour dire que le cri d’une chouette rayée dans ces régions n’éveillait aucun soupçon. Ce cri est vraiment caractéristique des marais du sud, car ces oiseaux nichent près de l’eau et les individus qui forment un couple s’interpellent fréquemment. Harriet Tubman, qui connaissait bien le monde naturel qui l’entourait, a utilisé les espèces sauvages et l’habitat à son avantage et a pu guider 70 esclaves vers la liberté.