Il y a des phénomènes dans le royaume des oiseaux par lesquels la nature se donne en spectacle. Ces moments rassemblent les gens et les communautés.

Parmi les grands plaisirs de la vie d’un ornithologue, il y a ce que je considère comme les spectacles de l’univers des oiseaux. Ceux-ci se produisent souvent pendant la saison des migrations. Cet automne, j’ai été témoin de deux de ces événements, avec chacun un caractère unique.

Le premier a eu lieu à Sidney, en Colombie-Britannique, à l’extrémité sud de l’île de Vancouver. À la mi-octobre, je me suis rendu en voiture de chez moi à une baie voisine pour me joindre à la recherche de petits garrots (Bucephala albeola). Ou, du moins, pour les accueillir, puisqu’ils arrivent ici chaque année avec une ponctualité remarquable : le ou vers le 297e jour de l’année solaire.

Ces petits canards plongeurs ont été fidèlement suivis localement au cours des 22 dernières années par un biologiste de l’Arctique à la retraite nommé Kerry Finley. Il a déterminé que l’étonnante synchronisation de ces canards n’a pas grand-chose à voir avec l’arrivée des températures hivernales, mais plutôt avec les « ondes planétaires » dans l’atmosphère terrestre causées par son mouvement de rotation.

Ces vagues se déplacent lentement vers l’est à travers le continent. À ce moment du calendrier planétaire, l’amplitude des vagues change et, comme sur un signal secret, des millions de canards petits garrots d’un océan à l’autre commencent leur migration vers le sud à partir de leurs aires de reproduction nordiques. Et chaque année, à une date prédéterminée à la mi-octobre (plus ou moins 3,8 jours de chaque côté), certains arrivent à la baie Roberts non loin de mon foyer d’élection. Cette année, la prévision était le 13 octobre. Ils sont arrivés le 9 octobre (dans la fourchette de variation).

« All Buffleheads Day »

Ici, la journée s’appelle All Buffleheads Day — la Journée de tous les petits garrots. (Depuis 1997, les armoiries de Sidney comportent deux petits canards.) Chaque année, il y a un événement pour les ornithologues de tous âges qui se rassemblent pour observer et célébrer l’arrivée des canards.

Il y a des prix pour le premier à en repérer un, des activités pour les enfants, des conférences d’experts locaux, des visites d’élus et, mieux encore, un rassemblement communautaire pour faire de la science citoyenne sous forme de comptage des nouveaux venus. Je vous suggère de chercher sur le Web « All Buffleheads Day » pour en savoir plus. Et inscrivez-le dans votre calendrier 2020; les petits garrots l’ont déjà fait.

Oiseaux et drones

Deux semaines plus tard, j’étais sur un pont traversant la rivière Merrimack à Lawrence, au Massachusetts, dans la lumière du crépuscule. J’étais dans la région pour donner une conférence sur les oiseaux et les drones au Nuttall Ornithological Club. (Fondé en 1873, c’est le plus ancien club d’ornithologie d’Amérique du Nord et l’un des plus respectés.) J’étais sur le pont parce que le photographe aviaire international Craig Gibson m’avait invité à assister à un spectacle local.

Il s’agit du rassemblement de dizaines de milliers de corneilles, principalement des corneilles d’Amérique et de rivage, perchées le long des rivières et sur les toits de plusieurs anciennes usines. J’avais déjà vu des perchoirs de corneilles, mais rien de tel. D’ici l’hiver, jusqu’à 25 000 corvidés y passeront la nuit.

Il semble que les corneilles abandonnent les perchoirs nocturnes ruraux au profit de sites urbains, comme Lawrence. Gibson est cofondateur de la Patrouille des corneilles, un groupe de passionnés d’oiseaux qui invitent une population urbaine diversifiée à vivre ce spectacle étonnant et à en apprendre davantage sur les oiseaux grâce à des promenades guidées, des festivals et des programmes artistiques destinés aux jeunes.

D’un point de vue scientifique, Gibson et son équipe planifient d’utiliser une combinaison d’appareils optiques nocturnes, de drones et de pistage radio pour compter les corneilles. Ils espèrent apprendre où elles passent leurs journées en petits groupes et peut-être quelque chose sur ce qui les attire à se percher pour la nuit dans le paysage postindustriel.

À mon avis, la Journée de tous les petits garrots et la Patrouille des corneilles sont de beaux exemples de la façon dont les collectivités peuvent se réunir pour célébrer les oiseaux. Ce sont des initiatives dont tous peuvent profiter. Avec les terribles nouvelles annonçant récemment la perte de plus de trois milliards d’oiseaux au cours des 50 dernières années, le moment de ces événements et d’autres semblables ne pourrait être mieux choisi.

Tiré du magazine Biosphère. Pour découvrir le magazine, cliquez ici. Pour vous abonner à la version imprimée ou numérique ou bien acheter le dernier numéro, cliquez ici.