La conduite hivernale est difficile dans de nombreuses régions du Canada. La neige et la pluie verglaçante peuvent rendre les routes glissantes et la conduite dangereuse. Le sel de voirie est utilisé depuis longtemps pour faire fondre la glace et dégager les routes, afin de sécuriser la conduite. Au Canada, notre utilisation annuelle de sel de voirie est généralement supérieure à deux millions de tonnes métriques. Une telle quantité de sel affecte nos cours d’eau et nos espèces sauvages.

Les routes peuvent ainsi attirer de grands mammifères comme les orignaux, qui viennent y satisfaire leurs besoins en sel. Des orignaux ont même été vus lécher le sel des voitures. Mais pendant que les orignaux se repaissent de sel, ils risquent d’être frappés par des véhicules. De plus, les orignaux sont souvent actifs la nuit, de sorte que les conducteurs qui abordent des courbes obscures sont susceptibles de ne pas les voir avant qu’il ne soit trop tard. Et de telles collisions sont souvent fatales pour le conducteur comme pour l’orignal. De nombreux oiseaux sont également attirés par le sel des routes, et sont accidentellement frappés par les voitures.

Le sel de voirie peut aussi avoir des effets directs sur les espèces sauvages. Une fois répandu sur les routes, le sel se dissout rapidement et ruisselle dans les plans d’eau. Il peut en résulter une augmentation des concentrations de sel dans les étangs, particulièrement au printemps, avec la fonte des neiges. Certaines études ont révélé un moindre taux d’éclosion des œufs de certaines salamandres et grenouilles dans les étangs situés le long des routes.

L’augmentation des concentrations de sel dans les cours d’eau peut également limiter la croissance des poissons. Une étude a révélé que les truites arc-en-ciel nouvellement écloses dans l’eau salée pesaient 25 % de moins que leurs congénères élevées en eau douce. Ce retard de croissance pourrait avoir des effets à long terme sur les populations de poissons.

Il existe également des preuves que les concentrations de sel des plans d’eau situés à proximité des routes augmentent avec le temps. Une étude récente a examiné l’évolution des concentrations de sel de centaines de lacs de l’est de l’Amérique du Nord. Presque tous les lacs situés à proximité d’une route principale ont vu leurs concentrations de sel augmenter au fil du temps. Bien que les concentrations de sel de la plupart des lacs demeurent faibles à l’heure actuelle, si cette tendance se poursuit, elle pourrait nuire à de nombreuses espèces aquatiques.

Le gouvernement du Canada a tenté de réduire l’utilisation du sel de voirie par l’adoption d’un code volontaire de bonnes pratiques incitant les municipalités à réduire leurs activités de salage. Près des trois quarts des municipalités ont adopté ce code et ont réduit leur consommation de sel annuelle.

Chacun d’entre nous peut jouer un rôle pour réduire notre dépendance au sel. Le sel répandu sur les trottoirs et les allées se retrouve également dans les égouts pluviaux et, en fin de course, dans les lacs et les rivières. Compte tenu du nombre d’allées existantes au Canada, cela peut représenter beaucoup de sel. Il est possible de réduire la quantité de sel utilisée en limitant son application à certaines zones clés, plutôt qu’en l’étalant sur l’ensemble de l’allée. Il existe également des alternatives au sel. Essayez de répandre du sable ou des cendres issues de votre cheminée ou de votre poêle à bois. Le sable comme les cendres améliorent la traction sur les surfaces glacées.

Nous désirons tous pouvoir marcher et conduire en sécurité cet hiver, mais nous pouvons essayer d’y parvenir avec un moindre impact pour la nature.