« Alors, qu’est-ce tu fais? »

Question fréquente, posée à l’occasion il y a quelques semaines par mon barbier durant une conservation sur tout et rien. Dans le but de ne pas trop m’éterniser, j’ai résumé en une phrase ce que je fais cet été : je cherche des tortues.

Il m’a regardé, a ri et m’a donné l’impression de ne pas me prendre au sérieux. Je ne peux pas lui en vouloir. C’est en effet un travail qui semble trop saugrenu pour être vrai et, parfois, c’est le cas.

Mais je vais vous expliquer ce que je fais un peu mieux qu’à mon barbier.

L’équipe consacrée aux tortues

Chris crossing a creek

Je suis un des quatre membres de l’équipe de la FCF consacrée aux tortues et dirigée par David Seburn, spécialiste des tortues d’eau douce. Notre travail porte sur la conservation des populations de tortues menacées du Canada.

Ce travail consiste à sensibiliser le public et à réduire les risques qui menacent les populations vulnérables par l’entremise :

  • de la collecte d’œufs et de leur incubation
  • d’enquêtes sur les chaussées et de l’identification des points névralgiques pour les mortalités
  • de la protection d’habitats grâce à des études des milieux humides

À la recherche de tortues

Looking for turtles in the wetland

Les études des terres humides se déroulent sur des terres de la Couronne ou les propriétés privées de propriétaires qui s’intéressent à la conservation des tortues. Lorsque nous arrivons à une terre humide, nous enfilons nos cuissardes, revêtons nos filets contre les moustiques, jetons nos jumelles autour de notre cou et partons à la recherche de tortues.

Nous nous concentrons surtout sur la tortue mouchetée en voie de disparition. Notre objectif est de protéger les précieux habitats dans lesquels elle se trouve. Pour ce faire, nous devons d’abord en trouver une, prendre une photo et enregistrer l’endroit où nous l’avons trouvée. La terre deviendra alors officiellement protégée en vertu de la Loi sur les espèces en voie de disparition.

Ça semble assez simple, non?

Et si je vous disais qu’« en voie de disparition » est synonyme de rare et de difficile à trouver. Et que les terres humides qui abritent des tortues sont aussi associées à des insectes qui aiment piquer les gens…beaucoup, beaucoup d’insectes qui aiment piquer les gens.

Certains jours, nous passons six heures dans de l’eau boueuse jusqu’à la taille entourés de légions de mouches noires et de moustiques, tous aussi avides de nous piquer. Le soleil plombe sur nos têtes, mais il n’y a aucune façon de nous rafraîchir, car si on se dévêtit, même un tout petit peu, on devient un véritable buffet pour les insectes.

Et c’est sans parler des tiques. Depuis le début du projet il y a quelques semaines, une des membres s’est déjà fait mordre par une tique à pattes noires, celle qui peut transmettre la maladie de Lyme. (Heureusement, ma collègue va bien. Rendez-vous tout de suite chez le médecin si vous vous êtes fait mordre par une tique.)

 

© David Seburn | CWF Staff
Une des deux tortues mouchetées que nous avons trouvées durant une sortie.

En dépit de tout ça, il arrive souvent que nous ne trouvions aucune tortue mouchetée. C’est du travail épuisant et parfois frustrant, surtout lorsque nous savons qu’elles sont présentes…nous ne pouvons tout simplement pas les trouver. Mais lorsque nous repérons une de ces incroyables créatures, le jeu en vaut la chandelle.

Le parcours n’est pas pire non plus

Tiptoe-ing through the cattails

Les endroits où nous nous rendons pour mener les études sont indéniablement magnifiques, anciens et remplis d’une diversité d’animaux et de végétation.

J’ai vu une communauté de grands hérons nichés, des porcs-épics grimpant des arbres, une meute de coyotes, une boule de serpents en accouplement, des tortues hargneuses d’apparence préhistorique de la taille d’une plaque d’égout et même de barrages de castors à étages multiples! Ces endroits sont magiques, variés et incroyablement importants, ce qui augmente l’importance de trouver des tortues mouchetées et de protéger ces environnements. Nous avons déjà perdu plus de 70 % des terres humides de l’Ontario.

De nombreuses personnes ont une notion romantique du travail sur le terrain, mais il peut être très stressant et désagréable. C’est difficile et salissant. Mais ce travail est essentiel à la conservation et quelqu’un doit le faire. Cet été, cette personne, c’est moi.

upload observations to inaturalist.ca
Observations téléchargées dans iNaturalist.ca

Vous aussi, vous pouvez aider! Si vous voyez une tortue mouchetée, signalez-le dans iNaturalist.ca. Vous pouvez en apprendre plus sur notre travail avec les tortues à Aidonslestortues.ca.

Auteur :

Chris Sullivan