En nature, le moment propice est souvent primordial.
Que ce soit les papillons monarques migrant du Mexique jusqu’au Canada pour arriver juste au moment où les asclépiades sont mûrs, ou bien les bisonneaux naissant juste au moment où les plaines verdissent. Certains des phénomènes les plus grandioses de la nature semblent reposer sur d’autres phénomènes apparemment sans rapport qui se déroulent en même temps.
La pollinisation en est un bon exemple. Les plantes ont besoin des pollinisateurs lorsqu’elles viennent en fleurs pour se reproduire et les pollinisateurs ont besoin des fleurs pour alimenter leurs couvains de pollen et de nectar. Le climat déclenche la croissance des plantes qui fleurissent lorsqu’elles atteignent la bonne taille. Plusieurs pollinisateurs utilisent différents indices, comme la durée du jour, ou sont moins dépendants du climat pour synchroniser leur croissance et leurs déplacements. Ce synchronisme fonctionne bien pour les centaines d’insectes et d’oiseaux pollinisateurs qui vivent au même rythme que les plantes indigènes des Prairies.
En déséquilibre
Toutefois, le changement climatique déclenche la croissance des plantes et leur floraison beaucoup plus tôt. Les pollinisateurs, qui en dépendent, pourraient ainsi se trouver déstabilisés en arrivant au mauvais moment. C’est déjà le cas chez les abeilles indigènes de l’est des États-Unis1 et les papillons d’Europe2 où la pollinisation ne se fait pas à temps et les pollinisateurs ne trouvent plus leurs récompenses. Selon la recherche dans ce domaine, le changement climatique pourrait perturber des rythmes saisonniers millénaires partagés par les pollinisateurs et les plantes en floraison.
On prévoit que le changement climatique frappera les Prairies canadiennes de plein fouet. Une étude sur les effets du changement climatique menée par le collectif Prairie Adaptation Research Collaborative a conclu que les Prairies canadiennes sont particulièrement vulnérables aux dommages causés par les saisons de croissance plus longues et plus chaudes, et par des pluies moins prévisibles3. Cette situation pourrait mener à des changements dans les modes et les périodes de croissance des plantes qui toucheront non seulement les céréales et les fourrages récoltés dans les Prairies, mais également les fleurs indigènes.
Les pollinisateurs se trouveront ainsi déstabilisés.
À la rencontre des pollinisateurs des Prairies
Qui sont les pollinisateurs des Prairies? Ils sont pour la plupart les abeilles, les mouches, les coccinelles, les guêpes et les papillons, sans oublier les colibris. Bien sûr, les abeilles domestiques, travailleuses acharnées de la pollinisation des prairies, sont bien connues.
Mais saviez-vous qu’elles ne sont pas originaires de l’Amérique du Nord? Prodiguant des services essentiels à nos écosystèmes, les pollinisateurs indigènes sont tout aussi importants, notamment pour les plantes indigènes.
Les Prairies canadiennes comptent des centaines d’espèces de pollinisateurs indigènes, dont plusieurs nous sont très peu connus.
Étudier les effets du climat sur la pollinisation des Prairies
C’est peut-être parce que nous connaissons peu les pollinisateurs indigènes des prairies que notre attention s’est très peu portée sur les effets du climat sur la pollinisation de l’Ouest canadien. La Fédération canadienne de la faune espère changer les choses. Grâce à la recherche que nous menons avec la Saskatchewan Stock Growers Foundation, le South of the Divide Conservation Action Program (SODCAP), Oiseaux Canada, le Royal Saskatchewan Museum, Agriculture et Agroalimentaire Canada, ainsi que l’Université Carleton, nous en apprenons plus sur les pollinisateurs des prairies, les menaces qui pèsent sur eux et leur conservation.
C’est la première étape pour comprendre les effets du changement climatique sur les insectes et les plantes des pâturages.
Comment aider les pollinisateurs
Que peut-on faire? Heureusement, la liste est longue :
- Soutenez les pollinisateurs indigènes en plantant des fleurs indigènes dans votre cour.
- Encouragez les initiatives locales comme le rétablissement des fossés et des emprises avec des plantes indigènes.
- Devenez un scientifique citoyen en signalant vos observations de fleurs et de pollinisateurs à l’aide d’applications populaires comme iNaturalist.
- Manifestez votre soutien de la FCF pour connaître davantage l’écologie et la conservation des pollinisateurs des pâturages canadiens, de même que les effets du changement climatique sur ces espèces.
Apprenez-en plus sur le travail de la Fédération canadienne de la faune concernant les pollinisateurs ainsi que sur l’agriculture et les habitats.
Références :
1Bartomeus, I. et al. Climate-associated phenological advances in bee pollinators and bee-pollinated plants. Proceedings of the National Academy of Sciences 108, 20645–20649 (2011). 2Roy, D. B. & Sparks, T. H. Phenology of British butterflies and climate change. Global Change Biology 6, 407–416 (2000). 3Sauchyn, D., Davidson, D. & Johnston, M. Prairie Provinces. in Canada in a Changing Climate: Regional Perspectives Report (eds. Warren, F. J., Lulham, N. & Lemmen, D. S.) (Government of Canada, 2020).