Les pâturages propices à la faune sont malheureusement en diminution dans le centre du Canada, à mesure qu’ils sont remplacés par des terres de cultures annuelles.

Une nouvelle étude de recherche menée par la Fédération canadienne de la faune (FCF) montre une conversion importante et accrue des pâturages et des cultures fourragères pérennes en terres de cultures annuelles dans l’écozone des plaines à forêts mixtes en Ontario et au Québec.

Les recherches menées par la Fédération canadienne de la faune ont établi un lien entre cette évolution et le déclin des effectifs des sturnelles des prés. C’est pourquoi la FCF demande l’adoption de politiques améliorées pour soutenir les producteurs dans la conservation des habitats naturels sur les terres agricoles, qui contribuent à limiter l’étalement urbain.

L’étude a été publiée dans le numéro d’octobre 2024 de FACETS, la revue de l’Académie des sciences de la Société royale du Canada. Elle examine l’utilisation des terres dans les plaines à forêts mixtes le long des lacs Huron, Érié et Ontario, ainsi que dans les basses terres du Saint-Laurent, au sud du Québec. Les sturnelles des prés sont en déclin dans ces régions. Elles sont répertoriées comme une espèce menacée en vertu de la Loi sur les espèces en péril du Canada et de la Loi sur les espèces en voie de disparition de l’Ontario.

L’évolution du paysage agricole

En plus d’évaluer les conséquences du remplacement des pâturages et des cultures fourragères par des cultures annuelles, la Fédération canadienne de la faune a étudié la dynamique des terres agricoles et d’autres couvertures terrestres entre les années 2011 et 2022. La FCF a exploité les données de l’étude de cas de la sturnelle des prés pour tenter de prédire les répercussions de l’évolution du paysage agricole sur la biodiversité.

Les pâturages et les champs de foin, qui sont précieux pour la biodiversité et des espèces en péril comme la sturnelle des prés, ont diminué de plus de 25 % au cours de la période d’étude. Ce déclin est dû principalement à la conversion du paysage agricole à des cultures annuelles comme le maïs et le soja. L’habitat nécessaire à la survie des sturnelles des prés a quant à lui diminué d’environ 20 % au cours de la même période et dans les mêmes secteurs. Ce déclin s’est accompagné de pertes de pâturages et de cultures fourragères.

En plus de ces transformations, une zone de la taille de Toronto a été perdue en raison de l’étalement urbain au cours de la dernière décennie, ce qui représente des milliers d’hectares de forêts et de zones humides convertis en terres agricoles.

Oiseaux chanteurs des prairies

Sturnelle des prés ©Nina Stavlund | Club de photographie de la FCF

Les prairies d’herbes hautes et de savanes couvraient autrefois de grandes parties de l’écozone des plaines à forêts mixtes. Mais ces habitats ont été réduits à moins de 3 % de leur étendue historique. À mesure de la modification de ces paysages, des espèces des prairies comme la sturnelle des prés ont commencé à nicher dans les terres agricoles en expansion, dominées alors par des pâturages et des champs de foin. Au XXe siècle, les progrès des technologies et des pratiques agricoles ont entraîné une évolution importante de ces terres agricoles vers des cultures annuelles, avec la disparition des pâturages et des champs de foin.

À l’heure actuelle, les pâturages et les cultures fourragères sont rapidement remplacés par des cultures annuelles. En l’absence de prairies et de savanes indigènes, de nombreux oiseaux, mammifères, insectes et plantes qui dépendent des prairies sont menacés de disparition (et même d’extinction totale dans une zone spécifique) si les habitats agricoles nécessaires à leur survie ne sont pas conservés ou si les habitats des prairies ne sont pas restaurés.

Solutions naturelles

Mais il existe des solutions naturelles :

  • Les politiques d’aménagement du territoire devraient tenir compte des impacts sur la biodiversité et la production agricole en explorant les options permettant de limiter la croissance urbaine sur les terres agricoles et les couvertures terrestres naturelles, et de limiter l’expansion des terres agricoles sur les couvertures terrestres naturelles.
  • L’élaboration de politiques agricoles fédérales et provinciales encourageant la conservation d’habitats riches en biodiversité dans les exploitations agricoles en tant que bien public fourni par les producteurs agricoles de l’écozone des plaines à forêts mixtes pourrait contribuer à freiner ou à enrayer la perte de biodiversité.

Alors que la demande de logements et de production alimentaire augmente, il devient de plus en plus important de mettre en place des politiques bien conçues pour limiter l’étalement urbain et aider les agriculteurs à préserver les habitats naturels et la biodiversité.

Apprenez-en plus sur le travail entrepris par la Fédération canadienne de la faune pour aider notre faune sur nos terres agricoles.