Des coucous aux barges, des voyageurs étonnants qui établissent des records – grâce au GPS, le suivi des oiseaux migrateurs à longue distance est plus détaillé que jamais

En 2019, un puffin des Anglais, portant des bagues numérotées placées sur ses pattes par des volontaires du British Trust for Ornithology, a quitté sa colonie de reproduction de l’ile de Rùm, une des Hébrides écossaises. Avec une vitesse de pointe d’environ 55 km/h, cet oiseau de mer commun est finalement arrivé, après plusieurs escales, à la station balnéaire de Las Grutas en Argentine. On estime qu’il a parcouru 12 173 km.

Si ce vol a été un exploit impressionnant, l’année 2020 a vu deux oiseaux migrateurs accomplir des voyages encore plus ahurissants, dans deux scénarios très différents. Bien que le baguage des oiseaux reste une stratégie clé de surveillance, ces deux histoires impliquent l’utilisation de minuscules émetteurs implantés qui peuvent être suivis en continu par des satellites.

Onon, un coucou gris nommé d’après une rivière locale de Mongolie, a été équipé d’une minuscule balise satellite en juin 2019 dans le cadre du projet Mongolia Cuckoo, une initiative conjointe de Birding Beijing, du Centre des sciences faunique et de la Conservation de Mongolie et du British Trust for Ornithology. Peu de temps après, il est parti pour son séjour d’hiver en Zambie. Au mois de mai suivant, Birding Beijing a ajouté un nouveau communiqué sur son site web : « Onon est chez nous! Le 27 mai 2020, à 15 h 30 heure locale, il se trouve à proximité de la station de baguage d’oiseaux de Khurkh […] après un aller-retour de 26 000 km, comprenant 27 passages de frontières couvrant 16 pays ». Affrontant des vents violents lors de la traversée de l’océan Indien, le marathonien de 130 grammes a effectué l’une des plus longues migrations jamais enregistrées par un oiseau terrestre. Suivi par des milliers de passionnés en ligne dans le monde entier, Onon le coucou gris est devenu une célébrité internationale.

En 2020 également, un oiseau de mer a établi un nouveau record mondial. Un mâle de l’espèce des barges de Laponie a volé de l’Alaska à la Nouvelle-Zélande. Incroyablement, cet échassier de taille moyenne a effectué tout le voyage sans s’arrêter pour manger ou dormir. L’oiseau a quitté le sud-ouest de l’Alaska le 16 septembre et s’est posé 11 jours plus tard dans une baie près d’Auckland, en Nouvelle-Zélande. Identifié par des bagues de quatre couleurs et une étiquette de suivi GPS de cinq grammes fixée à sa patte, il a été suivi par le Global Flyway Network, une organisation de conservation qui étudie les oiseaux de rivage migrant sur de longues distances. Ces oiseaux légers et rapides, d’une envergure d’environ 75 centimètres, se reproduisent dans les régions arctiques de l’hémisphère nord, puis s’envolent jusqu’en Nouvelle-Zélande et en Australie, traversant l’océan Pacifique. Volant à des vitesses atteignant 88 km/h, cet impressionnant oiseau a parcouru près de 12 000 km sans escale, battant de près de 500 km l’ancien record, détenu par une barge de Laponie depuis 2007.

Au-delà de l’ampleur stupéfiante de ces efforts, ce qui est le plus important dans le suivi rapproché de ces deux athlètes à plumes n’est pas seulement l’information sur la vitesse ou la distance parcourue, mais la connaissance acquise sur les habitats de reproduction, d’escale et d’hivernage si vitaux pour la conservation de ces espèces d’oiseaux et de bien d’autres comme elles.

 

Tiré du magazine Biosphère. Pour découvrir le magazine, cliquez ici. Pour vous abonner à la version imprimée ou numérique ou bien acheter le dernier numéro, cliquez ici.