Les chauves-souris excellent en matière de limitation des populations de moustiques et d’autres bestioles indésirables. Pendant les mois à bibittes de l’été, il est souhaitable qu’elles restent le plus possible dans nos alentours.
Malheureusement, les chauves-souris sont confrontées à bien des difficultés. Les coupables habituels, notamment le syndrome du museau blanc et la perte d’habitat, sont très préoccupants, mais il y en a aussi un autre qui exige notre attention : les éoliennes.
Le lien entre la mortalité des chauves-souris et les éoliennes constitue un champ de recherche plutôt récent, mais on estime que chaque année, au Canada, des dizaines de milliers de chauves-souris se font tuer par collision, le nombre de cas étant le plus élevé au cours de la période migratoire, à la fin de l’été et au début de l’automne. Les chauves-souris des espèces arboricoles migrant à l’automne – notamment la chauve-souris cendrée (Lasiurus cinereus), la chauve-souris rousse (Lasiurus borealis) et la chauve-souris argentée (Lasionycteris noctivigans), qui ont récemment toutes trois, en raison de la décroissance de leurs populations, été évaluées par des spécialistes qui ont déterminé qu’il s’agit d’espèces en voie de disparition au Canada – connaissent un risque particulièrement élevé de collisions et de barotraumatisme en lien avec les éoliennes, c’est-à-dire de dommages causés à des tissus par des baisses soudaines de la pression autour des pales.
Quelques théories ont été proposées pour expliquer pourquoi les chauves-souris vont vers les éoliennes, mais il n’y a pas de réponses concrètes actuellement. Selon les explications les plus plausibles, les chauves-souris confondraient la tour avec un grand arbre et seraient incapables d’éviter les turbines une fois qu’elles en sont proches, il se pourrait qu’elles soient attirées vers les turbines à cause d’un son mécanique, ou il se pourrait encore qu’il y ait à la base des tours des concentrations élevées d’insectes qui les attirent. En outre, il se peut que les parcs éoliens soient construits à proximité de sites de haltes migratoires, où les chauves-souris peuvent s’arrêter pour se reposer et se nourrir pendant la migration, ou bien de sites d’hibernation, ce qui pourrait expliquer pourquoi de grandes populations de chauves-souris n’évitent pas ces parcs et se retrouvent plutôt dans la trajectoire des turbines. Il est aussi possible que les chauves-souris tentent de voler entre les turbines dans les périodes de rotation lente, et il se trouve effectivement que les taux de mortalité sont plus élevés lorsque la vitesse du vent est plutôt faible.
Les chauves-souris vivent longtemps, mais comme leurs taux de reproduction sont faibles, la plupart des espèces n’ayant qu’un ou deux petits par année, il est important d’atténuer l’incidence des éoliennes parce qu’elles ne peuvent pas produire une progéniture assez nombreuse pour stabiliser rapidement leurs effectifs. Autrement dit, elles ont besoin de plus de temps pour se rétablir de pertes subies dans leurs populations et risquent davantage l’extinction. Heureusement, il y a des stratégies prometteuses pour réduire la mortalité des chauves-souris :
- Des turbines plus courtes : On a constaté que les chauves-souris risquaient davantage d’entrer en collision avec des turbines plus hautes. La prise en compte de la hauteur des turbines lors de la construction pourrait donc être un moyen de réduire les collisions.
- Dispositifs de dissuasion acoustique ultrasonique : En émettant certaines fréquences qui dérangent les chauves-souris, il peut être possible de les dissuader de voler près des turbines et potentiellement de limiter l’efficacité de leurs facultés d’écholocalisation de sorte qu’elles ne puissent entendre/interpréter à quel endroit il y a des insectes près de la tour, ce qui pourrait éviter qu’elles se rendent jusque dans la trajectoire des pales.
- Choix d’emplacement stratégique pour les éoliennes : Il s’agit d’éviter les sites d’hibernation et les voies migratoires connus lors de la construction de parcs éoliens, afin d’éviter le plus possible que de grands groupes de chauves-souris rencontrent des éoliennes. Cela pourrait être difficile, cependant, car on sait peu de choses sur leurs voies de migration.
- Mouvement des turbines : En arrêtant les turbines de tourner aux heures où les chauves-souris sont très actives, par exemple les deux heures suivant le coucher du soleil, on limiterait les collisions, et l’incidence sur la production d’énergie serait faible.
- Augmenter la vitesse de démarrage : Il s’agit de la vitesse du vent à laquelle les turbines commencent à tourner et à générer de l’énergie, et elle est habituellement de 3,5 à 4 m/s. Des études laissent penser que les chauves-souris risquent davantage d’entrer en collision avec des éoliennes lorsque le vent souffle à des vitesses plutôt faibles; il pourrait donc y avoir moins de collisions si on augmente la vitesse de démarrage pour qu’elle corresponde à des vents plus forts.
- Orienter les pales parallèlement au vent : Selon l’orientation des pales, il est possible que des vents de vitesse plutôt faible puissent les faire tourner avant la vitesse de démarrage, ce qui donne lieu à un danger de collision pour les chauves-souris. En orientant les turbines de manière à ce qu’elles soient parallèles au vent, on peut empêcher que cela se produise et veiller à ce que les pales ne se mettent à tourner qu’à une vitesse qui réduit au minimum le risque pour les espèces de chauves-souris.
En mettant en place certains ou l’ensemble de ces changements, il est possible de réduire de manière importante le risque pour les chauves-souris, avec une incidence minime sur la production d’énergie et les profits. Les espèces de chauves-souris sont vraiment essentielles pour limiter les populations d’insectes indésirables au Canada, mais le courant éolien représente par ailleurs une importante source d’énergie renouvelable, et nous devons donc trouver un moyen de promouvoir les sources d’énergie sans émissions tout en limitant les effets négatifs sur la faune.
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Actuellement, on détruit le territoire de 6 types de chauves-souris sur le site de Northvolt au Québec, on détruit 74 milieux humides, ils sont remblayés, les marais contiennent des tortues serpentines, tortues brunes et batraciens. C’est un désastre. Que pouvez vous faire pour protéger la faune qui ne peut parler pour se défendre? Je suis une citoyenne qui ne sait pas ou on peut trouver des lois pour défendre les animaux et la faune alors que notre ministère de l’environnement cache les informations de ses propres experts et donne le feu vert pour détruire ce milieu de grande valeur écologique selon ses propres experts. Pouvez-vous nous aider?