Les glaces marines de l’Arctique sont un phénomène relativement prévisible… ou du moins elles l’étaient!
Elles diminuent toujours au printemps et en été pour atteindre leur étendue minimale en septembre, puis augmentent en automne et en hiver pour atteindre leur étendue maximale en mars. Cependant, avec notre planète qui se réchauffe en raison des émissions de gaz à effet de serre, cette prévisibilité n’est dorénavant plus aussi prévisible.
Avec les températures du Nord qui augmentent, les glaces marines fondent plus tôt dans l’année et gèlent plus tard. Non seulement les glaces marines de l’Arctique rapetissent, mais elles s’amincissent aussi. La glace qui résiste à au moins une saison de fonte est appelée glace de plusieurs années. La glace de plusieurs années s’épaissit avec le temps, ce qui la rend moins vulnérable à la fonte. Il semble cependant qu’aujourd’hui, il y a moins de glace de plusieurs années et plus de glace saisonnière mince, du moins dans certaines parties de l’Arctique. Cette glace mince ne résiste pas aussi bien aux températures qui se réchauffent et elle est plus susceptible de fondre.
Le problème est que cette augmentation de la quantité de glace qui fond alimente un cercle vicieux causant la fonte d’encore plus de glace. Avec beaucoup de glace, la surface claire réfléchit l’énergie pour la renvoyer dans l’atmosphère, ce qui réduit le réchauffement qui se produit. Avec la fonte des glaces, une plus grande partie de l’océan est exposée, créant une surface plus sombre. Et nous savons tous que les surfaces plus sombres absorbent plus de chaleur et plus de soleil, ce qui entraîne un plus grand réchauffement. Avec une fonte plus importante des glaces, il y a plus de surfaces sombres, ce qui mène à un plus grand réchauffement et le cercle vicieux se poursuit.
Les modèles prévoient que nous pourrions connaître des étés sans glaces dans l’Arctique dès 2035
Qu’est-ce que ça signifie pour les espèces qui dépendent des glaces marines de l’Arctique? Il semble que toutes ces espèces, petites et grandes, seront touchées.
Les glaces marines sont importantes pour les algues — la base de la chaîne alimentaire. Les algues poussent sur la face inférieure des glaces marines. Les algues sont consommées par le zooplancton, qui est mangé par les poissons, qui sont mangés par les phoques, qui sont mangés par les ours polaires. Une diminution des niveaux d’algues aura une incidence sur la chaîne alimentaire.
Les narvals, licornes des mers, utilisent les glaces marines pour se cacher des épaulards et les éviter. Le nombre de narvals pourrait-il diminuer sans cette glace protectrice?
Les morses et les ours polaires utilisent les glaces marines pour se déplacer, chasser et se reproduire. Avec la diminution de l’étendue et de l’épaisseur des glaces marines, ces animaux sont confrontés à un accès réduit à de la nourriture, à des demandes énergétiques accrues et à une baisse des natalités. De la même manière, les phoques utilisent la glace pour se reproduire, pour accoucher et pour se reposer.
Il y a aussi les espèces que nous n’associerions pas nécessairement aux glaces marines, mais qui y sont liées. Certaines populations de loups et de renards sont typiquement reliées entre elles par les glaces marines, sauf durant les mois d’été. Un article rapporte que la durée de séparation de ces populations entre elles pourrait augmenter avec la perte des glaces marines, ce qui pourrait mener à une réduction de leurs croisements et possiblement avoir un effet sur leur bien-être génétique.
Bien sûr, la perte des glaces marines ne touche pas seulement l’Arctique; elle a aussi des conséquences mondiales.