Nous en savons très peu sur les mouvements de ces créatures massives.
NOus en savons encore moins sur les endroits où elles se rassemblent et pourquoi et comment elles choisissent leurs routes de migration, pourquoi elles les changent, parfois graduellement et d’autres fois avec une rapidité étonnante.
Nous ne savons pas, mais nous devrions absolument le savoir, comment les populations mondiales de baleines réagissent aux dangers présentés par les activités humaines comme la pollution chimique et sonore, le trafic maritime, les mines et les forages sous-marins, la pêche commerciale et, bien sûr, l’élévation des températures des océans.
Pourquoi avons-nous besoin de savoir ces choses?
L’une des mesures les plus efficaces que les autorités de protection déploient régulièrement est la réduction de la vitesse des navires, l’arrêt des sources acoustiques dans les zones sensibles et les autres zones de protection marine. Pour assurer le succès de ces mesures, nous devons être capables d’identifier de manière fiable les zones fréquentées par les mammifères marins pour l’alimentation, la communion et la mise bas.
Les lacunes dans nos connaissances sur les baleines canadiennes sont énormes, même en ce qui concerne les espèces les plus communes.
- Nous savons que les baleines bleues entrent dans le golfe du Saint-Laurent chaque été et se nourrissent dans la région de Tadoussac-Saguenay, sur la rive nord. À part ça, nous ne savons pas vraiment où vont ces baleines en voie de disparition.
- Sur la côte ouest, les épaulards résidents du sud, en voie de disparition, chassent le saumon dans la mer des Salish, près de Vancouver, et évoluent sur la côte ouest jusqu’en Californie, mais, à part ça, on sait étonnamment peu de choses sur leur vie ou sur ce qui provoque la diminution de leur nombre.
- C’est aussi le cas des baleines grises. Un groupe d’entre elles se rassemble chaque été pour se nourrir au large de la côte de l’île de Vancouver, mais nous n’avons pas vraiment de renseignements sur leur origine ou leur destination.
- Malheureusement, il en va de même pour les baleines à bosse, un peu plus au nord sur la côte de la Colombie-Britannique. Et, dans les eaux arctiques du Canada, où l’on en sait encore moins sur le comportement des baleines, les changements océaniques se produisent plus rapidement et de manière plus dévastatrice que partout ailleurs.
Une example : Les baleines noire
Les baleines noires du Canada sont un exemple frappant du problème. Dès 2010, il y existait des preuves de changements dans les habitudes d’alimentation et de migration. Les chercheurs de la baie de Fundy avaient remarqué une baisse importante de leur nombre et les premiers travaux de recherche avaient suggéré que la population locale pourrait maintenant se rassembler dans le golfe du Saint-Laurent. Il y avait aussi des preuves que les conflits entre les baleines et les humains étaient de plus en plus fréquents et qu’ils augmenteraient dans le golfe où il existe des activités intenses de navigation et de pêche commerciale.
Malheureusement, l’information n’a pas été prise en compte avant qu’elle ne devienne une urgence au cours de l’été macabre de 2017. C’est à ce moment que les Canadiens ont commencé à entendre des rapports troublants concernant des baleines heurtées par des navires et d’autres se trouvant enchevêtrées et traînant de lourdes lignes et engins de pêche, blessées, fatiguées, affaiblies, leur vitalité et leur force diminuant lentement jusqu’à ce qu’elles meurent. Cet été-là, les Canadiens ont été alarmés par la mort de 12 baleines noires dans les eaux canadiennes, et sept autres mortes dans les eaux américaines, plus au sud. Cet été fut ce que certains experts appellent « un événement de mortalité inhabituel ».
Toute cette destruction d’origine humaine touchait l’une des espèces de baleines les plus étudiées au monde, dont la population ne dépassait pas 350 animaux. Et pourtant, les chercheurs n’arrivent à observer qu’à peine la moitié de la population au cours d’une année donnée. Personne ne sait où va l’autre moitié. Il reste tant à apprendre.
~Sean Brillant, biologiste principal en conservation (programmes marins)
À son crédit, le gouvernement fédéral a agi rapidement cet été-là, collaborant avec de nombreuses pêcheries et des groupes non gouvernementaux pour répondre à la crise, conduisant, parmi plusieurs mesures d’urgence, à la mise en œuvre et à l’application de fermetures de pêches locales et de réductions des captures. Cependant, toute personne impliquée conviendrait qu’il ne s’agissait pas d’une réponse idéale : les mesures étaient ad hoc, et elles avaient été prises après de nombreuses mortalités. De plus elles n’étaient pas idéales en raison de l’impact coûteux de ces limites nécessairement drastiques, soudaines et imprévues sur les communautés locales de pêcheurs et leurs moyens de subsistance. C’est un problème séculaire.
Le gourvernement et les ressources naturelles
En général, il incombe à tout gouvernement de gérer les ressources naturelles de manière durable sur le plan environnemental et économique. Trop souvent dans le passé, la preuve d’un problème de conservation de l’environnement n’a pas été une raison suffisante pour qu’un gouvernement modifie la façon dont les activités humaines sont gérées. Généralement, l’action ne se produit que lorsque le problème atteint des conditions de crise. Le problème avec ce modèle est qu’il dépend de mesures réactives créées sous des pressions extrêmes pour s’attaquer à un problème systémique profondément enraciné, tout en essayant de protéger les moyens de subsistance de ceux qui travaillent dans le secteur. C’est une tâche presque impossible de les concilier à court terme.
Malgré cela, l’impact à long terme de la réglementation fédérale a été positif : au cours de l’année suivante, aucune baleine noire n’a été tuée à la suite d’enchevêtrements ou de collisions avec des navires dans le Golfe, et la pêche dans la zone où les densités de baleines sont les plus élevées est revenue à une activité normale. Cela démontre que non seulement le gouvernement peut agir sur les questions de conservation de l’environnement, mais que ces mesures, lorsqu’elles sont proactives, adaptatives et fondées sur la science, peuvent contribuer à une différence réelle notable. Cependant, il est important de noter que trois baleines noires se sont enchevêtrées en 2018, deux dans le golfe du Saint-Laurent, et qu’en 2019, il y a eu neuf morts et deux enchevêtrements (documentés) dans les eaux canadiennes.
La leçon est claire : des mesures durables et préventives fondées sur des preuves permettront de réduire le risque de mortalité des baleines. Il est également clair que pour que ces mesures soient aussi efficaces que possible, nous devons savoir où se trouvent les baleines.
Signes de progrès
Depuis cet été meurtrier dans le golfe du Saint-Laurent, beaucoup de temps, d’expertise et d’argent ont été consacrés à renverser la vapeur dans la bataille pour la conservation de la baleine noire et des autres baleines dans le Golfe. L’introduction mesurée et planifiée de nouvelles réglementations fédérales en 2018 a peut-être mené à zéro mortalité des baleines noires et à une pêche rentable, même dans les zones où la densité de baleines est la plus élevée.
Cela démontre clairement le potentiel des gouvernements à diriger efficacement la conservation de l’environnement lorsqu’ils agissent de manière proactive plutôt que réactive, et lorsqu’ils mettent en œuvre des plans fondés sur la science, adaptatifs et durables.
Le soutien à l’effort, qui a permis de réaliser des progrès réels, a été fourni par des initiatives comme l’initiative conjointe de Pêches et Océans Canada et du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, « Science pour l’avenir des baleines » offrant un financement de cinq ans (2017), et par le Fonds de la nature du Canada pour les espèces aquatiques en péril (2018), qui a fourni 55 millions de dollars en financement de recherche sur cinq ans. Ce financement et d’autres ont permis d’accroître la recherche sur les baleines et leurs comportements, sur les méthodes de conservation les plus efficaces et sur la façon d’améliorer notre compréhension de ces créatures mystérieuses, c’est-à-dire comment nous pouvons les suivre et les étudier efficacement.
Maintenant que ces programmes sont en fin de mandat, de nouvelles sources de financement doivent être développées. Un travail important a besoin de financement pour continuer.
Ce que VOUS pouvez faire
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Soutenez le Plan d’action marin de la FCF. C’est un plan de conservation majeur conçu pour rendre les océans du Canada plus sécuritaires pour la faune marine. Nous demandons au gouvernement canadien de continuer à investir dans la recherche et les programmes qui peuvent nous aider à mieux comprendre l’aire de répartition et le mouvement des mammifères marins. Pour assurer leur survie, il est essentiel de savoir où sont ces animaux majestueux. Apportez votre voix et aidez-nous à obtenir le soutien dont nous avons besoin pour protéger et conserver les animaux marins.
Apprenez-en davantage sur la baleine noire de l’Atlantique Nord en voie de disparition et le Plan d’action marin de la FCF.