De nombreuses colonies de monarques adultes passent l’hiver le long de la côte californienne.

Sur le bord de l’océan, des dizaines et même des centaines de papillons orange vif se rassemblent et pointillent la végétation côtière. J’ai toujours voulu amener mes enfants voir ce phénomène. Or, les résultats des récentes études indiquent que je dois le faire plus tôt que plus tard.

Nous sommes nombreux à savoir que les monarques passent l’hiver au Mexique. C’est vrai : l’aire d’hivernage mexicain accueille principalement les monarques qui migrent de lieux de reproduction dans le centre et l’est de l’Amérique du Nord.

 

Monarch migration map
Carte migratoire du papillon monarque. Il existe deux migrations distinctes : une dans l’Est et une dans l’Ouest. La migration occidentale se termine sur la côte de la Californie (voir la région en rouge). Map © Xerces Society

Les  Canadiens sont moins bien renseignés sur la migration de la population de l’Ouest. La plupart de ces monarques se reproduisent sur des espèces occidentales d’asclépiades et se rendent aussi loin vers le nord que le sud de la Colombie-Britannique, l’Oregon et l’Idaho. Ils se rassemblent ensuite en centaines de petits groupes dans des forêts le long de la côte du Pacifique, du nord de la Californie jusqu’au Mexique.

Monarchs breed on western species of milkweed as far north as Oregon and Idaho.
Les monarques se reproduisent sur des espèces occidentales d’asclépiades aussi loin dans le nord que le sud de la Colombie-Britannique, l’Oregon et l’Idaho

Au mois de novembre, la majorité des papillons de l’Ouest arrive sur la côte et forme des colonies stables qui dureront jusqu’en février. Chaque année, pendant le Thanksgiving américain, la Xerces Society coordonne des bénévoles pour recenser les populations hivernantes.

Chute considérable de la population

western monarchs on pink flower

Les résultats préliminaires du recensement de 2018 de la population de monarques de l’Ouest sont alarmants.

Le dénombrement du dernier Thanksgiving indique que la population hivernante de la Californie a connu une baisse de 86 % par rapport à l’année précédente, année qui affichait déjà les chiffres historiques les plus faibles.

Dans les années 1980, la côte californienne comptait plus de 4 millions de papillons. Les premières estimations pour 2018 en montrent environ 30 000. Les scientifiques chevronnés, habituellement mesurés dans leurs propos, qualifient ces résultats de « catastrophiques » et de « dévastateurs ».

Pourquoi cette population est-elle en déclin?

Qu’est-ce qui a causé un tel déclin? Les raisons précises de la baisse de 2018 ne sont pas claires, mais la saison ravageuse des feux incontrôlés en Californie combinée aux sécheresses historiques dans l’Ouest pourraient en être la cause.

Wildfires in California
La saison des feux incontrôlés de 2018 a était la plus destructrice dans l’histoire de la Californie. Il y avait quelque 8 527 feux sur une région de 1 893 913 acres (766439 ha).

La gênante vérité est que les monarques partout en Amérique du Nord ont été confrontés à des menaces incessantes au cours des deux dernières décennies. La perte des asclépiades en raison de l’utilisation d’herbicides et de pesticides, l’intensification des cultures et les changements climatiques ont déjà réduit les populations de monarques en Amérique du Nord à des niveaux historiquement bas.

Prédire l’avenir

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Est-ce que les résultats de l’enquête sur la population de l’Ouest sont un signe annonciateur pour la population migratrice de l’Est? Seul le temps le dira.

Tous les févriers, les chercheurs du MonarchWatch estiment la superficie de la région des forêts de sapins du Guatemala occupée par les monarques du centre et de l’est de l’Amérique du Nord qui y hivernent. Cette population a aussi subi un déclin  de 90 % depuis qu’on a commencé à les recenser.   

Nous étions nombreux à avoir observé une hausse du papillon monarque dans l’est du Canada au courant de l’été 2018. Mais la migration pose beaucoup de risques. Les tempêtes tropicales et les sécheresses prolongées pourraient avoir mené à un haut taux de mortalité durant la migration de l’automne. Nous espérons que les résultats de cette année seront positifs.

Rétablissement du papillon monarque

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Nous ne sommes pas prêts à la Fédération canadienne de la faune à nous asseoir sur nos lauriers et à attendre les nouvelles. C’est impensable que cette espèce bien aimée, anciennement abondante, puisse faire face à un avenir périlleux. Avec l’aide de la Fondation Trillium de l’Ontario, la FCF a lancé en 2018 un projet pilote de rétablissement des habitats. Avec d’incroyables partenaires comme Hydro One, le comté de Lanark et la Commission de la capitale nationale, nous rétablissons 10 acres d’habitat de prairie indigène le long des routes et des emprises. Quatre sites sont prêts à la semence de plantes indigènes aux printemps de 2019.

C’est n’est qu’un début. Nous avons l’intention d’accroître l’habitat le long des couloirs linéaires migratoires dans le sud de l’Ontario et au-delà.

Nous devons agir dès maintenant

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Une chose est certaine : le monarque connaît une situation précaire partout en Amérique du Nord. Nous devrons tous agir pour prévenir une nouvelle baisse.

Si nous voulons réussir, nous aurons besoin du travail acharné et de l’engagement de divers ordres de gouvernement, de partenaires industriels, de la communauté agricole et de citoyens privés. C’est la meilleure façon de garantir que nos enfants et petits-enfants pourront être témoins du spectacle de la migration et de l’hivernage du monarque.

Nul temps à perdre

Gardez l’œil ouvert pour des mises à jour sur l’état du papillon monarque et sur le projet de rétablissement des habitats du papillon monarque de la FCF.