C’est le printemps dans le centre de l’Ontario, et les pissenlits ont donc fini leur floraison, en tournoiements.

À partir des tiges porte-graines, les graines duveteuses se disséminent maintenant avec le vent. J’ai vu beaucoup de publications dans les médias sociaux au sujet des pissenlits, de personnes qui les détestent comme d’autres qui leur sont favorables.

Il y a des gens qui considèrent les pissenlits comme des envahisseurs à éradiquer. Certains déploient beaucoup d’efforts pour se débarrasser des pissenlits dans la pelouse et adressent une demande formelle auprès de leur conseil local pour qu’il les élimine sur les terres publiques.

D’autres personnes qui sont pro-pollinisateurs mentionnent que les pissenlits peuvent offrir à des abeilles leurs premières bouchées de nourriture au printemps. Je pense que ce débat a grand besoin de contexte.

 

D’abord, on croit que les pissenlits ont été apportés en Amérique du Nord par des colons européens. Oui, en effet, des humains accordaient beaucoup de valeur aux pissenlits, sur les plans alimentaire et médicinal. Nous avons tous entendu parler de la consommation de feuilles de pissenlit et de la préparation de vin de pissenlits. Il en va de même de la faune : on sait bien que des lièvres et lapins, des chevreuils, des marmottes, des oiseaux et même des ours se régalent des pissenlits. Voilà donc un point favorable à la faune.

Les pissenlits semblent bien pousser et ont des stratégies de vie qui les couronnent de succès. On les trouve dans des sols grandement modifiés et entretenus… aussi appelés pelouses. Jusqu’à ce que la fertilité du sol soit améliorée, et que d’autres plantes y occupent de l’espace, les pissenlits continueront à faire ce qui leur plaît.

Beaucoup d’insectes tirent aussi avantage des fleurs au début du printemps.

Lors de l’aménagement de nos aires de surveillance au bord de routes cette année, les pissenlits étaient remplis de pollinisateurs se régalant des fleurs jaunes. Ces espaces n’ont pas d’autres plantes en fleurs à cette période de l’année.

Il y a des fleurs sauvages de printemps qui s’épanouissent dans la forêt, notamment des trilles et des claytonies de Virginie, mais elles sont trop vulnérables pour pousser sur les bords de routes.

Les pissenlits peuvent offrir tôt de la nourriture à des pollinisateurs, mais n’oublions pas l’autre grande source, plus importante, de nourriture pour les pollinisateurs au printemps : les arbres et les arbustes!

Érables, peupliers, ormes, saules et cerisiers fleurissent tous et offrent du pollen et du nectar en abondance. Certaines de ces espèces peuvent ne pas être compatibles avec les bords de routes ou les espaces sous des lignes de transport d’électricité. Cependant, ces espèces peuvent toutes être plantées dans la cour de votre maison ou dans un jardin municipal si vous voulez aider les pollinisateurs au printemps. Il y a encore d’autres plantes indigènes hâtives qui peuvent être utiles dans votre jardin.

Certains défenseurs, certaines défenseuses des fleurs sauvages disent que nous ne devrions pas promouvoir les pissenlits comme nourriture de début de printemps parce qu’en fait ils ne sont pas très nutritifs pour les pollinisateurs. D’après ce qu’on sait, le pollen de pissenlit a une faible teneur en acides aminés essentiels. Il se peut que ce soit vrai, mais dans certains espaces je soupçonne que les fleurs de pissenlits puissent être la seule source hâtive. Je pense à des endroits très urbanisés comme les villes, des endroits où il pourrait n’y avoir aucun autre type de pollen. Celui des pissenlits pourrait combler alors une lacune. Je ne veux pas non plus que les gens reçoivent comme message qu’ils devraient éradiquer les pissenlits avec des herbicides, car cela peut entraîner des effets négatifs sur les pollinisateurs et sur d’autres plantes. Il faut utiliser les herbicides prudemment; nous en utilisons dans nos projets de restauration comme outil pour donner un avantage aux plantes indigènes.

Alors, en résumé, peut-être que le pollen de pissenlit n’est pas le meilleur qui soit, mais il peut remédier à une lacune et ajouter de la variété aux pollens d’arbustes et d’arbres présents. Les pissenlits ne sont pas près de disparaître, alors apprenons à vivre avec eux et à ne pas les asperger d’herbicides. Concentrez-vous sur les plantes indigènes que vous pouvez planter dans vos jardins et vos collectivités locales. Demandez à votre conseil comment votre municipalité aide les pollinisateurs.

En savoir plus sur les pollinisateurs en action >