Fédération canadienne de la faune est ravie d’annoncer le lancement de la version intégrale de la Base de données sur les obstacles aquatiques du Canada (BDOAC).
Le lancement de l’outil Web de la BDOAC permet aux utilisateurs d’explorer des données sur les obstacles aquatiques et sur l’hydrographie directement de leur navigateur, sans même avoir recours à un logiciel supplémentaire. La version 1.0 de la BDOAC (BDOAC 1.0) lancée le 25 septembre 2022 fournit des données sur tout le Canada, d’un océan à l’autre.
La BDOAC sera d’une grande importance à l’appui des efforts déployés dans les nombreux domaines et secteurs relatifs à la connectivité des eaux douces et aux obstacles aquatiques. La BDOAC vise à centraliser l’information sur les obstacles et la connectivité du Canada dans un endroit qui est facilement et librement accessible.
La Base de données sur les obstacles aquatiques du Canada est un projet pluriannuel financé en partie par Pêches et Océans Canada.
La Base de données sur les obstacles aquatiques du Canada est aussi financée en partie par la RBC Fondation en soutien à Techno nature RBC.
Qu’est-ce que la connectivité des cours d’eau douce?
La connectivité des cours d’eau douce, c’est la capacité de circuler librement qu’ont les poissons, les autres espèces aquatiques, les nutriments et l’énergie dans les écosystèmes d’eau douce (c’est-à-dire les rivières, les lacs et les zones humides) sans être freinés par des perturbations physiques causées par des obstacles. La connectivité est essentielle au maintien de processus, comme ceux de la migration des poissons vers des habitats qui sont primordiaux au cycle de la vie, de la répartition de sources de nourriture et de nutriments dans le système et de la régulation de la température de l’eau. Malheureusement, il se trouve que les obstacles aquatiques perturbent ces processus dans plusieurs écosystèmes d’eau douce du pays et isolent des sections de cours d’eau, de rivières et de lacs. Dans les dernières décennies, la connectivité des cours d’eau douce au Canada a grandement dépéri et est considérée comme une menace pour les nombreuses espèces aquatiques en péril.
Qu’est-ce qu’un obstacle aquatique?
Toute structure qui perturbe la connectivité des écosystèmes d’eau douce est considérée comme un obstacle aquatique, qu’elle soit naturelle ou créée par l’homme. Du point de vue de la conservation, on considère qu’il y a un obstacle aquatique en fonction de ses effets sur les passages à poissons, c’est-à-dire qu’on s’interroge sur la possibilité qu’ont les espèces aquatiques à circuler librement au-delà de la structure. Il est toutefois aussi important de tenir compte des autres processus écosystémiques qu’affectent les obstacles aquatiques. Certains éléments, comme les chutes d’eau, peuvent naturellement rompre les cours d’eau et les rivières. Si leur taille est suffisamment grande, il est possible qu’ils aient toujours bloqué la migration des poissons. En général, ces éléments ne comptent pas parmi les obstacles qui sont examinés en vue d’un rétablissement des passages à poissons. Les infrastructures, telles que les barrages et les franchissements de cours d’eau (c’est-à-dire l’emplacement où une route ou une voie ferrée traverse un cours d’eau), sont des éléments artificiels qui sont construits et qui détachent d’importantes sections des systèmes d’eau douce. Les efforts de restauration au Canada prennent de plus en plus ces structures comme cibles pour améliorer les passages à poissons et la connectivité.
Quels effets ont les obstacles aquatiques sur les écosystèmes d’eau douce?
La plupart des obstacles aquatiques créés par l’homme sont d’importantes infrastructures qui revêtent une grande portée économique et sociale. Seulement, ces structures entraînent bien souvent des conséquences écologiques sur les cours d’eau et les rivières. Les barrages, par exemple, limitent le volume d’eau dans ces systèmes, perturbent le déplacement en aval des nutriments et des sédiments, et modifient la température et la structure des plans d’eau. Les franchissements de cours d’eau qui sont mal conçus et mal installés – généralement des ponceaux – peuvent devenir surélevés, créer des obstacles au débit de l’eau, puisque l’eau n’a d’autre choix que de s’écouler dans un tuyau étroit, et mener à une accumulation de l’eau en amont de la structure. Nos espèces d’eau douce ont évolué de manière à utiliser les cours d’eau et les rivières pour se déplacer sur de longues distances à destination d’importants habitats de frai et d’alevinage. Si l’on ne tient pas compte des passages à poissons dans la conception de ces structures, elles bloqueront assurément les déplacements des poissons et des autres espèces. Les barrages peuvent être construits en y intégrant des passes migratoires, c’est-à-dire des structures artificielles qui sont conçues pour permettre aux poissons de franchir librement les barrages. De même, il est possible que les franchissements de cours d’eau prennent la forme de ponts à travée unique plutôt que de ponceaux pour éviter de séparer les ruisseaux et les rivières. Dans bien des cas, ces infrastructures n’ont plus leur utilité et peuvent être retirées. L’évaluation des projets potentiels de restauration d’obstacles demande qu’une comparaison des coûts sociaux et économiques et des gains écologiques pouvant survenir soit réalisée afin de veiller à ce que les ressources soient utilisées dans un contexte qui optimise la connectivité.
Comment une base de données nationale peut-elle aider les poissons et les autres espèces?
Nous savons que les obstacles aquatiques sont répandus au Canada, qu’il est nécessaire de les éliminer pour restaurer le lien entre les écosystèmes d’eau douce et l’accès aux habitats vitaux, et que les projets de restauration demandent de grands investissements. Cependant, d’importantes questions restent encore sans réponse : « Combien d’obstacles retrouve-t-on au Canada? Quelle est la superficie des habitats qui est inaccessible aux poissons et aux autres espèces? Comment pouvons-nous déterminer la priorité des obstacles à restaurer et optimiser les avantages que cela conférera aux espèces? » Nous avons besoin d’une source d’information complète pour répondre à ces questions, et c’est là qu’entre en jeu la Base de données sur les obstacles aquatiques du Canada (BDOAC). La BDOAC permettra à la FCF et à d’autres organisations du Canada d’évaluer et de rendre compte de l’état de la connectivité des habitats, en plus d’influencer les décisions de gestion et de réglementation se rapportant à la construction et à la gestion d’infrastructures. Elle contribuera également à la planification de la restauration des obstacles et à la définition des priorités des projets visant à améliorer la connectivité et les passages à poissons pour les espèces essentielles. De plus, elle influencera les initiatives de recherche et de surveillance qui cherchent à mieux comprendre les effets qu’ont les obstacles sur les écosystèmes d’eau douce et sur les espèces qui y vivent. La BDOAC offrira par la même occasion un forum national d’échange de ressources, de meilleures pratiques et de réussites pour soutenir l’éducation et la sensibilisation du public.
Alors, qu’est-ce que la BDOAC?
La BDOAC est un dépôt central et organisé de données ouvertes et standardisées sur les obstacles et la connectivité au Canada.
La BDOAC 1.0 présente actuellement les quatre types de données suivants :
- Barrages
- Chutes d’eau
- Passes migratoires
- Réseaux hydrographiques (ruisseaux et rivières) (à venir)
La BDOAC 1.0 est-elle un ensemble de données parfait? Non! Des données sont manquantes à nos ensembles de données. Certaines structures ne sont pas répertoriées et nous devons ajouter les caractéristiques manquantes à la plupart des points de données existants. Dans le cadre de la BDOAC 1.0, nous avons compilé des données géographiques de sources existantes et nous les avons dédupliquées, géolocalisées et standardisées selon la structure de données utilisée pour la BDOAC, en plus de cartographier leurs caractéristiques (c.-à-d. introduire et attribuer des caractéristiques de diverses sources aux points de données concernés). Ainsi, bien qu’ils ne soient pas parfaits, les ensembles de données de la BDOAC constituent la source d’information la plus complète qu’il existe sur les barrages, les chutes d’eau et les passes migratoires du Canada.
Au fur et à mesure que la BDOAC sera mise au point, les utilisateurs pourront accéder aux renseignements dont ils ont besoin sur les obstacles et la connectivité en consultant une seule source. Ils n’auront plus à trouver ni à recueillir des données de diverses sources par eux-mêmes, ce qui leur permettra de gagner du temps et d’économiser en ressources. En plus des quatre types de données actuellement répertoriés, nous prévoyons de commencer la collecte de données sur les obstacles de franchissement de cours d’eau au Canada en 2022. Consultez notre site Web pour en apprendre davantage sur le projet.
Comment accéder à la BDOAC?
L’outil Web est accessible à partir de n’importe quel navigateur en visitant l’adresse suivante : aquaticbarriers.ca. Il est offert en anglais pour l’instant, mais une version en français sera lancée à l’automne ou l’hiver 2022.
L’interface cartographique Web permet :
- d’explorer les données relatives aux obstacles;
- de passer d’un mode de visualisation de carte de base standard à une imagerie satellite;
- de cliquer sur les points représentant les obstacles et les passes migratoires pour explorer leurs caractéristiques;
- d’afficher les couches en filtrant les données en fonction de la géographie (p. ex., par province ou par bassin versant) ou des caractéristiques (p. ex., par l’utilisation du barrage);
- de télécharger les données relatives aux obstacles et aux passes migratoires dans divers formats (fichier de formes, GeoPackage, KML et CSV);
- de voir les sources de données utilisées (jusqu’à maintenant) pour créer la BDOAC.
Pour obtenir plus d’information sur l’utilisation de l’outil Web de la BDOAC et sur l’accès aux données, consultez le site de documentation de la BDOAC (en anglais seulement) ou communiquez avec nous.
Comment a été créée la BDOAC?
La FCF s’est longuement entretenue avec des utilisateurs potentiels de divers secteurs et domaines de l’ensemble du Canada, dont tous les paliers de gouvernement, d’ONG, de groupes locaux et communautaires, et du secteur. Ce processus d’engagement a permis de répondre aux principales questions que nous avions sur la valeur qu’apporterait une base de données nationale sur les obstacles à la connectivité des cours d’eau douce.
Le lancement de la BDOAC 1.0 marque la réalisation de la première phase du projet, où la FCF a collecté et standardisé des ensembles de données existants relatifs aux obstacles en une seule base de données. Pour ce faire, nous avons accédé à des ensembles de données librement accessibles et nous avons conclu des ententes bilatérales de partage des données avec des fournisseurs de données. À ce jour, nous avons compilé une centaine d’ensembles de données sur des barrages, des chutes d’eau et des passes migratoires. Les techniciens de la FCF examinent chacun des obstacles afin de supprimer les doublons, d’accroître la précision de leur emplacement et d’attribuer des caractéristiques provenant de plusieurs sources à un seul point de la BDOAC. Pour connaître la liste intégrale des sources de données utilisées, veuillez consulter la page des sources de données (en anglais).
Les réseaux hydrographiques contiennent des données sur les ruisseaux, les rivières et les lacs qui proviennent du Réseau hydrographique national (RHN). En s’appuyant sur le logiciel ouvert créé par Ressources naturelles Canada, la FCF a continué de développer les outils et les services du Common Hydrology Features (ChyF) pour établir des réseaux soignés, reliés, prêts pour l’analyse et favorables à la modélisation de la connectivité et de l’hydrologie. Il n’est pas possible à l’heure actuelle de télécharger les réseaux hydrographiques à partir de l’outil Web. Toutefois, si vous souhaitez obtenir les données, vous pouvez communiquer avec nous.
Les données de la BDOAC sont mises à la disposition de tous grâce à la licence de source libre CC BY-SA 4.0.
Quelle est la prochaine étape?
Nous continuons de traiter de nouvelles données, mais pour l’instant, voici ce que contient la BDOAC :
- Plus de 36 000 barrages et structures connexes
- Plus de 22 000 chutes d’eau
- Plus de 400 passes migratoires
Les prochaines grandes étapes sur lesquelles nous travaillons :
Commencer la deuxième phase de la population de la BDOAC
Vous avez sans doute remarqué que les caractéristiques de plusieurs obstacles de la BDOAC sont manquantes ou que le terme « inconnu » y est apposé. Il y a deux raisons à cela :
- La série de caractéristiques se rapportant aux barrages, aux chutes d’eau et aux passes migratoires a été créée durant le processus d’engagement comme une liste idéale des renseignements pouvant être utiles aux utilisateurs pour chacun des obstacles; nous étions conscients que nous devrions obtenir les caractéristiques manquantes au fil du temps.
- Les caractéristiques présentées pour chacun des obstacles proviennent des sources d’ensembles de données utilisées. S’il n’existe aucun renseignement sur une caractéristique précise d’un obstacle dans une autre source de données, la caractéristique restera sans valeur dans la BDOAC.
C’est là où nous passons à la deuxième phase! Nous travaillons fort pour ajouter les données manquantes en étudiant des sources de données non spatiales (p. ex., des rapports, des études scientifiques, des sites Web) qui pourraient contenir des renseignements complémentaires sur les structures. Combler ces lacunes en matière de données représente une tâche énorme, et c’est la raison pour laquelle nous espérons obtenir l’aide de la population canadienne! Nous travaillons actuellement à la création de nouveaux outils qui permettront aux utilisateurs de soumettre de l’information à partir de l’outil Web de la BDOAC. En attendant, vous pouvez consulter la page Soumettre de nouvelles données (en anglais seulement) ou vous pouvez communiquer avec nous pour découvrir comment nous aider. Nous allons régulièrement mettre en ligne les données actualisées des nouveaux renseignements. Surveillez les annonces à venir sur les prochaines mises à jour!
Commencer la collecte de données sur les franchissements de cours d’eau
La BDOAC 1.0 représente un grand pas vers l’atteinte des données qui sont nécessaires au soutien de la conservation de la connectivité et aux projets de restauration des passages à poissons. Cependant, il ne faut pas oublier que les barrages ne sont qu’un exemple des structures conçues par l’homme qui divisent les écosystèmes d’eau douce au Canada. Les barrages constituent, pour la plupart, des obstacles majeurs à la connectivité, mais ce ne sont pas les seuls : les structures de plus petite taille, notamment les franchissements de cours d’eau (p. ex., les traversées routières et ferroviaires ou les passages de sentiers), dont on compte plus d’un million au pays d’ailleurs, s’accumulent et, en raison des effets cumulatifs de leur quantité, posent d’importants problèmes à la connectivité des cours d’eau douce. Dans le cadre de la prochaine phase de la BDOAC, la FCF cherche à intégrer les franchissements de cours d’eau à la base de données. Elle compte y parvenir en créant une structure de données standardisées et en compilant les données de sources existantes. La FCF continuera de collaborer avec des partenaires, des parties prenantes et des parties intéressées dans le but de veiller à ce que les données relatives aux franchissements de cours d’eau soient utiles et accessibles aux professionnels du pays.
Créer une boîte à outils sur la connectivité aquatique
Nous avons l’intention, dans les prochaines années, de rassembler les outils et les ressources utilisés, ainsi que les pratiques exemplaires du secteur de la connectivité aquatique en une boîte à outils pour aider les utilisateurs et les professionnels dans leurs travaux. Des réussites en matière d’élimination d’obstacles y seront présentées afin d’inspirer et d’éclairer les projets.