C’est le dernier jour de la Semaine des rivières aux océans et nous espérons que vous connaissez maintenant les défis auxquels nos plans d’eau sont confrontés et comment nous sommes liés à ces milieux aquatiques, quel que soit notre lieu de résidence au Canada.
Alors que les gens utilisent des pesticides depuis l’an 1000 av. J.-C. (comme du soufre pour lutter contre les champignons), les produits chimiques les plus nocifs et les plus systémiques sont produits depuis les années 1800.
Le DDT a été l’un des premiers insecticides modernes, initialement utilisé pour lutter contre les maladies transmises par les insectes pendant la Seconde Guerre mondiale. Après la guerre, il est devenu le pesticide le plus utilisé dans le monde. Malheureusement, ce pesticide s’est avéré incroyablement nocif pour la santé de divers animaux, dont le faucon pèlerin, car il provoquait l’amincissement des coquilles d’œufs. Bien que le DDT ait été progressivement éliminé au milieu des années 1970, en partie grâce au travail de plaidoyer de la FCF, son héritage demeure. Le DDT reste présent dans nos lacs et nos rivières, et il s’est également infiltré dans les écosystèmes marins. Les dauphins, les pélicans et les otaries font partie des espèces qui souffrent de ce polluant.
Les néonicotinoïdes ont été introduits au cours des 40 dernières années, parce que de nombreux insectes devenaient résistants aux pesticides courants. Ils sont désormais les pesticides les plus couramment utilisés dans le monde, sur des aliments comme le blé, le maïs, le soja, les pois, les haricots, les fruits et les légumes. Ils sont appliqués sous forme d’enrobage de semences, dans des solutions de sols ou des pulvérisations sur les feuilles et les tiges. Mais seule une petite partie de leurs principes actifs est absorbée par les plantes qu’ils sont censés protéger. Le reste est retenu dans les sols et l’eau pendant des périodes allant de plusieurs mois à plusieurs années.
L’usage généralisé des néonicotinoïdes a pour première conséquence la contamination des sols des cultures traitées. Lorsqu’il pleut, les résidus de ces pesticides sont transportés dans les cours d’eau et deviennent des contaminants courants des eaux de surface dans le monde entier. Dans les habitats aquatiques, ils présentent des risques pour les invertébrés qui n’étaient pas intentionnellement ciblés et sont particulièrement mortels pour les prédateurs d’invertébrés comme les punaises d’eau et les libellules. Lorsque des communautés entières d’organismes aquatiques sont perturbées par la réduction des prédateurs, les espèces-proies peuvent se multiplier rapidement et le cycle des nutriments (c’est-à-dire leur circulation entre les êtres vivants, dans la terre puis dans l’atmosphère) s’en trouve réduit. Les néonicotinoïdes sont moins toxiques pour les poissons et les amphibiens, bien qu’il ait été démontré que l’imidaclopride (une classe de néonicotinoïdes) en particulier endommage l’ADN des poissons, avec des effets potentiels sur la reproduction et l’apparition de cancers.
Les éclosions d’insectes aquatiques sont également très importantes pour les insectivores aériens, comme les oiseaux et les chauves-souris. À ce moment-là, les insectes passent du stade de nymphe ou de pupe à celui d’adulte, et remontent à la surface de l’eau pour prendre leur envol. Malheureusement, cette étape est également affectée par les néonicotinoïdes. Les oiseaux et les chauves-souris qui se nourrissent d’insectes aquatiques au moment de leur éclosion sont directement touchés par la charge toxique (accumulation de ces produits chimiques nocifs dans leur corps). L’utilisation généralisée des néonicotinoïdes signifie une moindre éclosion d’insectes aquatiques, avec des conséquences négatives pour les oiseaux et les chauves-souris qui dépendent de cette riche source de nourriture.
En bordure des habitats aquatiques contaminés, les résidus de pesticides dans les plans d’eau ont également un impact sur les espèces terrestres dont l’alimentation est principalement ou uniquement constituée d’insectes. La disparition des insectes a été reliée au déclin généralisé des oiseaux des marais, des prairies et des rivages. Les néonicotinoïdes sont également un facteur plausible du déclin des oiseaux des prairies et des terres agricoles, et sont globalement responsables de millions de décès d’oiseaux chaque année. Les chauves-souris sont elles aussi directement affectées par l’épuisement de leurs proies (toutes les chauves-souris canadiennes sont insectivores), ainsi que par les pulvérisations foliaires et les résidus de pesticides présents sur les insectes qu’elles consomment.