Des chercheurs et chercheuses ont cartographié l’ampleur exacte de la perte d’habitat pour les saumons dans le bas Fraser
La vallée du Fraser abrite l’une des aires de frai les plus importantes et les plus productives pour le saumon du Pacifique (coho et quinnat) au Canada.
Les saumons du Pacifique naissent en eau douce et entreprennent de longues migrations pour se nourrir en eau salée et atteindre l’âge adulte. Après quelques années dans l’océan, les saumons nagent de nouveau vers le fleuve Fraser et utilisent leur sens aiguisé de l’odorat pour retrouver leurs sites de naissance et frayer. Le cycle de vie du saumon se termine après le frai, où leurs corps riches en nutriments continuent de fournir des ressources pour les écosystèmes à l’intérieur des terres. Leur capacité à remigrer et à achever leur cycle de vie dans le fleuve Fraser joue un rôle particulièrement vital dans la chaîne alimentaire locale de 137 espèces qui dépendent du saumon.
Les saumons sont également des éléments précieux de la culture autochtone, ainsi que pour les pêches commerciales et récréatives d’une grande valeur économique au Canada.
Quel est le problème?
La perte d’habitat. Des chercheurs et chercheuses ont déterminé que le saumon du Pacifique a perdu près de 85 pour cent de son habitat d’origine. « Seuls environ 101 kilomètres carrés sur une superficie estimée de 659 kilomètres carrés de plaines inondables historiques demeurent accessibles aux saumons », indique Riley Finn, auteur principal et associé en recherche au sein du Conservation Decisions Lab de la faculté de foresterie de l’UBC.
Les menaces multiples ne s’arrêtent cependant pas là. 1 200 obstacles, dont des barrages, des vantelles d’écluse et des ponceaux de route, empêchent les saumons migrateurs d’accéder à plus de 2 200 kilomètres de ruisseaux pour frayer.
Une autre menace sérieuse récemment découverte au cours des deux dernières années est que le taux de mortalité des saumons femelles est actuellement plus élevé que celui des mâles. Pour chaque saumon mâle qui ne peut revenir à son ruisseau natal (en raison de la perte d’habitat et des obstacles), deux à trois saumons femelles meurent. Ce phénomène a une incidence importance au niveau des ratios de sexe sur les aires de frai de cette espèce. Jusque dans les années 1990, les femelles surpassaient en nombre les mâles sur les aires de frai.
Des facteurs, comme des éléments de stress environnementaux, comme des conditions de migration difficiles, la température de l’eau, des turbulences et même le fait d’être manipulés puis relâchés représentent tous des évènements perturbateurs qui ont un impact et limitent la capacité des femelles à revenir sur leurs aires de frai afin de terminer leur cycle de vie.
Que pouvons-nous faire?
La recherche suggère une approche en plusieurs étapes consistant à :
- enlever les obstacles principaux dans les zones hautement prioritaires;
- adapter les taux de pêche pour protéger les saumons femelles;
- prévoir une protection et une restauration de l’habitat à grande échelle;
- organiser davantage de recherches pour comprendre les différents taux de mortalité du saumon.
La Fédération canadienne de la faune (FCF) joue un rôle de premier plan dans la conception de la Base de données sur les obstacles aquatiques du Canada (BDOAC), qui contribuera aux efforts de conservation consacrés à l’amélioration de la connectivité des cours d’eau douce au Canada. Cette dernière aidera les décisionnaires de tous les secteurs à évaluer la gestion et la restauration pour faciliter le passage des poissons.