J’étais nerveuse à la pensée d’une expédition en canoë et de portage de 14 jours comme première expérience dans l’arrière-pays.
Mais ce fut bientôt un extraordinaire voyage plein de premières pour moi : expédition en canoë, portage et acquisition de compétences liées au plein air.
Nous avons d’abord reçu des leçons de secourisme en tandem et, incidemment, ma partenaire de canoë, Lena, et moi avons été choisies pour faire les démonstrations. L’excitation a pris le dessus sur les nerfs, et ce ne fut pas long que nous nous sommes retrouvées dans l’eau. Après avoir appris à secourir les autres, nous étions en route vers le plus ancien parc provincial du Canada, le parc provincial Algonquin.
Au début…
Notre expédition débuta dans un magnifique ruisseau sinueux. Durant notre trajet, nous avons aperçu un rat musqué, quelques femelles colverts et un héron bleu. À la fin du ruisseau, nous avons fait notre premier court portage. Il nous semblait difficile…nous n’étions pas encore endurcis.
Nos portages étaient agrémentés de champignons aux vifs tons de rouge, de jaune et de vert. S’amalgamaient aux belles couleurs les paroles encourageantes des passants. Si ce n’étaient de ces moments de motivation, je ne crois pas avoir pu finir ce portage interminable de trois kilomètres notre troisième journée d’expédition. Nous étions réellement une excellente équipe d’étrangers qui travaillaient ensemble sans heurts.
Nos soirées étoilées étaient remplies de conversations et de rires autour du feu de camp. Le matin, on pouvait s’attendre à de magnifiques levers de soleil, aux chants de huards et aux hurlements de loups. Quelle sérénité!
Puisque j’ai habité sur la côte les six dernières années, je me trouvais à chercher des espèces marines, alors que je savais très bien que je me retrouvais près de superbes lacs. À ma surprise, une journée qui m’était particulièrement difficile, j’ai vu quelque chose de gélatineux dans l’eau. Des cténaires? « Mais ça ne se peut pas, » me suis-je dit. J’ai regardé de plus près et j’ai trouvé une dizaine de ces organismes de la grosseur d’un dix cents. Il s’agissait de méduses d’eau douce, Craspadecusta sowerbii. C’était incroyable! J’appris par la suite que ces méduses sont une espèce envahissante.
Nous avons accepté et relevé tous les défis émanant de l’expédition.
Les Fourtagers
Au fur et à mesure que les jours s’écoulaient, nous gagnions en vitesse et en efficacité. Quatre portages en une journée? Pas de problème! Naturellement, nous nous appelions les Fourtagers. Nous avons même réussi à finir deux heures plus tôt que prévu cette journée-là, ce qui nous était tellement valorisant en tant qu’équipe. À partir de ce moment, j’avais presque hâte aux portages.
La dernière journée du voyage, avec l’aide des Fourtagers et de deux Fourtagers honoraires (nos excellentes guides, Bri et Holly), j’ai tenté de porter seule un des canoës les plus lourds; un canoë d’eau vive rouge. Je me sentais comme si je me préparais mentalement à cette épreuve depuis longtemps. Et j’ai réussi!
De l’autre côté du portage se trouvait un ourson noir qui jouait sur la berge. Comme nous pagayons vers la ligne d’arrivée dans le même ruisseau sinueux du début, nous réfléchissions au chemin que nous avions fait individuellement et comme équipe. Ça me semblait irréel que ce voyage inspirant tirait à sa fin, mais j’étais motivée et prête à relever tous les défis les plus difficiles qui pouvaient se présenter à moi.