Il y a plus de 50 ans, le Canada a interdit l’utilisation de l’insecticide DDT.
La FCF a fait partie du mouvement qui a demandé que cet insecticide soit banni, car le produit chimique était lié à l’amincissement des œufs du faucon pèlerin et d’autres espèces. Qu’avons-nous appris de l’histoire de cet oiseau?
Le programme emblématique Faune et flore du pays de la FCF a suivi le déclin de ce faucon. « Les faucons pèlerins se trouvent à l’extrémité de la chaîne alimentaire, et bien que cette position leur assure peu d’ennemis et une longévité appréciable, elle comporte des inconvénients. En effet, puisque leurs proies s’alimentaient de graines ou d’insectes contaminés, les prédateurs étaient exposés à des taux de contamination beaucoup plus élevés que ces proies, des taux qui ne se trouvent ni dans l’air, ni dans l’eau. Or, de telles concentrations ont nui à la reproduction en entravant le comportement des couples, la formation des coquilles et l’éclosion. Le taux de reproduction de cette espèce était donc affecté, ce qui a entraîné le déclin des populations. »
On a restreint l’utilisation du DDT au Canada en 1969 et aux États-Unis en 1972, en partie à cause de son effet sur le déclin des populations de faucons pèlerins. « Néanmoins, les faucons du Canada ont probablement continué d’être contaminés dans leurs aires d’hivernage en Amérique centrale et en Amérique du Sud » selon Faune et flore du pays.
Des toxines en profondeur
Des études récentes ont démontré que d’infimes quantités de DDT sont toujours présentes dans nos lacs et rivières. En Californie, une décharge de DDT a été découverte dans l’océan Pacifique. Les effets sur les écosystèmes marins sont alarmants. Les dauphins, les pélicans et les otaries sont parmi les animaux qui souffrent d’être exposés à ces polluants hérités. En outre, ce ne sont pas les seules toxines dans l’écosystème.
Vous vous souvenez des BPC? En combinant du carbone, de l’hydrogène et du chlore pour former des liquides de refroidissement et d’autres composants électriques, nous avons créé des polluants organiques persistants (POP) qui sont encore présents en infimes quantités dans certains oiseaux et d’autres espèces bien qu’ils aient été interdits il y a 40 ans. Selon Faune et flore du pays, ces produits chimiques toxiques se sont infiltrés dans les milieux écosystémiques des quatre coins du monde, et leurs répercussions se font sentir sur des espèces appartenant à tous les niveaux trophiques.
« Les épaulards migrateurs qui vivent au large de la Colombie-Britannique constituent à ce jour la population de mammifères marins les plus contaminée par les POP dans le monde, et les épaulards résidents ne sont pas loin derrière, » explique la Faune et flore du pays. « Les chercheurs ne savent pas encore quelles seront, en dernière analyse, les conséquences d’une telle exposition des épaulards, mais des études menées ailleurs montrent que, chez les phoques exposés à des déchets toxiques dans une mesure semblable, le risque de maladie et perturbation de la reproduction est plus élevé. »
Le prochain polluant problématique
La FCF s’inquiète que les néonics soient le prochain polluant hérité. Ils sont hautement solubles et toxiques pour les pollinisateurs sauvages. Les chercheurs estiment que ces produits chimiques peuvent demeurer dans l’environnement pendant jusqu’à 30 ans. La FCF est déçue de la décision récente de Santé Canada de ne pas interdire l’utilisation des néonics . Plutôt, le gouvernement fédéral a décidé d’étiqueter les produits contenant l’insecticide et de laisser le public décider du type d’avenir qu’il veut laisser à l’environnement.
Un tout nouveau problème
Santé Canada est récemment revenu sur sa décision d’interdire progressivement les néonics thiaméthoxame et clothianidine. Si la logique derrière cette volte-face vous laisse perplexe, vous n’êtes pas seul. La FCF s’inquiète que de nombreuses abeilles sauvages ne pourront plus s’orienter pour revenir chez elles si elles continuent d’ingérer ce produit chimique à base de nicotine. Et de nombreuses autres espèces seront aussi touchées, dont les insectes aquatiques, les chauves-souris et les oiseaux.
Quelle mouche t’a piqué?
Au Canada, les néonics sont appliqués comme traitement sur la majorité des graines de maïs et de colza et sur certaines graines de soya. On épand aussi cet insecticide sur certaines cultures de fruits, de légumes et de baies. Les trois principaux néonics sont bannis dans la majorité de l’Europe depuis 2013. En 2018, Santé Canada partageait les préoccupations de la FCF à savoir que les néonics puissent s’infiltrer dans les cours d’eau à partir du sol et nuire à certains insectes aquatiques, dont le moucheron et l’éphémère commune. La FCF est aussi alarmée par des études américaines qui démontrent que des chauves-souris en hibernation emmagasinent des néonics des insectes qu’elles consomment. La FCF a produit un rapport technique qui résume les effets potentiels des néonics sur les chauves-souris.
L’Environmental Protection Agency des États-Unis a conclu que les traitements de néonics n’offrent peu ou pas d’avantages par rapport à la culture du soya. Des données démontrent que dans la majorité des cas, il n’y a aucune différence entre les récoltes de soya traité aux néonics et les récoltes qui n’ont pas été traitées du tout. La FCF est d’avis que le coût environnemental est plus élevé que les avantages offerts par l’utilisation de néonics.
Graines de savoir
Si vous achetez des graines ou des plantes, vérifiez si elles sont traitées ou non avec des néonics et joignez-vous à nous en choisissant de prévenir plutôt que de guérir en évitant ces produits. La FCF a créé des ensembles de plantes qui sont certifiés sécuritaires pour la faune. Les consommateurs canadiens peuvent donc chercher ces produits dans les centres de jardinage. Les gestionnaires d’emprises peuvent se joindre au réseau d’habitats sur des emprises et aider à rétablir des prés pour les pollinisateurs indigènes comme solution de rechange au fauchage et à la pulvérisation d’insecticides. En travaillant ensemble, nous pouvons laisser un patrimoine d’habitats sains plutôt qu’un legs de pollution.