Les nuits d’hiver peuvent sembler calmes, comme si rien ne bouge. Pourtant, derrière ce silence, la faune déploie des stratégies étonnamment habiles (et étonnamment discrètes).

Découvrons quatre des créatures les plus furtives du Canada et glissons doucement dans leur univers pour voir ce que le silence peut nous apprendre.

Hiboux et chouettes : vol silencieux

Chouette rayée (Strix varia) perchée sur un lampadaire en C.-B. ©Getty

Aucun animal n’incarne le silence aussi bien que les hiboux et les chouettes. Ces oiseaux mystérieux planent dans les forêts givrées sans produire le moindre son. De minuscules franges le long de leurs plumes fragmentent l’air à mesure qu’ils volent, atténuant la turbulence qui générerait normalement du bruit. Résultat : un vol presque silencieux qui permet à ces chasseurs hors pair de surprendre des proies inattentives en se fiant à leur ouïe exceptionnelle. Ce vol silencieux leur donne l’avantage lorsqu’ils chassent durant les nuits hivernales.

L’art de nager sans faire de bruit

lake trout underwater
©Getty

Les poissons ne sont pas vraiment connus pour être bavards, mais de nouvelles recherches ont révélé que les bancs de poissons sont encore plus silencieux qu’on pourrait le croire. Lorsque les poissons nagent ensemble, ils peuvent en fait annuler leur propre bruit! En alternant les mouvements de leur queue plutôt qu’en nageant parfaitement à l’unisson, un groupe de maquereaux, par exemple, produit moins de bruit qu’un seul poisson nageant seul. C’est peut-être l’une des raisons pour lesquelles les poissons se regroupent en bancs. Leur travail d’équipe sous l’eau les dissimule non seulement aux prédateurs, mais les aide aussi à glisser plus rapidement en dépensant moins d’énergie. Ces nageurs discrets prouvent que rester silencieux est une véritable stratégie de survie.

Renard roux : le chasseur furtif de l’hiver

Megan Lorenz, Algonquin Park, ON
Renard roux (Vulpes vulpes) observant l’étendue enneigée. © Megan Lorenz | Club photo de la FCF

Alors que les poissons comptent sur le silence pour se cacher, les renards l’utilisent pour chasser. Par une froide nuit d’hiver, un renard roux s’arrête net, les oreilles dressées, à l’affût du moindre bruit sous la neige ou les feuilles. Leur excellente vue, leur odorat affûté et leur ouïe ultrasensible leur donnent un sérieux avantage lorsqu’ils chassent. Parfois, le simple frémissement d’une oreille suffit à repérer un lapin tapi.

Tu imagines la scène classique du renard qui bondit dans une épaisse couche de neige? Il s’agit d’une technique de chasse fréquente, utilisée après avoir attendu patiemment le bruit d’une petite souris se déplaçant sous la neige. Pour le renard, rester silencieux est la clé d’une chasse réussie.

Lynx du Canada : le traqueur sur raquettes

Troupe de lynx du Canada (Lynx canadensis) avançant à pas feutrés sur la neige. © Jean Simon-Begin | Club photo de la FCF

S’il existait une médaille d’or olympique pour les pas furtifs, le lynx du Canada la remporterait sans hésiter. Ses énormes pattes couvertes de fourrure ne sont pas seulement adorables – elles agissent comme des raquettes intégrées, permettant au lynx de se déplacer sur la neige profonde sans faire le moindre bruit.

En hiver, la chasse demande patience et précision. Le lynx se nourrit presque exclusivement de lièvres d’Amérique et se fie à sa vue perçante et son ouïe fine pour trouver ses proies plutôt que sur l’odorat. Comme il ne peut pas sprinter très longtemps, il excelle dans l’art de traquer et d’embusquer : chaque pas compte dans ce jeu hivernal de cache-cache.

La beauté du silence

La neige recouvre généreusement les conifères. ©Getty

Des forêts aux océans, le silence est bien plus qu’une absence de son : c’est une stratégie de survie finement perfectionnée. C’est le calme qui permet aux prédateurs de chasser et aux proies de se dissimuler, la quiétude qui enveloppe les paysages nordiques lorsque le vent s’arrête et que la neige se met à tomber.

Alors, la prochaine fois que vous vous retrouverez dehors par une froide nuit d’hiver, prenez un moment pour écouter. Si vous n’entendez absolument rien, n’allez pas croire que la forêt est vide. Quelque part dans ce silence, la nature est bel et bien éveillée, se déplaçant doucement dans les ombres d’une nuit de paix.