Dans l’un de mes épisodes préférés de Star Trek (la série télé), l’équipe de l’Enterprise rencontre une forme de vie extraterrestre déroutante.
Il s’agit d’une forme indistincte faite de silice, et non de carbone, et différente de tout ce que l’équipe avait rencontré auparavant. Évidemment, une personne en uniforme rouge lui tire dessus avec un phaseur et lui cause ainsi une plaie qui palpite. Lorsqu’on lui demande de sauver cette créature par ailleurs paisible à l’aide d’un bandage qui ressemble à du ciment, Bones, le médecin du vaisseau, prononce cette parole immortelle : « Jim, je suis médecin, pas maçon ». Un classique.
C’était probablement la première fois que je réfléchissais à l’importance du carbone dans nos vies. Nous sommes faits de carbone, tout comme l’ensemble du monde vivant connu. Nous n’existerions pas sans lui et, ces temps-ci, tout le monde a le carbone présent à l’esprit. Nous en rejetons trop dans l’atmosphère, ce qui cause un réchauffement du climat. Pour s’occuper de cette situation, une possibilité consiste à trouver des solutions naturelles pour emmagasiner du carbone là où il ne contribuera pas au changement climatique. Dans le monde de la conservation des prairies, ce n’est pas tant la silice, mais le stockage naturel de carbone qui est une préoccupation majeure.
Près du tiers de tout le carbone qui est emmagasiné dans les sols de la Terre se trouve sous des prairies.
Les prairies peuvent emmagasiner des quantités astronomiques de carbone. Nous pensons que près du tiers de tout le carbone emmagasiné dans les sols de la Terre se trouve sous des prairies. C’est très important, parce que ça met en évidence la contribution énorme que ces écosystèmes indigènes peuvent apporter pour atténuer le changement climatique mondial. Voici les questions : comment les prairies effectuent-elles ce stockage, dans quelle mesure est-ce stable et de quelle manière pouvons-nous gérer les prairies pour stocker encore plus de carbone?
Nous en savons déjà un peu à ce sujet. Nous savons que les sols des praires indigènes – les prairies qui n’ont jamais été labourées – en emmagasinent le plus. Une fois que la terre a été labourée, une grande partie du carbone s’échappe dans l’air, où il contribue en fait au changement climatique. Le meilleur moyen de stocker le carbone, c’est de garder les prairies intactes. Mais nous ne savons pas de quelle manière la gestion des prairies indigènes – quel type de pâturage on y pratique et à quel moment – influe sur la façon dont le carbone est emmagasiné dans les sols des prairies. C’est la clé. Lorsque nous étudions le carbone des sols, nous nous concentrons comme un laser sur l’effet que le mode de gestion des terres a sur le stockage du carbone.
À la Fédération canadienne de la faune, nous participons activement à des activités scientifiques portant sur le carbone des prairies. Ce qui nous intéresse, c’est non seulement l’atténuation du changement climatique, mais également l’effet des initiatives visant à emmagasiner le carbone sur la biodiversité. Nous sommes d’avis qu’il y a un énorme potentiel de conserver des animaux des prairies et de stocker davantage de carbone. Une perspective gagnant-gagnant pour l’environnement et la société.
Laboratoires vivants
Nous nous sommes récemment associés à l’un des neuf nouveaux projets de laboratoires vivants. Il s’agit d’un programme visant à combattre le changement climatique qui est parrainé par Agriculture et Agroalimentaire Canada et entrepris par des collectivités et des scientifiques aux quatre coins du Canada. À titre de partenaire du laboratoire vivant des prairies du centre, nous tenons à mesurer comment la gestion des prairies influe sur le stockage de carbone dans les sols. En collaboration avec des familles du domaine de l’agriculture et notamment de grands élevages de bovins des Prairies, l’Université de l’Alberta, la Saskatchewan Stock Growers Federation, le Saskatchewan Forage Council et bien d’autres, il s’agit d’une occasion formidable de franchir des années-lumière dans notre compréhension de la conservation de la nature et de l’atténuation du changement climatique.
Le projet a officiellement été lancé au printemps de 2022 et avance à une vitesse supraluminique. Notre contribution consiste à faire partie de l’équipe du transfert de connaissances et de technologies, et à exercer des pressions en secret pour qu’on ne nous fasse pas porter les uniformes rouges. Les amatrices et amateurs de Star Trek sauront de quoi je parle. Dans ce rôle, nous vous ferons signe pour vous tenir au courant de la conservation des prairies et des innovations naturelles en matière de stockage du carbone.
C’est le temps de travailler. Téléportation, Scotty!
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