La population de baleines franches de l’Atlantique Nord était déjà restreinte, soit un peu plus de 500 baleines dans l’ensemble de leur habitat. Le nombre total de ces mammifères a toutefois chuté encore plus cet été puisque huit d’entre elles ont été retrouvées sans vie dans le golfe du Saint-Laurent. Cette tragédie a porté un coup terrible à cette espèce marine et j’ai été profondément attristé pour ces animaux.

Pêches et Océans Canada (MPO) a reconnu la gravité de la situation et a pris les mesures nécessaires. Le gouvernement du Canada a fermé partiellement la pêche au crabe, l’interdisant dans la section du golfe du Saint-Laurent où un grand nombre de baleines franches ont été aperçues. Cette fermeture partielle touche une partie relativement considérable de la zone de pêche, environ 20 pour cent. Les baleines en bénéficieront de même que les pêcheurs qui doivent composer avec les risques économiques et personnels substantiels que pose l’enchevêtrement d’une baleine dans leur équipement de pêche.

Le MPO a aussi prié les pêcheurs d’être aux aguets et de signaler tous signes de la  présence des cétacés. De plus, ils ont demandé à tous les navires commerciaux de réduire leur vitesse lorsqu’ils naviguent dans le chenal Laurentien entre les îles de la Madeleine et la péninsule de Gaspé. Ces mesures contribueront directement à réduire la possibilité que d’autres baleines périssent en raison d’activités humaines. Au nom de tous les membres de la Fédération canadienne de la faune, je félicite le gouvernement du Canada d’avoir démontré autant d’initiative.

Plus important encore, ces mesures changent la donne. Jamais auparavant, un gouvernement a modifié la gestion des pêches pour réduire les risques d’enchevêtrement des baleines. Il reste encore beaucoup à faire, mais ce n’est pas trop peu, trop tard. Ces efforts sont très encourageants et j’attends avec impatience de travailler en étroite collaboration avec le gouvernement du Canada à la mise en œuvre des prochaines démarches pour diminuer le nombre d’interactions catastrophiques entre les pêcheurs et ces animaux en péril.

Récemment, mon équipe a publié un article scientifique recommandant que le risque d’enchevêtrement des baleines franches soit réduit d’au moins 30 pour cent afin d’éviter leur extinction. Nous avons également démontré que l’on peut atteindre ce but le plus efficacement possible en interdisant la pêche durant les mois d’été dans les deux zones des eaux canadiennes où les baleines franches se rassemblent – notamment, le bassin Grand Manan de la baie de Fundy et le bassin Roseway de la plate-forme néo-écossaise.
Bien sûr, il est important de souligner que les chercheurs continuent de découvrir de nouveaux endroits où ces mammifères marins se trouvent en grand nombre. Par exemple, cette année, nous avons constaté, grâce à nos efforts accrus de recherche, que de nombreuses baleines franches de l’Atlantique Nord nagent dans les eaux du golfe du Saint-Laurent. De fait, certaines zones devront peut-être être mieux protégées à l’avenir pour qu’un moins grand nombre d’entre elles restent piégées dans le matériel de pêche. Je suis heureux de voir que le gouvernement du Canada s’engage à mettre en place des mesures concrètes.

Jusqu’à maintenant, cette année s’est avérée très difficile pour les baleines franches. Ce que les Canadiens ignorent, c’est que, chaque année est une année difficile pour ces mammifères marins. Nous demeurons confiants, car l’attention et l’intérêt que suscite la protection de ces bêtes exceptionnelles ne font qu’accroître. La FCF est déterminée à modifier notre façon d’utiliser nos océans pour que nous puissions continuer d’en profiter sans contribuer à l’extinction des baleines franches de l’Atlantique Nord.

Visionnez la dernière vidéo de Faune et flore du pays pour en apprendre davantage sur les baleines franches :