Les éleveurs de bovins du bassin versant de la rivière Milk, en Saskatchewan, ont participé à un programme financé par le gouvernement fédéral en prenant des mesures volontaires pour appuyer la durabilité des pâturages, la conservation de l’habitat et le rétablissement des espèces en péril.

Dans les 10 à 15 prochaines années, de nombreuses exploitations familiales passeront le flambeau à la génération suivante. Les éleveurs, pour de bonnes raisons, ne veulent pas prendre aujourd’hui des décisions qui lieront les mains de leurs enfants à l’avenir. Les accords de conservation et les servitudes sont des outils populaires pour soutenir financièrement les familles d’éleveurs tout en conservant les prairies indigènes qui profitent à tous les Canadiens. Si nous voulons que les éleveurs familiaux gèrent et protègent les prairies naturelles, ils auront besoin que les Canadiens s’engagent pour eux comme ils le font pour nous.

Emplacement de l’étude

Zone d’étude du SODCAP © SODCAP

L’étude s’est déroulée dans une zone couverte par le South of the Divide Conservation Action Program (SODCAP), l’organisation qui a contribué à la mise en œuvre du projet sur le plan local. Environ 46 % des terres de la zone d’étude appartiennent à des propriétaires privés qui exploitent quelque 750 fermes. À l’époque, les prairies indigènes fournissaient environ 50 % de la nourriture de 130 000 bovins.

En participant volontairement au programme, les éleveurs ont préservé l’habitat d’espèces en péril telles que la pie-grièche migratrice des prairies, le tétras des armoises, le pipit de Sprague, le plectrophane de McCown, la grenouille léopard et le renard véloce.

Selon leurs propos

En 2018, les chercheurs ont demandé à 23 éleveurs de bovins participants d’indiquer de manière anonyme ce qu’ils pensaient du programme. Les résultats ont été publiés en 2021 dans la revue Biodiversity and Conservation.

Les éleveurs étaient satisfaits du programme, principalement parce qu’ils pouvaient adopter des mesures de conservation qui fonctionnaient déjà ou qui allaient fonctionner dans leurs exploitations. Ils ont également aimé que le programme soit mis en œuvre par une organisation locale en laquelle ils avaient confiance et qui pouvait les conseiller et leur apporter son expertise au besoin.

« Je pense qu’il est important que l’équipe de gestion soit locale et qu’elle ait donc une meilleure compréhension du paysage qu’elle couvre et de l’attitude des producteurs avec lesquels elle travaille. »

Les éleveurs ont déclaré qu’il était important pour eux de reconnaître et de récompenser les mesures de conservation qu’ils prennent sur leurs terres. Ils souhaitent que le public comprenne mieux le rôle qu’ils essaient de jouer dans la protection des prairies indigènes.

« (…) Nous nourrissons le monde tout en protégeant les espèces en péril. [Le public] doit comprendre que nous sommes fiers de ce que nous faisons. C’est notre passion, et ce n’est pas une question d’argent, il n’y a pas assez de profits à faire. »

« Je sentais que nous gérions notre herbe d’une telle façon qu’il convenait bien à notre exploitation d’être reconnue et récompensée pour la bonne gestion de l’herbe. »

Bien que les éleveurs aient été généralement satisfaits du programme, certains ont déclaré qu’il serait plus utile que les programmes soient plus longs (celui-ci n’était que de cinq ans) et que les compensations soient meilleures.

« (…) J’aimerais qu’ils durent plus de cinq ans et qu’ils soient entièrement financés, qu’ils y consacrent plus d’argent, car s’ils le font, nous y mettrons plus de terres. Encore une fois, en reconnaissant que ce sont les meilleurs gestionnaires d’habitats essentiels que nous ayons, et que nous devons les récompenser pour leur travail et les garder sur les terres. »

Les éleveurs se considèrent comme des gardiens de la terre. Ils prennent soin de la terre qui prend soin d’eux.

« (…) oui, tout est interconnecté, les herbes indigènes et les espèces indigènes qui se trouvent dans ces herbes, elles étaient là en premier et nous utilisons seulement les restes – appelons cela l’abondance – et nous devons donc les gérer correctement pour les soutenir, sinon, elles ne seront plus là et nous ne serons plus là non plus. »

Travailler ensemble

Une vieille structure située dans les prairies de la zone d’étude du SODCAP © Diego Steinaker

L’étude de cas du bassin versant de la rivière Milk montre que les éleveurs sont prêts à contribuer à la protection de la biodiversité si des programmes équitables et flexibles sont mis en place et coordonnés par des organisations de confiance. Le pâturage peut être une utilisation des terres compatible avec la conservation des prairies et la protection des espèces en péril si les éleveurs disposent du soutien financier et sociétal nécessaire.

En apprendre plus sur les façons dont nous travaillons pour sauver les prairies grâce à l’élevage durable

AUTEURS

Dana Reiter, Lael Parrott et Jeremy Pittman