Les plus récentes nouvelles sur le papillon monarque sont très préoccupantes.

Des études menées cet hiver dans les hautes terres du Mexique, où la majorité des papillons monarques passent l’hiver, ont révélé que la population des monarques a chuté de 15 pour cent en décembre 2017 comparativement à décembre 2016. La population occupe maintenant 2,48 hectares de terrain (ou 6,12 acres). Cela représente un déclin de près de 90 pour cent par rapport à la plus vaste étendue de terrain qu’elle a occupé depuis le début du dénombrement en 1996, soit 18,19 hectares. Le tableau ci-dessus offre de plus amples renseignements sur l’aire d’occupation de la population hivernante au Mexique.

Population hivernante de papillons monarques au Mexique (en hectares)

Le tableau illustre l’augmentation et le déclin de la population au fil des ans, ce qui était sûrement normal pour cette espèce. Toutefois, la tendance à la baisse sans années de rétablissement est inquiétante. Au cours des six dernières années, nous avons vu les trois taux de population les plus faibles enregistrés à ce jour!

Pourquoi la population des papillons monarques est-elle en déclin?

monarch on orange flower

Les chercheurs indiquent que les causes de ce déclin incluent la destruction des sites de reproduction et des aires d’hivernage de l’espèce, l’utilisation de pesticides et d’herbicides sur les terres agricoles et les effets du changement climatique. Des recherches plus récentes aux États-Unis dénoncent aussi un autre coupable : la perte de plantes riches en nectar le long de voies migratoires. Le nectar est le carburant qui alimente le monarque pendant son long voyage de près de 5 000 kilomètres du Canada vers ses aires d’hivernage. Le monarque doit faire le plein régulièrement, et la perte de fleurs sauvages avec du nectar en cours de route signifie qu’il est de plus en plus difficile pour lui de trouver du nectar et de refaire ses réserves d’énergie. Pour l’humain, ce scénario correspondrait à la perte de la moitié des stations-services le long de notre itinéraire de vacances. Il serait difficile de refaire le plein et nous serions à risque de manquer d’essence.

Pourquoi la population de monarques a-t-elle connu un déclin cette année?

Vous étiez nombreux à vous réjouir l’été dernier de voir de nombreux monarques adultes dans le sud du Canada. Ça semblait être une année record, surtout en Ontario et au Québec. Nous espérerions, à la Fédération canadienne de la faune, que ce soit une année de rétablissement. Alors qu’est-il arrivé à la population? Les ouragans perpétuels qui ont frappé les États-Unis cet automne semblent être la cause de la baisse de population cette année. Les chercheurs expliquent que la saison des ouragans sans précédent et les températures plus chaudes, qui ont retardé la migration dans certaines régions du Canada et des États-Unis, pourraient aussi avoir contribué au nombre réduit d’individus en 2017.

Le changement climatique donne lieu à des conditions météorologiques extrêmes et constamment changeantes. Et les chercheurs en changements climatiques prédisent que cette tendance ne fera que s’aggraver, ce qui n’augure rien de bon pour le papillon monarque.

Quelles mesures ont été prises pour aider le monarque?

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC), qui a le mandat d’évaluer les espèces et de recommander au gouvernement fédéral lesquelles doivent figurer sur la liste des espèces en péril, a recommandé que le monarque soit inscrit sur la liste comme espèce en voie de disparition en vertu de la Loi sur les espèces en péril. Pour sa part, le Comité de détermination du statut des espèces en péril de l’Ontario (CDSEPO), le groupe d’experts qui établit la liste des espèces en péril en vertu de la Loi sur les espèces en disparition de la province, décidera vraisemblablement cette année d’inscrire ou non le monarque sur la liste en tant qu’espèce en voie de disparition. L’inscription à liste permettra d’établir une stratégie de rétablissement comprenant des plans concrets de conservation.

En plus de mesures gouvernementales, de nombreuses recherches scientifiques se poursuivent pour venir en aide aux monarques. L’équipe de Maxim Larrivée à l’Insectarium de Montréal et des collègues mènent des recherches pour savoir si les sources d’asclépiade sont limitées au Canada. Les larves de monarques dépendent de l’asclépiade pour survivre. Il existe de nombreuses espèces d’asclépiades au Canada. Les résultats de la recherche aideront à comprendre l’effet sur le monarque de changer l’utilisation des terres, ainsi que si le rétablissement de l’asclépiade doit être ciblé comme mesure de rétablissement du papillon monarque.

Monarchs grouped

Une autre recherche menée au Canada par Tyler Flockhart a déterminé que l’habitat au Canada est responsable d’une relativement grande proportion des monarques hivernant au Mexique si l’on considère que le Canada ne constitue qu’une petite partie de l’aire de répartition totale des monarques. L’équipe de recherche a examiné la signature isotope chimique de monarques dans l’aire de concentration hivernale pour déterminer s’ils étaient nés l’été ou l’automne précédent. Elle a trouvé que 12 pour cent des insectes étaient nés dans le nord-est des États-Unis et les prairies canadiennes, 17 pour cent dans le centre-nord des États-Unis et l’Ontario et 15 pour cent dans le nord-est des É.-U. et les Maritimes canadiennes.

Que fait la FCF pour aider le monarque?

Nous croyons à la FCF que le monarque vit une crise et qu’il faudra des efforts de rétablissement de grande envergure pour accroître les habitats de reproduction et d’alimentation. La FCF établit un partenariat avec des gestionnaires d’emprises (routières et hydro-électriques, par exemple), y compris ceux de Hydro One, du comté de Lanark et de la Commission de la capitale nationale, pour mener des essais de rétablissement d’habitats. Nous tentons de consigner le coût et les avantages du rétablissement de l’habitat du monarque, ce qui orientera les pratiques de rétablissement à plus grande échelle.

La FCF continue également de mobiliser des écoles et des groupes de citoyens comme vous pour planter de l’asclépiade et des fleurs sauvages indigènes afin d’aider le monarque au niveau de la reproduction et la migration. Tout le monde peut contribuer à la restauration de l’habitat du monarque!

Quelles autres mesures doivent être prises pour aider le monarque?

Pour compenser les effets grandissants du changement climatique et de l’intensification agricole, on doit surpasser les résultats normaux de conservation en matière de rétablissement des habitats de reproduction et d’hivernage. Autrement dit, les efforts de rétablissement doivent être meilleurs et supérieurs à ce que nous avons fait dans le passé et il faudra des mesures concertées entre les gouvernements fédéral et provinciaux et les propriétaires fonciers. Ensemble, nous devons nous montrer à la hauteur du défi pour l’amour du papillon monarque!