Nous avons besoin d’une source de semences de fleurs sauvages indigènes pour les projets de restauration des pollinisateurs dans l’est de l’Ontario.

Notre objectif, à la Fédération canadienne de la faune, est de transformer des millions de kilomètres d’emprises le long des routes, des lignes hydroélectriques et des voies ferrées en paradis pour les fleurs sauvages des prairies indigènes.

Les avantages de la réalisation d’un tel rêve sont considérables. Cette transformation aurait un impact énorme sur les papillons monarques et d’autres populations d’insectes pollinisateurs, dont beaucoup ont subi un déclin dangereux ces dernières années. En outre, les prairies de fleurs sauvages écologiquement robustes constituent d’importants puits de carbone qui atténuent les effets des changements climatiques.

Dans l’ensemble, faire du rêve de restauration complète des pollinisateurs une réalité représente un investissement intelligent dans les paysages du Canada.

Trouver des sources de semences

Carolyn Callaghan recueille des graines d’asclépiade sauvage.
Carolyn Callaghan recueille des graines d’asclépiade sauvage.

Un obstacle précoce au démarrage de projets de restauration des habitats consiste à trouver une bonne source locale de semences de plantes indigènes. Local est le mot-clé; les semences et les plantes utilisées dans le cadre d’un projet de restauration réussi doivent respecter la provenance des communautés végétales voisines (à savoir intégrer des plantes adaptées d’un point de vue régional et écologique).

La restauration des habitats des pollinisateurs progresse aux États-Unis depuis plus de vingt ans. Des pépinières ont été établies dans tout le pays, spécialisées dans les mélanges de semences indigènes locales pour une variété d’habitats. En effet, l’industrie de la restauration des habitats est si bien établie qu’il existe des « calculateurs de semences » pratiques pour aider les responsables des opérations à choisir des semences adaptées aux conditions de la région et du site de leurs projets.

Jusqu’à présent, aucune source de semences indigènes de l’est de l’Ontario – susceptible de répondre aux exigences de grands projets à l’échelle des paysages – n’a pas encore été développée. L’industrie des pépinières de fleurs sauvages indigènes de l’est de l’Ontario en est à ses débuts, et s’efforce d’équilibrer l’offre et la demande sur le marché. En l’absence d’approvisionnement régulier, les responsables des opérations acquièrent des semences auprès d’autres fournisseurs plus éloignés.

Sans contrats importants et sans engagement de l’industrie, cependant, il est difficile pour les pépinières locales de réaliser les investissements pluriannuels nécessaires pour créer et maintenir l’approvisionnement. À l’heure actuelle, bien que les jardineries et pépinières locales proposent des semences de plantes indigènes, aucune n’offre les quantités nécessaires aux grands projets de restauration. Les responsables des opérations diligents qui se sont engagés à utiliser des semences de plantes indigènes de l’est de l’Ontario se sont jusqu’à présent tournés vers des semences cultivées dans d’autres juridictions qui ne précisent pas la provenance génétique.

Semer les graines de l’avenir

Mixing native seed with millet, a cover crop. | Mélange de semences indigènes et de millet, une culture de protection.

Au printemps 2018, la Fédération canadienne de la faune a cherché à obtenir des semences de plantes indigènes pour ses parcelles expérimentales de restauration établies en partenariat avec Hydro One, le comté de Lanark County et la Commission de la capitale nationale. Cependant, en raison des problèmes mentionnés ci-dessus, l’approvisionnement en semences était problématique.

En raison du manque de semences locales, Holly Bickerton, écologue spécialisée dans la restauration de l’habitat des papillons monarques à la FCF, a exploité ses connaissances botaniques de la région d’Ottawa pour localiser et recueillir des semences de 28 espèces de plantes indigènes. La plupart des semences collectées ont permis de compléter une plus grande quantité de 22 espèces de semences indigènes acquises auprès de la pépinière St. Williams Nursery dans le sud de l’Ontario. Les semences de pépinières locales et plus méridionales combinées ont été répandues sur les parcelles expérimentales.  Au cours des prochaines années, ces parcelles seront entièrement restaurées avec l’habitat de prairies indigènes.

La collecte de semences s’est poursuivie à l’automne 2019 et un atelier de formation ainsi qu’un événement public de collecte de semences ont été organisés. Des conversations avec des partenaires de la pépinière Ferguson Tree Nursery et des jardins fauniques Fletcher Wildlife Gardens ont mené Sandy Garland de Partenaires des pollinisateurs sauvages à mettre sur pied un comité régional de collecte de semences afin d’entamer le processus de mise en place de ce marché dans l’est de l’Ontario.

Nous sommes enthousiasmés par l’énergie collective et le dévouement consacrés à faire d’une source de semences indigènes locales et d’un marché de semences indigènes dans l’est de l’Ontario une possibilité.