Voici… la tortue pseudogéographique

Le Canada compte huit espèces indigènes de tortues d’eau douce. Récemment, cependant, une autre espèce de tortue a fait son apparition dans les eaux canadiennes : la tortue pseudogéographique, originaire des États-Unis.

La tortue pseudogéographique a à peu près la même taille que la tortue géographique, une espèce indigène, et présente des motifs similaires à celle-ci. La différence la plus évidente entre ces deux espèces est que la tortue pseudogéographique présente une marque incurvée bien visible à proximité de l’œil (un « sourcil »), tandis que la tortue géographique présente généralement une tache brillante en arrière de l’œil.

Les tortues pseudogéographiques sont de plus en plus courantes dans le commerce des animaux de compagnie et finissent souvent par être relâchées dans la nature pour diverses raisons, notamment parce qu’elles peuvent vivre des décennies et que leurs propriétaires ne sont plus en mesure de s’en occuper. De plus, ces bébés tortues mignons, de la taille d’une pièce d’un dollar au départ, grandissent sans cesse et nécessitent par la suite des aquariums beaucoup plus grands, ce qui rend leur prise en charge de plus en plus difficile.

Pour déterminer l’étendue actuelle des tortues pseudogéographiques, nous avons exploité des données issues de iNaturalist Canada, un projet scientifique communautaire qui vise à documenter les espèces indigènes et non indigènes présentes au Canada. À notre grande surprise, des tortues pseudogéographiques ont été signalées dans trois provinces et huit villes du Canada : de Nanaimo (Colombie-Britannique), à l’ouest, jusqu’à Québec, à l’est. Des tortues pseudogéographiques ont été observées dans cinq lieux différents à Toronto, ce qui confirme qu’un grand nombre d’entre elles ont été relâchées. Bien que la plupart des observations de tortues pseudogéographiques datent des dernières années, le premier signalement sur iNaturalist remonte à 2014, à Victoria (Colombie-Britannique).

Tortue pseudogéographique se prélassant sur un tronc d’arbre. Photo : Kevin Krebs | iNaturalist

Dans leur aire de répartition d’origine, les tortues pseudogéographiques sont présentes aussi loin au nord que dans le Minnesota. Étant donné la proximité de l’aire géographique naturelle de cette espèce avec le Canada, nous nous posons la question de savoir si les tortues pseudogéographiques sont en mesure de se reproduire avec succès au Canada. En étudiant les données climatiques, nous avons constaté que les températures estivales de Windsor, Toronto et même Ottawa, peuvent être supérieures aux températures moyennes de Minneapolis (Minnesota). Ces températures laissent entendre qu’au moins pendant les étés les plus chauds, les œufs des tortues pseudogéographiques peuvent éclore dans une grande partie du sud de l’Ontario. Mais il ne semble pas y avoir encore beaucoup de tortues pseudogéographiques dans la nature et il est donc peu probable qu’elles aient pu se reproduire, du moins pour le moment. Si davantage de tortues pseudogéographiques étaient toutefois relâchées dans la nature, il est cependant possible qu’elles arrivent à se reproduire à l’avenir au Canada.

Quels autres risques présente une autre espèce de tortue exotique au Canada? Il est possible que les tortues pseudogéographiques arrivent à se reproduire avec les tortues géographiques, donnant alors naissance à une progéniture hybride susceptible d’être moins adaptée aux conditions naturelles du Canada. Le plus grand risque associé à une autre espèce de tortue exotique est toutefois la propagation de maladies. Les bébés destinés au commerce des animaux de compagnie sont souvent élevés dans des conditions de surpopulation, ce qui augmente le risque de maladies. Les tortues peuvent être porteuses de virus pendant des années qui, si elles sont relâchées dans la nature, pourraient s’avérer nocifs pour les tortues indigènes ou d’autres espèces. Les risques d’épidémie provoquée par des tortues de compagnie relâchées dans la nature peuvent être faibles, mais plus le nombre de tortues relâchées augmente, plus les risques d’épidémie augmentent aussi. Consultez notre article complet pour en savoir plus sur les tortues pseudogéographiques au Canada.

Si vous avez une tortue de compagnie dont vous ne pouvez plus vous occuper, ne la relâchez pas dans la nature:

  • Faites des recherches en ligne pour essayer de trouver quelqu’un qui est disposé à l’adopter.
  • Contactez les animaleries locales pour voir s’ils connaissent des personnes intéressées par les tortues.
  • Contactez les clubs de reptiles locaux pour trouver des personnes susceptibles d’être intéressées par l’adoption d’une tortue de compagnie.
  • Un centre de découverte de la nature local pourrait également être disposé à accepter votre tortue.

l peut être difficile de trouver un foyer d’accueil pour une grosse tortue adulte, mais cela vaut tout de même la peine de faire l’effort de contribuer à protéger notre faune indigène.

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