Es-ce que vous pensez à tout ce qui se passera cette année?
Vous savez quoi? L’anticipation n’est pas l’apanage de l’être humain.
Nous vous proposons de découvrir des animaux qui pensent à l’avenir.
Les mésanges
Lorsqu’on a besoin de 10 kcal par jour pour survivre, on veille à ce qu’il y ait toujours de la nourriture à proximité – en tout cas, c’est qu’on fait quand on est une mésange à tête noire. Vers la fin de l’été et à l’automne, les mésanges commencent à faire des réserves de nourriture et elles changent leurs provisions de cachette. En une seule journée, elles peuvent cacher des centaines de bouchées. Ce qui est remarquable, c’est qu’elles sont en mesure de se rappeler précisément à quels endroits elles ont fait des réserves pendant une période de jusqu’à 28 jours – et elles peuvent chacune faire des réserves à des milliers d’endroits.
En plus de se rappeler à quels endroits elles ont entreposé leurs graines et autres aliments, elles se rappellent aussi quelles cachettes elles ont vidées. Lorsque la température baisse, elles cherchent les cachettes qui contiennent des aliments qui leur permettent d’engraisser, notamment des graines de tournesol, des arachides et du suif.
Les rats
Les rats font-ils des stratégies pour avoir accès à de la nourriture dans le futur? C’est ce qu’un chercheur, M. Hugo J. Spiers, a voulu élucider dans le cadre d’une étude réalisée en 2015 au University College London. La réponse, c’est oui. M. Spiers et son équipe de chercheurs ont placé des rats sur une piste droite donnant sur un carrefour en T. Sur l’une des deux branches, ils ont entreposé de la nourriture, tandis qu’ils n’ont rien mis sur l’autre. Les rats ont dû être bien déçus, car les deux branches étaient bloquées par une barrière transparente qui les empêchait d’atteindre la nourriture. Les chercheurs ont laissé aux rats un peu de temps pour qu’ils tentent de trouver un moyen d’atteindre cette nourriture, puis ils les ont retirés et les ont mis dans un compartiment à sommeil.
C’est là que des choses merveilleuses commencent à se produire. Pendant que les rats se reposaient, leur activité cérébrale relative aux déplacements était en pleine effervescence – en gros, ils se représentaient en rêve comment ils pourraient trouver un chemin vers la nourriture qu’ils n’avaient pu atteindre dans leur période de veille. « Ce qui est surprenant ici, indique M. Spiers, c’est que nous voyons l’hippocampe préparer l’avenir et examiner des chemins entièrement nouveaux que les animaux doivent prendre pour atteindre la nourriture ». Vous vous demandez avec inquiétude si les rats ont pu ou non atteindre leur nourriture au bout du compte? Ne vous tracassez pas! Pendant que les rats se reposaient, les chercheurs ont enlevé la barrière; par la suite, ils les ont remis sur la piste et les ont laissés se rendre jusqu’à la nourriture.
Les geais du genre Aphelocoma
Les chercheurs savent depuis des années que les geais du genre Aphelocoma ont une mémoire remarquable des endroits où ils emmagasinent de la nourriture. En fait, les geais de ce genre peuvent cacher chaque année plusieurs milliers de bouchées de nourriture et se rappeler de l’emplacement de chacune des cachettes. Plutôt incroyable, n’est-ce pas? La Dre Nicola Clayton, spécialiste de la psychologie comparée à l’Université de Cambridge, souhaitait déterminer à quel point leur mémoire est remarquable. Se souviennent-ils seulement des endroits où ils cachent les aliments ou bien se souviennent-ils des circonstances mêmes dans lesquelles ils les ont cachés? Sachant que ces oiseaux préfèrent les larves aux arachides (mais seulement tant que les larves sont encore fraîches), Mme Clayton a mené une étude dans laquelle les oiseaux pouvaient aller cacher des aliments de l’un ou l’autre type. Une fois rentrés, certains oiseaux pouvaient retourner à leurs cachettes au bout de quatre heures, tandis que d’autres oiseaux ne pouvaient y retourner qu’au bout de cinq jours. Elle a constaté que la durée pendant laquelle les oiseaux étaient séparés de leurs aliments avait une incidence sur le choix des aliments qu’ils allaient par la suite prendre lorsqu’ils en avaient la possibilité. Les geais qui n’avaient dû attendre que quatre heures avant de retourner à leurs cachettes ont choisi de déterrer des larves (étant donné qu’elles seraient encore fraîches), tandis que ceux qui avaient attendu cinq jours se sont dirigés tout droit vers les cachettes d’arachides.
En plus d’être en mesure d’anticiper la qualité de la nourriture qu’ils vont manger, ces oiseaux étonnants sont capables d’anticiper les actions de leurs compétiteurs. Bénéficiant de l’expérience acquise au fil des générations, les geais du genre Aphelocoma savent que si un autre geai les observe lorsqu’ils cachent une noix il y a de bonnes chances qu’il prenne note mentalement de l’emplacement de la cachette et qu’il s’y précipite pour voler la noix. Afin d’éviter que cela se produise, le premier geai retournera sur les lieux lorsque le voleur n’y est pas et déplacera la noix dans un endroit secret. Ce sont de petits futés, ces oiseaux!