Dans le monde entier, le trafic maritime a considérablement augmenté, qu’il s’agisse du nombre de navires transportant des marchandises ou de la connectivité des réseaux maritimes entre les pays.
Les navires sont également de plus en plus gros : l’Icon of the Seas de Royal Caribbean, le plus grand navire de croisière du monde avec ses 365 mètres de long, a entamé son premier voyage au début de l’année. Sa taille équivaut à sept piscines olympiques!
Comme d’autres activités humaines, le trafic maritime constant nuit considérable à la faune marine. Bien que les navires produisent le moins de gaz à effet de serre par rapport à d’autres moyens de transport, ils ont d’autres effets, notamment :
- Ils produisent des bruits qui se répandent plus loin dans l’eau que sur terre.
- Ils déversent des eaux de ballast et du biocarburant.
- Ils heurtent la faune marine, en particulier les baleines.
Les collisions avec des navires sont un problème planétaire
Les collisions avec des navires sont un problème partout où il y a des bateaux et des baleines. De 2004 à 2019, la Marine Animal Response Society a signalé 53 incidents de contact avec des navires dans le Canada atlantique à lui seul. En Colombie-Britannique, huit rorquals à bosse ont été happés au cours de l’été 2023. Un nombre encore plus important d’incidents ne sont pas détectés ou signalés, tant au Canada qu’à l’échelle mondiale.
Les grandes baleines sont particulièrement vulnérables aux collisions avec des navires, car elles passent une grande partie de leur temps à la surface ou près de la surface, dans la zone propice aux collisions avec un bateau, et elles sont lentes à s’éloigner à la nage. De plus, nous n’avons pas de preuves que les grandes baleines essaient d’éviter les bateaux. La façon dont le son d’un navire se propage dans l’eau crée une zone d’ombre acoustique devant le bateau, ce qui signifie que les baleines pourraient ne même pas entendre un navire qui arrive. Elles pourraient aussi être en train de faire quelque chose de plus important, comme se nourrir, et ne pas voir l’intérêt de tenter d’éviter la menace.
Des navires de tous les types et de toutes les tailles peuvent blesser et tuer des baleines, qu’il s’agisse de navires de croisière, de traversiers ou de petites embarcations de plaisance. Si le type de blessures peut aller du traumatisme contondant aux coupures dues à l’hélice, deux facteurs contribuent à la gravité des blessures en cas de collision : la taille du navire et la vitesse à laquelle il se déplace. Par exemple, un bateau de pêche de 12 mètres naviguant à 10 nœuds (environ 18,5 kilomètres par heure) a 60 % de chances de tuer une baleine, alors qu’un cargo de 200 mètres de long en a 80 %. Si ce même cargo ralentissait à cinq nœuds, cette probabilité baisserait à 50 %. C’est pourquoi des zones de ralentissement, semblables aux zones scolaires pour les voitures, sont recommandées comme mesures de gestion pour réduire le risque de collision avec des navires pour les baleines.
Après la mort de 12 baleines noires de l’Atlantique Nord dans les eaux canadiennes en 2017, le gouvernement du Canada a commencé à mettre en œuvre des protocoles de gestion pour le trafic maritime dans le golfe du Saint-Laurent. Ces mesures de gestion comprennent :
- des zones où la limite de vitesse est de 10 nœuds.
- des corridors dynamiques où il y a une limite de vitesse si une baleine noire de l’Atlantique Nord est détectée.
- une zone où le trafic maritime est interdit.
- une zone de ralentissement volontaire à 10 nœuds au printemps et à l’automne dans le couloir de migration des baleines noires de l’Atlantique Nord vers le golfe du Saint-Laurent.
- des initiatives de séparation du trafic (déplacement des couloirs de navigation pour éviter l’habitat des baleines) dans la baie de Fundy, ainsi que d’autres mesures de protection autour de l’île de Vancouver et de Haida Gwaii.
Ce que nous faisons pour aider
L’équipe de recherche sur la conservation marine de la Fédération canadienne de la faune a étudié le risque de collision avec des navires pour les baleines noires de l’Atlantique Nord et d’autres grandes baleines à fanons, comme le rorqual bleu, le rorqual commun et le rorqual à bosse dans le golfe du Saint-Laurent. En utilisant les données sur le trafic maritime, nous pouvons déterminer les zones où le risque est le plus élevé en fonction du nombre de navires en transit, du type de bateaux et de leur vitesse. En intégrant davantage les endroits où les baleines sont les plus susceptibles d’être présentes, nous pouvons identifier les zones où le risque de collision est le plus élevé.
En outre, nous étudions jusqu’à quel point les mesures de gestion, comme les zones de ralentissement, contribuent à réduire à la fois la probabilité de collisions et leur gravité. Nous étendrons bientôt nos travaux à la côte ouest afin de mesurer le risque de collision avec des navires pour la baleine grise et le rorqual à bosse. Les résultats de nos recherches sont utilisés pour orienter les mesures de conservation prises pour protéger notre faune marine bien-aimée.