Au cours des 50 dernières années, les populations d’oiseaux qui vivent dans les provinces canadiennes des Prairies ont diminué de 60 %.

Compte tenu de la taille de ces populations, cela signifie que des millions d’oiseaux ont disparu de ces prairies sauvages depuis les années 1970. Comme vous, je trouve cette statistique alarmante.

Nos amis du Service canadien de la faune (SCF) ont mesuré ce déclin au cours de cette période, et nos partenaires de l’Université de la Saskatchewan étudient les raisons de ce déclin. Jusqu’à présent, les recherches montrent que les principaux responsables de ce déclin sont la perte d’habitat, le fauchage, la récolte, les perturbations, les pesticides et l’approvisionnement alimentaire. Explorons cela plus en détail.

Des migrateurs

Mais attendez. Commençons par le commencement. Les espèces d’oiseaux en déclin dans les prairies sont des migrateurs : ils passent leurs hivers dans le sud et volent vers le nord jusqu’aux grandes plaines pour se reproduire au printemps. Cela signifie qu’ils construisent des nids, pondent des œufs et élèvent des oisillons dans les prairies (principalement) durant la haute saison de croissance au Canada. Les baisses que nous observons sont en grande partie dues à cette malheureuse coïncidence. Mais revenons aux raisons du déclin.

La perte d’habitat

La perte d’habitat se produit depuis que les Européens se sont établis dans les grandes plaines. La transformation des prairies indigènes en cultures et en pâturages non indigènes a supprimé un habitat essentiel pour les oiseaux qui nichent dans les prairies. Nous savons que les oiseaux sélectionnent leurs sites de nidification en fonction du type d’herbe qu’ils préfèrent, ainsi que de l’épaisseur et de la hauteur de cette herbe : certains oiseaux aiment l’herbe courte et clairsemée, tandis que d’autres préfèrent l’herbe haute et épaisse. Or, la conversion de cette herbe en blé, en canola ou en luzerne change la donne, laissant les oiseaux des prairies avec moins d’endroits où nicher.

Le fauchage et la récolte détruisent les nids construits au sol, un endroit commun pour les oiseaux nicheurs des prairies. Depuis des années, les défenseurs des oiseaux travaillent avec les gestionnaires des terres pour retarder la fauche printanière afin de donner aux oiseaux des prairies une chance de terminer leur nidification. La Fédération canadienne de la faune (FCF) a fait la promotion du programme « Mai sans tonte » non seulement pour protéger les monarques, mais aussi les oiseaux des prairies.

Les effets des perturbations sont comparables à ceux du fauchage, mais résultent du pâturage intensif du bétail. Le bétail peut piétiner les nids, ce qui ne poserait pas de problème si les nids et le bétail sont dispersés. Mais à mesure que les parcelles herbeuses destinées à la nidification et au pâturage deviennent de plus en plus petites, les nids et le bétail deviennent plus concentrés et le piétinement devient de plus en plus problématique.

Pesticides

L’utilisation de pesticides est un enjeu important ayant des effets directs sur les oiseaux individuels. Bien que les pesticides ciblent les insectes nuisibles et les mauvaises herbes et non les oiseaux, ces derniers consomment, boivent et respirent les pesticides présents là où ils vivent. Il a été démontré que la toxicité des pesticides influe sur la santé des oiseaux et sur leur capacité à se reproduire (rappelez-vous des conséquences du DDT sur l’épaisseur de la coquille des œufs de l’aigle du pygargue).

L’approvisionnement alimentaire est un effet indirect des pesticides sur les oiseaux. Bien que de nombreux oiseaux nicheurs des prairies mangent des graines, ils nourrissent leurs oisillons avec des insectes afin qu’ils puissent devenir suffisamment grands et forts pour migrer vers le sud en septembre. Les insectes que les oiseaux donnent à manger à leurs petits sont souvent les mêmes insectes qui ravagent les cultures : les sauterelles et les chenilles. L’utilisation de pesticides pour réduire les densités d’insectes afin de protéger notre approvisionnement alimentaire a pour effet de réduire celui des oiseaux nicheurs des prairies.

De quels oiseaux s’agit-il?

Plectrophane à ventre gris © Jeff Skevington

Certains d’entre vous ne connaissent peut-être pas les oiseaux qui fréquentent les prairies canadiennes. Parmi les espèces les plus durement touchées, on compte le bruant noir et blanc, le plectrophane à ventre gris et le plectrophane à ventre noir, qui connaissent un déclin d’environ 8 % par an. D’autres, comme le courlis à long bec et le pipit de Sprague, connaissent un déclin plus lent (2 % par an), mais leurs populations sont déjà faibles et ils ne peuvent pas se permettre de décliner aussi rapidement. Parmi les 17 espèces d’oiseaux mesurées par le SCF, 11 étaient en déclin au Canada, et les autres étaient en très faible croissance.

À la Fédération canadienne de la faune, nous sommes très préoccupés par cette tendance. Nos efforts de conservation dans les prairies sont axés sur la conservation de l’habitat des prairies indigènes pour les oiseaux nicheurs et sur le recours à la science pour démontrer davantage la valeur des graminées naturelles pour la biodiversité des insectes et donc des populations d’oiseaux. Nous travaillons avec des éleveurs pour améliorer les pratiques qui protégeront les prairies naturelles, et avec des décideurs politiques pour éliminer les incitations visant à transformer les prairies naturelles en monocultures. Les oiseaux des prairies constituent une partie importante du patrimoine naturel canadien et, sans action immédiate, nombre d’entre eux pourraient ne pas faire partie de l’avenir de la faune canadienne.