Dans l’armée, une « sentinelle » est un soldat dont le rôle est d’exercer une surveillance ou d’être à l’affût des dangers qui risqueraient sinon de ne pas être détectés.

Ce concept peut s’appliquer aux animaux marins qui nous aident à surveiller les dangers et l’évolution des conditions.

Les prédateurs de niveau supérieur de l’océan, comme les mammifères marins, poissons prédateurs, tortues et oiseaux marins, sont appelés « sentinelles de l’écosystème ». Ils sont faciles à repérer et réagissent rapidement et clairement aux évolutions de structure et de fonction des écosystèmes. En surveillant ces changements, nous sommes en mesure d’observer plus efficacement les altérations des réseaux trophiques marins et de cerner les impacts des humains sur les écosystèmes marins.

À propos des océanites cul-blanc ou pétrels cul-blanc

Les océanites cul-blanc, ou pétrels cul-blanc, sont un exemple d’espèce sentinelle de l’écosystème. Ces petits oiseaux marins sont largement répandus dans les océans de l’hémisphère Nord. Ils ont une durée de vie inhabituellement longue, généralement près de 25 ans. À ce jour, l’âge le plus avancé consigné pour l’un de ces oiseaux était de 38 ans et cet individu était encore en pleine forme!

Les océanites cul-blanc passent la majeure partie de leur vie en mer et ne retournent dans leurs colonies d’îles et d’îlots éloignés au large qu’une fois par an, pendant la saison de reproduction. Un grand nombre de ces colonies se trouvent le long des côtes est et ouest du Canada.

Leach's Storm Petrel

Avec une population mondiale estimée à huit millions d’individus, les océanites cul-blanc ou pétrels cul-blanc sont l’espèce la plus abondante de l’ordre des procellariiformes dans l’océan Atlantique Nord (les autres membres de cet ordre comprennent les albatros, les puffins et autres pétrels).

Malgré leur abondance notable, leur population a cependant diminué de plus de 30 % à l’échelle mondiale au cours des 40 dernières années. Cette baisse spectaculaire a incité l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) à inscrire les océanites cul-blanc dans la catégorie « vulnérables », soit immédiatement en dessous de la catégorie « en voie de disparition ».

Des indicateurs de la santé des océans

Étant donné que leur régime alimentaire réagit rapidement aux évolutions des conditions environnementales, les océanites cul-blanc ou pétrels cul-blanc sont d’excellents indicateurs de la productivité des océans, ainsi que de la pollution marine, par le mercure et les matières plastiques, notamment. Parmi plusieurs facteurs, comme la prédation (principalement par les goélands, les hiboux et les petits mammifères) et les interactions avec les industries extracôtières (comme les plates-formes pétrolières et gazières), il se peut qu’une cause majeure du déclin spectaculaire observé des océanites cul-blanc soit les polluants contenus dans leur alimentation. En tant que prédateurs de niveau supérieur, ces oiseaux sont fortement tributaires de la productivité des océans et recherchent souvent, sur plusieurs centaines de kilomètres au-dessus des eaux profondes, leur nourriture composée de crustacés (comme du krill) et de petits poissons (comme des myctophidés).

rhyl with petrel

Parmi une multitude d’espèces d’oiseaux marins, les océanites cul-blanc comptent parmi ceux qui ingèrent les niveaux les plus élevés de mercure.

Le mercure est un métal lourd naturellement présent dans nos océans, mais ses concentrations ont augmenté au cours des dernières décennies en raison de son rejet dans l’atmosphère consécutif à la combustion des combustibles fossiles. À des concentrations élevées, le mercure est connu pour avoir des effets très nocifs sur les prédateurs de niveau supérieur comme les océanites cul-blanc.

Un régime alimentaire malsain

Des morceaux de matières plastiques d’origine industrielle et domestique sont en outre omniprésents dans le contenu des estomacs des océanites cul-blanc de tous âges. En plus des dommages causés aux organes internes par les bords tranchants des matières plastiques, une importante partie de l’espace de l’estomac qui serait normalement destiné aux aliments consommés par les adultes ou livrés aux poussins est souvent occupé par des matières plastiques.

Par la surveillance continue du régime alimentaire des océanites cul-blanc, nous sommes en mesure de documenter l’évolution des écosystèmes marins dans leur aire de répartition et de surveiller les niveaux de pollution par le mercure et les matières plastiques dans leur environnement.

Comment aider

Si vous vous demandez ce que vous pouvez faire pour aider ces oiseaux importants, voyez comment vous pouvez réduire votre empreinte plastique et envisagez de signer la pétition sur la réduction des plastiques de la FCF pour vous opposer aux matières plastiques à usage unique!

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