En quoi consiste le Cadre mondial de la biodiversité et pourquoi est-il important?
Le Canada vient d’accueillir une conférence internationale sur la biodiversité. Mais en quoi consiste le Cadre mondial de la biodiversité et pourquoi est-il important? James Pagé, spécialiste des espèces en péril et de la biodiversité à la FCF, nous fait part de ses réflexions sur ce sujet.
1. Qu’est-ce que la Convention internationale sur la diversité biologique?
Cet accord mondial a été signé pour la première fois par 150 représentants de gouvernements lors d’un Sommet de la Terre qui s’est tenu au Brésil en 1992. Les trois principaux objectifs de cet accord sont la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité, ainsi que le partage équitable des bénéfices des ressources naturelles. La Convention met l’accent sur comment les humains font partie intégrante de la biodiversité et en dépendent pour leur sécurité alimentaire, leurs médicaments, l’air frais et l’eau, leurs logements et un environnement propre et sain. Cette étape va au-delà de la simple conservation des plantes et des animaux. Alors que les dirigeants mondiaux se sont engagés à soutenir ces principes, la perte de la biodiversité se poursuit à un rythme effréné, rendant d’autant plus essentiels le renouvellement et le renforcement des efforts pour arrêter et inverser ce déclin.
2. Comment la Fédération canadienne de la faune participe-t-elle au suivi de la biodiversité du Canada?
La FCF joue un rôle de chef de file dans les programmes scientifiques et pédagogiques de conservation de la biodiversité dans les environnements terrestres, d’eau douce et marins. Vous avez peut-être entendu parler du travail que nous avons entrepris pour protéger les pollinisateurs, les chauves-souris, les baleines noires de l’Atlantique Nord, les anguilles d’Amérique, les saumons du Pacifique, les papillons monarques et les tortues d’eau douce, tous en voie de disparition. La biodiversité englobe tous les êtres vivants, des espèces les plus petites et les plus cryptiques aux plus grands mammifères comme les bisons des bois, et des écosystèmes aussi variés que les rues urbaines ou les réserves naturelles.
La conservation de la biodiversité à l’échelle nationale est une tâche monumentale, mais l’union fait la force. À cette fin, la FCF dirige et gère la plus grande base de données sur la biodiversité du Canada, mobilisant l’enthousiasme de plus de 200 000 contributeurs.
Au cours des dernières années, les Canadiens ont consigné environ 10 millions d’observations d’espèces sauvages sur iNaturalist.ca ou par l’intermédiaire de l’application iNaturalist, couvrant plus de 34 000 espèces. Cette technologie facile d’emploi offre un guide d’identification instantané fondé sur un logiciel de reconnaissance d’images qui permet d’identifier les espèces, mais également de relier les citoyens aux scientifiques en ligne afin de construire la base de données de notre biodiversité nationale. Ensemble, nous visons à croître en 2023 afin qu’une plus grande partie de notre biodiversité soit documentée à des fins de planification de la conservation.
3. Comment les Canadiens peuvent-ils contribuer aux connaissances sur la biodiversité du Canada?
Les humains et les autres espèces contribuent à la biodiversité du Canada et dépendent de celle-ci pour se nourrir, se loger, s’approvisionner en eau potable, lutter contre les inondations et atténuer les changements climatiques, entre autres choses. Mais nous ne pouvons pas conserver ce que nous ne connaissons pas et le Canada est un pays si vaste que les scientifiques ne sont pas en mesure de documenter et de surveiller l’ensemble de sa biodiversité sans l’aide du public. Étant donné qu’iNaturalist est un outil gratuit, amusant et qui permet l’identification des espèces, c’est un excellent moyen pour les Canadiens de s’impliquer. Tout au long de l’année, le public peut publier ses photos et ses enregistrements sonores d’espèces sauvages sur le site iNaturalist ou par l’intermédiaire de l’application pour aider les scientifiques à effectuer le suivi des espèces de l’ensemble du Canada, en toutes saisons et dans tous les contextes. Les scientifiques et les décideurs utilisent ces données dans le cadre de travaux de conservation cruciaux comme les évaluations des espèces en péril, la délimitation de zones clés pour la biodiversité et des études d’impact sur l’environnement. Avec autant d’yeux rivés sur le sol, l’eau et le ciel, de nouvelles espèces ont même été découvertes au Canada. Bien que l’hiver soit un défi pour beaucoup d’entre nous, certaines espèces sauvages n’hibernent pas, et les arbres et les lichens peuvent être consignés toute l’année. L’hiver est le moment idéal pour faire le tri parmi vos anciennes photos d’espèces sauvages et les téléverser, car elles sont aussi utiles.
4. Que faut-il faire pour documenter la biodiversité?
En prenant des photos, vous pouvez contribuer à la conservation de la faune. Vous n’avez pas besoin d’être un photographe hautement qualifié, mais vos photos doivent être nettes et si vous en prenez plusieurs ou sous divers angles, cela facilite l’identification des espèces. Plus vos photos sont de bonne qualité, plus d’autres personnes et le logiciel de reconnaissance d’images pourront identifier (ou confirmer) les espèces que vous avez aperçues. L’essentiel du temps, il vous suffit d’un téléphone portable. Ce qui importe le plus, c’est que la photo capture les principales caractéristiques permettant d’identifier les espèces : pour certaines comme les oiseaux, qui ont tendance à être plus éloignés, un appareil photo numérique équipé d’un zoom est donc recommandé. La FCF a élaboré pour vous aider des guides illustrés d’une page qui soulignent les caractéristiques à capturer pour les oiseaux, les papillons, les tortues, les plantes et d’autres espèces. Vous pouvez en prendre connaissance dans la section ressources d’iNaturalst.ca. Et n’oubliez pas que vous pouvez également téléverser des enregistrements sonores, qui sont très utiles pour les oiseaux et les grenouilles.
5. Qu’est-ce qui est en jeu?
Les données dont nous disposons ne permettent de déterminer la situation que d’environ un tiers des espèces du Canada. Et nous savons que les effectifs de la moitié de ces espèces ont décliné au cours des 50 dernières années et que plus de 800 sont considérées comme en péril.
C’est incroyablement triste, mais c’est aussi très inquiétant. Car sans biodiversité, c’est tout notre mode de vie qui est menacé. Nous comptons en effet sur les pollinisateurs pour produire un tiers de la nourriture que nous consommons et sur les chauves-souris qui contribuent des milliards de dollars dans la lutte contre les parasites agricoles. Nous avons besoin d’arbres sains pour produire de l’oxygène et d’écosystèmes intacts pour séquestrer du carbone et agir comme zones tampons contre les phénomènes météorologiques extrêmes. La perte de la biodiversité est un enjeu environnemental et social qui menace la santé des humains comme celle de la nature, qu’il s’agisse de la destruction des habitats fauniques ou de la perte d’accès à de la nourriture des communautés. En travaillant ensemble, nous pouvons inverser la perte de la biodiversité, mais cela nécessite une vigilance de la part de tous les secteurs de la société et une exigence unifiée pour un engagement renforcé de la part des gouvernements.
La FCF met l’accent sur des solutions comme l’agriculture durable, la conservation des prairies, l’élimination des obstacles au passage des poissons, la fourniture de nouvelles technologies de pêche sans danger pour les baleines, la plantation de fleurs sauvages indigènes sur les emprises, la réduction de l’utilisation des pesticides, le soutien au leadership des jeunes, l’assurance que nos communautés adoptent des pratiques écologiques et la conduite de projets de recherche continus. Grâce à nos partisans et partenaires, la biodiversité est de mieux en mieux comprise, et nous espérons que davantage de Canadiens saisiront cette occasion de mettre en valeur la biodiversité et de contribuer à inverser le déclin des espèces. Ensemble, nous pouvons en faire plus pour la faune.