Voyez-vous les Prairies canadiennes comme des espaces secs et arides aux terres stériles et balayées par les vents?

Photo : sécheresse en Saskatchewan pendant la Grande Dépression. © Bibliothèque et Archives Canada/PA-139645

Cette photo date de la crise des années 1930, où les Prairies canadiennes ont été durement touchées par une grave sécheresse combinée à de mauvaises pratiques de gestion des sols.  De nos jours, en période de sécheresse, les points d’eau isolés, désignés sous le terme de « marmites torrentielles des Prairies », peuvent s’assécher, mais grâce à une meilleure gestion des sols, ces prairies ne semblent plus aussi arides, même en période de sécheresse extrême. De plus, il suffit d’une averse pour que les Prairies canadiennes soient rapidement gorgées d’eau.

Avez-vous déjà entendu parler des zones riveraines situées dans les Prairies? Les « zones riveraines », c’est-à-dire les terres situées à proximité immédiate des rivières impétueuses du Canada, telles que la rivière Bow, le bras sud de la rivière Saskatchewan et la rivière Assiniboine, ressemblent à un serpent d’un vert éternel qui sillonne l’écorégion des Prairies. Contribuant grandement à la mosaïque de biodiversité locale, elles offrent un habitat précieux aux cerfs et aux élans et abritent des arbustes comme la shépherdie argentée, qui n’auraient aucune chance de survivre sur les hautes terres sèches.

Le bassin hydrographique de la Saskatchewan compte quelque 100 000 lacs et rivières.

Zone riveraine sèche sur le bras sud de la rivière Saskatchewan. © FCF

Qu’en est-il des marmites torrentielles des Prairies?

© Kiel Drake | Birds Canada

Les marmites torrentielles sont des petites zones humides, souvent alimentées uniquement par la fonte des neiges et déconnectées des principaux cours d’eau des Prairies. Elles constituent une oasis pour de nombreuses espèces, en particulier les sauvagines, qui utilisent ces bassins pour se nourrir, se reproduire et élever leurs petits, ainsi que pour les amphibiens (grenouilles et crapauds) qui pondent leurs œufs dans l’eau des marmites et s’enfouissent dans la boue pour passer l’hiver.

Phalarope de Wilson dans un plan d’eau des basses-terres (zone d’alimentation des oiseaux de rivage) © FCF

S’il y a de l’eau, y a-t-il des oiseaux de rivage dans les Prairies?

La réponse est oui.  Les milliers de petites marmites que comptent les Praires offrent des millions de kilomètres de rivage où de magnifiques oiseaux comme les avocettes et les phalaropes peuvent s’aventurer, sondant la boue riche à la recherche d’un repas.

Regorgeant de paysages incroyablement diversifiés, les Prairies du Canada, comme leur nom l’indique, abritent de l’herbe, mais aussi bien d’autres habitats. La mosaïque qui la compose offre un large éventail de perchoirs, de zones d’alimentation et de repos pour de nombreuses espèces sauvages telles que l’antilocapre, les serpents, et même des poissons (méné d’argent de l’ouest) et des rainettes faux-criquet.

Cette année, l’accumulation de neige a été très faible dans les Prairies canadiennes, et les prévisions annonçaient une sécheresse. Toutefois, Mère Nature a changé la donne en offrant aux Prairies des pluies abondantes en mai et au début du mois de juin.

La plupart des régions de l’Ouest sont très vertes cet été; de nombreuses personnes ont remarqué qu’elles n’avaient pas vu les Prairies aussi luxuriantes depuis de nombreuses années, ce qui est une bonne nouvelle pour la faune et la flore qu’elles abritent. Une année humide comme celle-ci peut contribuer à la reconstitution des lacs et des zones humides. Elle peut même permettre le réapprovisionnement des nappes phréatiques.

Site d’échantillonnage en Saskatchewan. © FCF

Toutes les espèces sauvages ne se réjouissent pas du printemps frais et humide que le sud de la Saskatchewan a connu cette année après de nombreux épisodes de sécheresse. Notre équipe chargée de collecter des insectes près de Mankota pour le projet multitaxons de la Saskatchewan Stock Growers Foundation, qui fait partie du Réseau national de laboratoires vivants d’Agriculture et Agroalimentaire Canada, peine à collecter suffisamment d’insectes pour les analyser cet été. Ces conditions climatiques fraîches et humides ne sont pas idéales pour la plupart des insectes, qui comptent sur le soleil implacable des Prairies pour couver leurs œufs fragiles sur leurs sols sombres. Les sauterelles qui envahissaient les Prairires l’an dernier en raison des conditions climatiques chaudes et sèches se font rares cette année! Avec Mère Nature, il faut toujours s’attendre à l’inattendu.

J’espère vous avoir permis de voir les Prairies sous un jour nouveau et vous avoir convaincu que les zones humides, les étangs et les rivières jouent un rôle inattendu dans la biodiversité des Prairies du Canada.  Conservons nos Prairies pour l’habitat sec et humide qu’elles offrent.

Découvrez comment la Fédération canadienne de la faune travaille à la conservation de nos prairies indigènes. >