La Fédération canadienne de la faune et d’autres groupes de conservation ont fait pression pour que le monarque soit inscrit sur la liste des espèces en voie de disparition, une décision qui devrait être prise par le gouvernement du Canada ce printemps.

De plus, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) l’a déjà inscrit sur sa Liste rouge des espèces menacées. Pourquoi? Ce joli papillon lutte contre le changement climatique, la perte d’habitat et l’utilisation de pesticides depuis des décennies. Alors, à quoi d’autre est-il confronté? Lisez la suite pour le savoir!

Des prédateurs mutants

Les papillons monarques ont pu échapper à la prédation grâce à une adaptation géniale : leur tolérance aux toxines de l’asclépiade. À leur stade de chenille, ces insectes se nourrissent beaucoup d’asclépiades et, au fil du temps, ils accumulent une toxine de cette plante qui a un effet répulsif sur les autres espèces. En plus d’être indigeste, cette toxine peut en fait perturber le système cardiaque des prédateurs. Lorsque les animaux mangent de l’asclépiade directement ou lorsqu’ils ingèrent un monarque, une pompe chargée de faire battre leur cœur cesse de fonctionner. Cet effet indésirable rebuterait n’importe qui!

Depuis les années 1970, les chercheurs ont remarqué que la consommation de monarques n’affecte pas les souris ni certains oiseaux, mais ils en ignoraient la raison. Jusqu’à maintenant. Une étude de l’Université de Californie à Riverside a révélé que d’après des chercheurs ayant prélevé de l’ADN de divers animaux, comme les guêpes, les oiseaux et les vers, certaines créatures avaient en fait évolué de manière à pouvoir supporter la toxine. Les chercheurs ont trouvé des mutations au niveau de la pompe permettant au cœur de ces animaux de continuer à battre sans problème lorsqu’ils mangent des monarques. Cette mutation a été détectée chez le cardinal à tête noire, la souris à pattes blanches (Peromyscus melanotis), une guêpe parasite ainsi qu’un ver nématode (un macroparasite).

Des parasites

Un horrible parasite a commencé à ravager la population de papillons monarques de l’Est. Le parasite, nommé Ophryocystis elektroscirrha (OE), attaque l’intestin du monarque pendant son stade de chenille. Lorsque la chenille infectée quitte son stade nymphal et devient un papillon adulte, celui-ci ne peut tout simplement pas combattre l’infection, alors il libère du liquide de son corps et il meurt.

Ce terrible parasite n’a infecté qu’un pour cent de cette population en 1968. Des scientifiques de l’Université Emory ont constaté qu’aujourd’hui, le taux d’infection est de 10 %. Si ce pourcentage continue d’augmenter, il est probable que la population de l’Est diminuera encore plus qu’elle ne l’a fait jusqu’à présent.

La pollution lumineuse

Parcourir des milliers de kilomètres de territoire pour migrer du Canada au Mexique n’est pas une mince affaire. Les papillons monarques sont capables de déterminer leur itinéraire en faisant confiance à une horloge interne (centrée sur les antennes!) qui leur indique comment s’orienter par rapport au soleil et au moment de la journée. Cependant, la pollution lumineuse rend leur voyage exténuant encore plus difficile.

Lorsque les monarques sont exposés à la lumière artificielle, la nuit – comme un lampadaire ou une lumière d’entrée – ils deviennent confus. Des scientifiques de l’Université de Cincinnati ont découvert que la lumière artificielle peut perturber le rythme circadien du papillon monarque. De plus, ils ont besoin de l’obscurité de la nuit pour se recharger. En fait, les monarques attendent la nuit pour traiter les protéines qui sont liées à leur boussole interne.

Une trop grande exposition à la pollution lumineuse ne leur permet pas d’effectuer leur voyage migratoire efficacement et à temps.