D’une manière ou d’une autre, nous nous adaptons tous à notre environnement.

Nous prenons conscience de notre environnement quand nous en sommes extirpés : un enfant de la campagne qui découvre les transports en commun urbains ou un enfant de la ville qui découvre comment garder les vaches sont des exemples de notre adaptation aux petits mondes dans lesquels nous grandissons.

Les animaux sauvages ne sont pas différents. Au cours de centaines de milliers, voire de millions d’années, les plantes et les animaux se sont adaptés aux environnements dans lesquels ils sont nés et à la gamme de conditions qui les définissent.  C’est le concept de niche écologique, où les organismes affichent des comportements et des caractéristiques physiques qui correspondent à la gamme étroite, ou parfois large, d’environnements qui font partie de leur vie.

À la Fédération canadienne de la faune, nous sommes passionnés par les niches écologiques. Et nous travaillons fort pour mieux comprendre celles des prairies canadiennes, afin de préserver la riche biodiversité de cet incroyable habitat.

Les antilocapres des prairies

Prenons les antilocapres, par exemple. Si vous ne vivez pas dans les prairies ou que vous ne vous y êtes jamais rendus, vous ignorez peut-être même que cet animal existe. Espèce unique, seule survivante de la famille des Antilocapridés, cette « antilope » (terme impropre) rapide des prairies a évolué à une époque où les hyènes, aux côtés des loups, figuraient parmi les prédateurs les plus féroces en Amérique du Nord.

Un peu plus volumineux que les cerfs, les antilocapres sont adaptés pour courir rapidement sur de longues distances afin d’échapper à leurs ennemis persistants. Cette compétence n’est toutefois plus d’une grande utilité de nos jours, les hyènes d’Amérique du Nord étant éteintes depuis longtemps et les loups n’étant plus qu’un lointain souvenir dans les prairies.

Les antilocapres sont également adaptées à la consommation de l’armoise, une plante toxique pour leurs concurrents potentiels comme les cerfs, les wapitis et les bisons. Leur énorme foie leur permet de détoxifier les feuilles amères et de quasiment monopoliser cette ressource alimentaire que personne d’autre ne peut consommer. C’est la niche écologique des antilocapres.

Il est si difficile pour les petits antilocapres de survivre au-delà de l’enfance que les petits entrent déjà en compétition dans le ventre de leur mère avant leur naissance. Ils se battent à mort, in utero. Les antilocapres sont incroyables.

Les courlis à long bec

Les courlis à long bec font partie de nos animaux préférés des prairies. Ce sont des oiseaux de rivage difficiles à identifier, qui se déplacent le long des plages et des berges des étangs.

Mais pendant la saison de reproduction, les courlis à long bec ne séjournent pas vraiment sur les rivages. On les trouve alors plutôt se pavanant dans nos prairies les plus sèches, sondant le couvert herbeux à la recherche d’insectes à l’aide de leurs longs becs incurvés vers le bas.

Contrairement à de nombreux spécialistes de nos prairies, les courlis à long bec se sont adaptés à la reproduction dans les champs de cultures et de foin – ils ont élargi leur niche écologique depuis que les Européens se sont installés dans cet habitat et ont labouré une grande partie des prairies indigènes. Pour assurer la réussite de la reproduction des courlis à long bec dans les champs, il faut écarter leurs oisillons avant que des machines lourdes comme les moissonneuses-batteuses ou les faucheuses-andaineuses ne les fauchent. Nous perdons de nombreux bébés courlis de cette façon. Mais leur capacité à s’adapter à leur monde en constante évolution les a mieux servis que de nombreux autres oiseaux nicheurs des prairies qui luttent contre la perte de ces habitats.

Il y a littéralement des milliers de niches écologiques dans les prairies canadiennes. Les antilocapres et les courlis à long bec ont trouvé les leurs. Et vous le pouvez aussi, que ce soit en découvrant les milliers de plantes et d’animaux intéressants qui se sont adaptés à la vie dans les prairies, ou en visitant une prairie indigène pour constater par vous-même sa diversité et sa beauté.

Apprenez-en plus au sujet du travail réalisé par la FCF pour conserver les prairies indigènes >