Les villes canadiennes sont responsables de la mort de millions d’oiseaux migrateurs chaque année. Il pourrait en être autrement
Les villes canadiennes sont responsables de la mort de millions d’oiseaux migrateurs chaque année. Il pourrait en être autrement La vie est dure pour l’oiseau migrateur moyen. Les exigences physiques extrêmes des voyages semestriels sur des milliers de kilomètres à travers de hautes chaines de montagnes, dans des vents contraires violents et des conditions climatiques difficiles, entrainent de nombreuses morts. Les taux de mortalité lors de la migration entre les zones de reproduction et d’hivernage sont généralement six à dix fois plus élevés qu’ils le sont sur les lieux de destination des oiseaux. La situation est pire en Amérique du Nord que partout ailleurs dans le monde.
Certains des dangers les plus dévastateurs sont causés par l’homme : les grands bâtiments très éclairés, les torchères des usines à gaz, les parcs éoliens, les câbles de transport et les antennes de téléphonie cellulaire et autres tours de communication sont tous dangereux pour les oiseaux migrateurs; il en va de même, bien sûr, pour les zones urbaines en général. Cela est particulièrement évident dans les grandes villes d’Amérique du Nord, dont beaucoup se trouvent sur une (ou plusieurs) des quatre voies de migration du continent, qui sont très fréquentées. Cette combinaison a été mortelle. Il faut blâmer l’ÉADN pour une grande partie de ce phénomène.
L’éclairage artificiel de nuit (que les experts résument par l’acronyme EADN) est responsable, selon ces experts, de la mort de près d’un milliard d’oiseaux chaque année à la suite de collisions avec des bâtiments au Canada et aux États-Unis. De plus, autour des villes côtières, les oiseaux de mer sont attirés vers l’intérieur des terres et deviennent bloqués, désorientés, incapables de retourner dans leur habitat. Pour les voyageurs nocturnes, qui comprennent la plupart des oiseaux chanteurs, des oiseaux aquatiques et de nombreux oiseaux de rivage, leur altitude de vol généralement basse les rend plus susceptibles d’être attirés et désorientés par les grands bâtiments lumineux. À Toronto, les principales victimes sont les bruants à gorge blanche, les colibris à gorge rubis et les espèces en danger telles que la grive des bois, l’engoulevent bois-pourri et la paruline du Canada.
Depuis près de trois décennies, une organisation appelée FLAP Canada s’efforce de réduire ce carnage. (FLAP est l’acronyme de Fatal Light Awareness Program : Programme de sensibilisation à l’éclairage meurtrier.) Elle peut toujours faire appel à votre aide pour recueillir les victimes, faire campagne pour la modification du code du bâtiment (par exemple en exigeant des vitres à l’épreuve des oiseaux) et faire pression sur les propriétaires d’immeubles pour qu’ils « éteignent », c’est-à-dire qu’ils fassent ce qu’il faut et restreignent l’éclairage.
Les villes sont également essentielles à la survie des « migrateurs » (que les experts anglophones désignent comme « migbirds »). En effet, les ressources les plus importantes nécessaires au réapprovisionnement, au repos et à la protection contre les prédateurs peuvent souvent être trouvées plus facilement dans les villes qu’ailleurs. (Certaines villes sont si attrayantes pour les oiseaux de passage qu’ils y atterrissent et ne les quittent jamais, devenant résidents au lieu de migrateurs.) Un nombre croissant de villes nord-américaines reconnaissent ce fait et agissent, notamment la ville d’Ottawa, qui a annoncé en novembre dernier qu’elle adoptait des stratégies visant à réduire les collisions entre les oiseaux et les bâtiments et qu’elle lançait des directives de conception volontaires pour les constructeurs et les propriétaires. C’est un début.
Chaque citadin peut faire beaucoup plus pour aider les oiseaux migrateurs et, ce faisant, aider également les populations d’oiseaux résidentes et faire de la ville un milieu plus respectueux de la nature dont les humains profiteront également. Cela signifie créer, conserver et améliorer l’habitat naturel partout : les propriétés privées, les parcs publics, les cours d’école, les emprises, les rivages, et même les toits. Les oiseaux ne seront pas les seuls à en bénéficier. Les pollinisateurs en difficulté en profiteront également, tout comme les humains. En outre, des recherches ont montré que ces efforts sont plus efficaces lorsque la population locale est impliquée, que ce soit par des panneaux d’interprétation dans les zones fréquentées par les oiseaux, des vitrines et des jardins de démonstration ou en rassemblant des bénévoles pour créer un habitat pour les oiseaux qui fournira de la nourriture, de l’eau et un abri aux principales espèces et animera les quartiers.
Tiré du magazine Biosphère. Pour découvrir le magazine, cliquez ici. Pour vous abonner à la version imprimée ou numérique ou bien acheter le dernier numéro, cliquez ici.