En décembre 2017, plusieurs membres d’une église patrimoniale à Almonte en Ontario ont remarqué qu’une colonie de grandes chauves-souris brunes était revenue à l’église après avoir été expulsée à l’automne et que ces dernières se tenaient simplement sur les murs de l’église, incapables de pénétrer dans leur dortoir hivernal traditionnel, ce qui est peu habituel. Typiquement, les chauves-souris trouveront un autre dortoir après l’expulsion. Les membres de l’église qui s’inquiétaient du sort des chauves-souris ont appelé un naturaliste local du groupe Mississippi Valley Field Naturalists pour lui demander quoi faire. Le naturaliste a communiqué avec les biologistes spécialistes en conservation de chauves-souris à la Fédération canadienne de la faune.

En raison des nuits froides d’environ -5 °C (les sites d’hibernation des chauves-souris atteignent rarement des températures inférieures à 2 °C), les chauves-souris devaient utiliser d’importantes réserves de gras pour survivre la nuit. Nous nous sommes posé la question à savoir si nous devions intervenir et avons décidé d’attendre quelques jours pour voir si les chauves-souris se trouveraient un autre dortoir. Puisqu’elles n’avaient pas encore bougé vers la fin de la semaine, nous avons décidé de nous rendre à l’église pour les évaluer.

Mike Anissimoff, biologiste spécialiste en conservation

Une fois que je suis arrivée sur les lieux avec le biologiste spécialiste en conservation Mike Anissimoff, il était clair que les chauves-souris n’étaient pas sur le point de s’envoler vers un nouveau site d’hibernation. Elles se cramponnaient au mur en pierre à l’extérieur de l’église, certaines seules, d’autres en groupe. Il semblait peu probable qu’elles s’envoleraient ailleurs et, comme on annonçait des températures plus froides le dimanche, on savait qu’elles crèveraient de froid si on ne les amenait pas dans un abri pour l’hiver.

Après avoir communiqué avec Linda Laurus, directrice administrative du Rideau Valley Wildlife Sanctuary, pour lui dire qu’on lui amenait les chauves-souris, l’équipe a travaillé minutieusement pour retirer les chauves-souris du mûr et les placer dans une boîte en carton. Nous en avons trouvé cachées dans un coin étroit de l’édifice, sous un tuyau d’arrosage et même sur le sol. Certaines d’entre-elles ont craché et montré leurs petites dents, mais aucun n’a mordu ou tenté de s’envoler.

Nous avons recueilli les chauves-souris que nous pouvions atteindre avec notre échelle de 12 pieds. Il y en avait 26 en tout, mais il y avait encore plusieurs groupes de chauves-souris qui se trouvaient à des hauteurs de plus de 12 mètres, de chaque côté du clocher. Il fallait demander l’aide de la collectivité. Alors qui doit-on appeler lorsqu’on a besoin d’une très longue échelle? Les pompiers, évidemment! Pascal Meunier, chef des pompiers de Mississippi Mills, a accepté de nous aider et a organisé un camion et une équipe qui a rencontré Mike à l’église le dimanche après-midi. L’équipe était extrêmement professionnelle. Elle n’a pas eu peur de relever le défi. En peu de temps, nous avions toutes les chauves-souris.

Help from the Mississippi Mills Fire Department

Les 46 chauves-souris sont maintenant au sanctuaire de Rideau Valley. Linda Laurus et Genevieve Quesnel ont évalué l’état de santé de chaque chauve-souris et les ont pesées, réhydratées et nourries. Elles ont aussi commandé plusieurs milliers de vers de farine pour faire prendre du poids aux chauves-souris. Une fois qu’elles seront prêtes à hiberner, elles seront placées dans le « frigo à chauves-souris », qui les maintiendra à une température idéale pour l’hiver. Au printemps, on les ramènera à Mississippi Mills pour qu’elles puissent trouver un nouveau dortoir.

C’est grâce à la collectivité dans son ensemble que nous avons pu sauver ces chauves-souris. La Fédération canadienne de la faune tient aussi à remercier l’Ottawa River Power Corporation, Environnement et changement climatique Canada et Get em Out Wildlife Control pour leurs conseils et offre d’aide.