Saviez-vous que les chèvres peuvent faire partie intégrante des projets de restauration des prairies?

En juin, des représentants de la Communauté de pratique (CdP) sur les emprises de la région du Grand Toronto et de Hamilton (RGTH) – qui fait partie du Réseau de restauration des habitats des emprises de la FCF — ont visité le projet pilote de pâturage ciblé de la ville de Toronto à Don Valley Brick Works pour en apprendre plus sur l’intégration de ce type de pâturage dans la gestion des prairies.

Qu’est-ce que le pâturage ciblé?

Chèvres très occupées à brouter un saule. ©Vicky Papuga | FCF

Le pâturage ciblé, aussi appelé pâturage prescrit, se fonde sur les ruminants (chèvres, moutons, vaches) pour gérer la végétation. Les ruminants ont un estomac composé de quatre compartiments. Ils « ruminent », ce qui signifie que leur nourriture est réacheminée depuis leur estomac jusqu’à leur bouche où ils continuent à la mâcher. L’estomac spécialisé des ruminants leur permet de digérer des aliments riches en fibres comme de l’herbe et du foin.

Il y a diverses manières de pratiquer le pâturage ciblé :

  1. Permettre aux troupeaux de paître dans une même zone pendant une période prolongée, afin d’accentuer la perturbation du paysage.
  2. Limiter la durée et la zone de présence des ruminants, souvent à deux jours à peine, en maintenant une forte densité d’animaux au pâturage pour intensifier la perturbation à court terme de la végétation (ou se concentrer sur des zones problématiques présentant des espèces adventices ou ligneuses).

En quoi cette pratique est-elle bénéfique pour la restauration et la gestion des prairies?

  • Le pâturage ciblé peut être une solution de rechange à l’utilisation de produits chimiques, comme les herbicides, pour contrôler temporairement les espèces ligneuses indésirables. Il est généralement nécessaire de pratiquer des cycles répétés de pâturage ciblé.
  • Les chèvres sont des brouteuses qui préfèrent la végétation ligneuse. Elles sont une excellente méthode de contrôle des espèces envahissantes comme le nerprun cathartique et épargnent parallèlement certaines espèces bénéfiques, comme l’asclépiade, qui ne sont pas comestibles pour elles.
  • La perturbation naturelle des paysages induite par les chèvres, qui grignotent la végétation et labourent légèrement le sol de leurs sabots, est essentielle au maintien de l’habitat ouvert des prairies.
  • De nombreuses graines, après avoir traversé le système digestif des chèvres, ne sont plus viables. Il y a donc moins de risques que des graines adventices et envahissantes puissent germer après avoir été rejetées dans le crottin, ce qui est une excellente méthode pour les contrôler ou les éliminer!
  • Les chèvres sont de plus robustes et peuvent tolérer les intempéries dans des zones difficiles d’accès pour les humains.

Ce que le projet de Toronto nous a enseigné

Photo de prairie pâturée de l’année dernière, montrant des asclépiades communes et quelques tiges ligneuses au premier plan. La zone de pâturage de cette année, visible à l’arrière-plan, comporte de nombreux petits arbres et arbustes. © Vicky Papuga | FCF

Il s’agit de la deuxième année du projet pilote de pâturage prescrit à Toronto, et ses effets sont déjà visibles dans la prairie de Don Valley Brick Works.

Les chèvres ont ici travaillé dur, consommant des espèces comme le nerprun et d’autres espèces ligneuses indésirables. Cette année, elles ont été placées dans une zone clôturée adjacente à la zone qu’elles ont pâturée l’année dernière, pour poursuivre l’entretien de la prairie. Les chèvres ont évité les asclépiades communes, préférant les espèces ligneuses et adventices. Nous avons même vu un papillon monarque profiter de cette prairie en pleine croissance!

Chèvres travaillant dur sous les yeux des curieux. © Vicky Papuga | FCF

Les bergers expérimentés se doivent d’équiper les sites du projet de clôtures (pour maintenir les admirateurs et les prédateurs à l’extérieur et les chèvres à l’intérieur) et de toujours tenir à l’œil les chèvres, intelligentes et espiègles, pour éviter qu’elles ne s’évadent. Mais ce ne sont pas n’importe quelles chèvres qui sont capables d’effectuer ce travail : certaines races spécifiques sont sélectionnées et les chevrettes apprennent à leurs chevreaux ce qu’ils doivent consommer. Les chèvres doivent être éduquées autant que les humains! Les bergers veillent également à l’équilibre de la flore de leurs intestins grâce à l’ajout de minéraux.

Les chèvres qui participent au pâturage ciblé sont également un « outil dans la boîte à outils », car elles parviennent à impliquer le public dans les efforts de restauration des prairies. Elles offrent aux chefs de projet une excellente occasion de communiquer avec le public au sujet des efforts de restauration, de la gestion des espèces envahissantes et de l’écologie en général.

Certains membres de la Communauté de pratique de la région du Grand Toronto et de Hamilton (RGTH) ont présenté les projets pilotes de pâturage envisagés par leurs municipalités respectives, qui seraient formidables pour les chèvres.

Gardez un œil sur d’autres projets pilotes de pâturage prescrits dans la RGTH!

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