Saviez-vous que nous devons aux insectes pollinisateurs une bouchée sur trois de la nourriture que nous consommons?
Ou que leur valeur économique mondiale a été estimée à 229 milliards de dollars canadiens annuels? Les pollinisateurs sont essentiels à la santé de notre environnement et de notre économie, et à notre propre santé.
Nous dépendons ces abeilles domestiques, qui ne sont pas indigènes, pour une grande partie de la pollinisation des cultures agricoles, mais les parasites et les maladies affaiblissent les abeilles. Le Canada compte des milliers d’espèces de pollinisateurs indigènes – notamment des abeilles, des mouches, des guêpes, des papillons, des papillons de nuit et des coléoptères – qui participent à la pollinisation des cultures et de presque toutes les fleurs de nos forêts, champs et toundras. Mais même nos pollinisateurs indigènes sont en difficulté et leurs populations mondiales sont en déclin en raison de la perte des habitats, de l’utilisation des pesticides, des changements climatiques et des maladies.
Pour inverser la tendance, nous devons stimuler les populations de pollinisateurs indigènes (ou sauvages) sur deux plans essentiels : leur abondance et leur diversité. Comment pouvons-nous y parvenir? Il faut d’abord comprendre comment les agriculteurs canadiens peuvent soutenir les pollinisateurs sauvages. Les terres agricoles – notamment les boisés, les haies et les marges de terrains herbeux – fournissent aux pollinisateurs d’importants sites de nourriture et de nidification. Cela signifie que la restauration des habitats naturels sur les terres agricoles peut être essentielle au maintien des services de pollinisation.
Malheureusement, peu de recherches ont été entreprises pour comprendre comment les différents types d’habitats affectent les pollinisateurs en termes d’abondance et de diversité. Et c’est ici que le Norfolk County Pollinator Project entre en jeu! En travaillant en collaboration avec les agriculteurs, nous espérons comprendre comment gérer les terres agricoles pour contribuer à la fois à une agriculture durable et à des populations de pollinisateurs en bonne santé.
Comment fonctionne ce projet?
Le Norfolk County Pollinator Project est une étude collaborative entreprise par Carolyn Callaghan, Ph. D., biologiste de la conservation à la Fédération canadienne de la faune; Jeff Skevington, Ph. D, entomologiste de renommée mondiale d’Agriculture et Agroalimentaire Canada; Nigel Raine, Ph. D, professeur à l’Université de Guelph et chaire de la famille Rebanks sur la conservation des pollinisateurs; ainsi que les agriculteurs participants du comté de Norfolk, en Ontario.
Pour échantillonner les populations de pollinisateurs, trente pièges Malaise – de grandes structures en forme de tentes conçues pour collecter des insectes – ont été installés dans trois types d’habitats naturels différents dans les fermes participantes. Ils ont été vidés deux fois par semaine au cours de l’été 2018, et les étudiants de la FCF ont ensuite trié des milliers d’insectes dans des bocaux afin de séparer les abeilles et les mouches des autres insectes. Les pollinisateurs ont ensuite été séchés et épinglés au cours de l’été 2019 et sont désormais identifiés et étiquetés par espèce. Ce processus est long et fastidieux, mais il est nécessaire pour garantir l’exactitude des données.
Pour contribuer à l’automatisation et à la confirmation des identifications d’espèces, nos collaborateurs d’Agriculture et Agroalimentaire Canada développent continuellement un système de séquençage d’ADN de nouvelle génération appelé codage à barres de l’ADN.
Qu’est-ce que le codage à barres de l’ADN?
Le codage à barres de l’ADN est une avenue de recherche passionnante qui garantit l’exactitude des données recueillies dans le cadre du Norfolk County Pollinator Project. Il permet d’analyser l’ADN des spécimens d’insectes qui sont difficiles ou impossibles à identifier en fonction de leurs caractéristiques visuelles afin de procéder à l’identification précise des espèces.
Comment cette technique fonctionne-t-elle? Si l’espèce d’un spécimen ne peut pas être déterminée visuellement, alors un court fragment de son ADN est séquencé pour identifier ses éléments constitutifs; c’est le codage à barres de l’ADN. Celui-ci est ensuite comparé au codage à barres de l’ADN d’échantillons connus dans une bibliothèque de référence. Lorsque l’ADN de l’échantillon correspond à l’ADN d’une espèce connue, le spécimen est identifié avec précision et la validité des données est garantie.
Comment le projet progresse-t-il?
Les données de la première saison sur le terrain sont en cours de traitement et continuent d’être ajoutées à la base de données de la Collection nationale canadienne à des fins d’analyse statistique. Samm Reynolds est notre nouvelle étudiante diplômée qui collectera et analysera ces données avec diligence. Khorshid Ghahari est notre technicien qui a épinglé et étiqueté les milliers d’échantillons.
En 2021, une deuxième saison sera effectuée sur le terrain. Les données qui en résulteront seront traitées selon les mêmes méthodes, notamment le codage à barres de l’ADN, et ajoutées à la base de données. Une fois que les données des deux saisons auront été traitées, un rapport des résultats sera publié. Les résultats visent à éclairer la politique gouvernementale et à aider les agriculteurs canadiens à soutenir nos pollinisateurs sauvages si importants.