Les lundis sont affreux!
L’idée de se lever à 3 h le lundi matin, de se rendre au milieu de nulle part et de s’asseoir dans un champ n’est pas très attirante. Mais on nous a dit que le tétras à queue fine préparait son rituel nuptial et que ce spectacle en valait la peine.
Le tétras à queue fine est l’oiseau provincial de la Saskatchewan. Il s’agit d’un tétras de prairie de taille moyenne, mais je suis certaine que si vous lui demandiez, il vous dirait qu’il est aussi gros qu’une autruche. Il agit certainement comme s’il était géant.
Nous avons quitté Moose Jaw avec notre collègue et vidéographe James vers 4 h15. Nous avons mis le cap vers le sud-ouest et les arènes de reproduction dans les Prairies.
Ces petits géants reviennent à la même arène tous les ans. Lorsque nous sommes descendus du camion avec notre équipement, nous pouvions apercevoir de grandes sections de hautes herbes aplaties où les oiseaux avaient déjà établi leur territoire.
À la recherche des arènes de reproduction
Il faisait encore noir et une petite bande de ciel rouge se pointait à l’horizon. Nous avons installé notre cache et avons attendu qu’arrivent les tétras. Pendant que nous attendions, les coyotes hurlaient en arrière-plan et quelques cerfs-mulets sont passés à côté de nous sans même nous apercevoir. Tout était silencieux, à l’exception du sifflet d’un train dans le lointain.
Et le rituel nuptial a commencé..
Ces parades sexuelles sont caractéristiques des oiseaux, mais peuvent aussi être observées chez d’autres animaux. Les mâles de l’espèce se réunissent et compétitionnent pour l’attention des femelles. Chez le tétras à queue fine, le mâle dominant lance le bal au centre du cercle et, comme si quelqu’un avait actionné un interrupteur, les autres mâles se mettent aussi à danser. Les femelles se tiennent loin, en bordure, et cherchent le meilleur danseur.
Quelques minutes à peine après l’apparition du premier tétras, notre petite cache était entourée d’oiseaux confiants, prêts à se pavaner.
Les mâles émettaient un son très semblable à celui des dindons. Ils se sont alors mis à marcher lentement en cercle et à se bomber le torse. Ils ont levé les ailes en pointant le bout vers le bas, ont dressé les rectrices et se sont mis à vibrer.
On pouvait alors entendre un bourdonnement qui sonnait comme le vrombissement de 30 petits bateaux à moteur. Ce bruit est créé par le martèlement rapide de leurs pieds sur le sol, comme ils exécutent le récital de danse le plus convoité de l’année.
Je me sentais comme si j’étais dans un documentaire. James filmait au moyen de son impressionnante caméra vidéo et je prenais des photos avec son appareil photo. Mais ce que j’observais sortait directement de Planète Terre. Il me semblait même entendre la voix de Charles Tisseyre dans ma tête qui narrait ce qui se passait.
Lorsque le soleil se leva, nous avons fermé bagages. Je me sentais extrêmement reconnaissante d’avoir pu assister à ce spectacle en personne. C’était une des choses les plus extraordinaires que j’ai vécues à ce jour. La nature est incroyable. Merci à la faune.
Les lundis ne sont pas si pire, finalement.