Les plantes indigènes sont la fondation sur laquelle reposent des écosystèmes diversifiés.
Mais… lorsque des communautés de plantes indigènes ne se trouvent plus dans le paysage, d’où viennent les graines nécessaires à la restauration? Croyez-vous que nous puissions nous attendre à ce que de petites populations de végétaux qui ne se portent pas bien revégétalisent des milieux entiers par elles-mêmes?
Dans bien des cas, la restauration passive ne suffit pas à rendre la biodiversité et la fonction écologique à certaines zones. Afin de mieux protéger et favoriser les plantes indigènes et le travail qu’elles font, la Fédération canadienne de la faune vient de lancer un processus visant à définir une stratégie nationale en matière de semences indigènes. Cette stratégie contribuera à accélérer le rétablissement des écosystèmes, et favorisera des solutions au changement climatique axées sur la nature, qui pousseront à partir de la terre!
Ça part d’une graine
Tous les nouveaux écosystèmes terrestres commencent par des graines. Forts de cette constatation, nous devons protéger les plantes et les aider à s’épanouir, les aider à produire autant de graines que possible, par une culture qui consiste à travailler en partenariat avec les plantes pour notre bien mutuel. Cette approche est particulièrement nécessaire dans les régions où le changement climatique a intensifié le risque de feux de forêt et d’inondations. De manière semblable, la conservation des graines est importante pour les plantes rares, et pour celles qui proviennent de milieux rares et vulnérables, notamment les régions côtières, arctiques et alpines, de même que dans le cas de communautés comme les alvars, les chaparrals et les prairies.
À quelques exceptions près, la conservation des plantes au Canada se concentre sur les espèces en péril, ainsi que sur des arbres utilisés en foresterie commerciale ou pour le reboisement. Les besoins croissants ayant trait à certaines plantes sont bien connus, mais dans le cas de la plupart des espèces, il y a très peu d’information permettant de guider leur conservation et leur restauration. Beaucoup de ces plantes se trouvent dans une sorte de zone floue dans le monde de la conservation. Bien qu’elles aient une valeur énorme sur les plans culturel, médicinal et écologique, la plupart des plantes ne sont pas assez rares pour bénéficier de la protection de la loi. Elles ne font pas l’objet particulier d’initiatives de rétablissement, et elles n’ont ni un aspect assez éclatant ni suffisamment de valeur sur le plan économique pour retenir l’attention des secteurs de l’horticulture et de la foresterie.
Approvisionnement en semences indigènes
Nous sommes depuis deux ans dans la décennie internationale pour la restauration des écosystèmes, et bien des pays prennent des engagements pour restaurer des habitats. Il est important d’établir des objectifs, mais il faut, pour les atteindre, des actions stratégiques visant à protéger et à améliorer les composantes de base des écosystèmes terrestres – les plantes. Il n’est pas étonnant que la restauration des habitats passe par une revégétalisation avec des plantes et graines indigènes, mais cela crée une demande pour la cueillette ou la culture grainières.
Bien des gens d’un bout à l’autre du pays font pousser des plantes indigènes à partir de semences locales et aident ainsi, par ces relations horticoles, chaque plante à atteindre son plein potentiel régénérateur. Une façon de faire cela à grande échelle consiste à cultiver des plantes indigènes dans des jardins entretenus de manière à améliorer la santé des plantes et la productivité grainière – tout comme dans les cultures de haricots ou de maïs. Les jardins et vergers consacrés à la production de semences indigènes contribuent à régénérer les environs et à créer de nouveaux habitats sans mettre de pression continue sur les populations sauvages.
La culture de champs de plantes sauvages d’origine locale dans le but de récolter leurs graines contribue directement à régénérer les communautés de plantes indigènes. À maturité, ces vergers offrent des semences permettant de restaurer d’autres espaces à proximité, ainsi que des possibilités d’emplois verts, tout en offrant également un habitat optimal à des insectes et des oiseaux indigènes. Les cultures de fleurs sauvages peuvent même servir de lieux d’échanges éducatifs, artistiques et communautaires. Certains des plus grands jardins pour les pollinisateurs du Canada consistent en des fermes de semences indigènes. Dans le sud de l’Ontario, des fermes semencières comportant des cultures diversifiées et denses d’espèces d’asclépiades, de liatrides, d’asters et de verges d’or offrent un refuge aux monarques en migration.