L’empêtrement des cétacés — baleines, dauphins et marsouins — dans des engins de pêche commerciale est un problème croissant dans le monde.
L’empêtrement se produit lorsqu’un animal entre en contact avec du cordage dans l’eau et qu’il s’enroule autour d’une partie de son corps. Certains animaux peuvent se noyer, mais les baleines plus imposantes peuvent être capables de nager en tirant l’engin de pêche.
Même si l’animal peut quand même nager, il sera probablement confronté à de nombreux problèmes pour sa santé. Le cordage enroulé autour de son corps peut causer des blessures en coupant la chair. Cette situation peut mener à une infection fatale ou même à l’inanition si elle empêche l’animal de manger et l’épuise à force d’avoir à traîner de l’équipement lourd. L’empêtrement est un problème particulièrement préoccupant pour les espèces déjà en péril.
Les gestionnaires des pêches sont confrontés au défi de trouver des moyens de réduire les empêtrements sans mettre en danger la pêche, une activité importante au point de vue économique. De nombreuses mesures peuvent être prises pour y arriver, mais les fermetures spatiotemporelles de la pêche offrent un bon équilibre en tenant compte à la fois des objectifs en matière de conservation et de pêches.
Comment fonctionnent les fermetures spatiotemporelles?
Les fermetures spatiotemporelles excluent temporairement la pêche des aires à hautes densités de baleines tout en permettant à cette activité de se poursuivre comme à l’habitude hors des zones de fermetures.
Les fermetures ne sont en vigueur que lorsque des baleines sont présentes en même temps que des activités de pêche.
Lorsque 12 baleines noires de l’Atlantique Nord ont été retrouvées mortes dans le sud du golfe du Saint-Laurent en 2017, Pêches et Océans Canada a instauré des fermetures spatiotemporelles pour protéger cette espèce en péril du risque supplémentaire d’empêtrement dans des engins de pêche au crabe des neiges.
Le fait de repérer une baleine noire entraîne la fermeture de la zone où la baleine a été aperçue. La fermeture demeure en vigueur pour un minimum de 15 jours afin de veiller à ce qu’aucune baleine ne soit encore présente. Les fermetures spatiotemporelles continuent d’être utilisées dans le golfe du Saint-Laurent et dans l’ensemble des provinces maritimes aujourd’hui.
Les défis associés aux fermetures spatiotemporelles
Les fermetures spatiotemporelles sont de plus en plus utilisées dans le monde entier afin de protéger les cétacés de l’empêtrement. Mais elles ne se font pas sans défis.
- Les pêcheurs s’opposent généralement au fait d’être exclus des zones, puisque cela les empêche d’utiliser des lieux de pêche importants et ajoute à leurs coûts en les forçant à pêcher dans des zones plus éloignées.
- Lorsque des fermetures spatiotemporelles sont en vigueur, les pêcheurs doivent déplacer leurs engins et pêcher hors de la zone fermée. Bien que les fermetures réduisent complètement le risque d’empêtrement dans la zone fermée, cette relocalisation peut accroître la pêche, et donc le risque d’empêtrement, dans les zones qui ne le sont pas. Si par exemple les activités de pêche se déplacent en dehors d’une zone où des baleines sont présentes, l’augmentation de l’équipement de pêche relocalisé en raison de la fermeture spatiotemporelle peut accroître les probabilités d’empêtrement dans cette nouvelle zone. De la même manière, si l’activité de pêche est déplacée de la zone fermée à son périmètre, cela crée une « barrière » d’engins autour de la zone fermée pouvant accroître le risque d’empêtrement lorsque les baleines circulent entre l’intérieur et l’extérieur de la zone fermée.
Comment la Fédération canadienne de la faune aide-t-elle?
Les fermetures spatiotemporelles sont un outil efficace pour réduire les probabilités d’empêtrement dans les zones à haut risque. Mais pour une prévention des empêtrements réussie, la conception et la mise en application de la fermeture doivent prendre en compte les changements qu’elle entraîne dans les circuits de pêche qui pourraient contrer certains des avantages de fermer la zone.
Pour ce faire, l’équipe marine de la FCF étudie les fermetures spatiotemporelles et développe un modèle prédictif afin d’incorporer ces effets sur les circuits de pêche dans la conception des fermetures. L’objectif est de veiller à ce que les fermetures spatiotemporelles soient efficaces pour prévenir l’empêtrement des cétacés dans les engins de pêche.