Vous êtes-vous déjà demandé quelle est cette plante qui pousse dans votre cour ou quel animal laisse de telles empreintes dans la neige? Vous pouvez satisfaire votre curiosité tout en contribuant à la conservation de ces petites merveilles que vous apercevez tous les jours à l’extérieur.
C’est d’ailleurs ce que des milliers de Canadiens ont fait par eux-mêmes et dans le cadre du BioBlitz Canada 150 en se rendant sur iNaturalist.ca au cours de la dernière année. Le site Web et l’application du même nom permettent aux utilisateurs de prendre une espèce en photo et d’en noter l’emplacement dans une base de données centrale à laquelle tous les Canadiens, chercheurs comme membres du public, peuvent accéder. De plus, la plateforme comporte depuis peu un logiciel de reconnaissance des images pour vous aider à identifier ce que vous venez d’apercevoir – et il est étonnamment fiable!
Cette initiative prend de l’envol. En effet, les gens se servent de leur téléphone intelligent et de leur appareil-photo numérique pour consigner leurs observations. Depuis 2015, l’année de création de l’appli iNaturalist Canada, les utilisateurs ont consigné plus de 400 000 observations. Les scientifiques y sont d’ailleurs attentifs.
Il s’en résulte une base de données sans précédent qui rassemble des espèces observées dans l’ensemble du Canada et qui peut aider à répondre à d’importantes questions en matière de biodiversité. Par exemple, le nombre de monarques signalés sur iNaturalist.ca s’est maintenu entre 57 et 77 de 2014 à 2016. En 2017, malgré le statut d’espèce en voie de disparition attribué par les spécialistes, ce nombre a brutalement grimpé à 1 052. Ce bond pourrait être attribuable davantage à l’augmentation du nombre d’utilisateurs de iNaturalist.ca que de monarques, mais il correspond aux dires des spécialistes, selon lesquels il s’agissait d’une bonne année pour ce papillon.
Grâce aux observations consignées sur iNaturalist.ca, nous pouvons assurer un suivi de l’espèce pour voir si elle s’en tire aussi bien l’année prochaine. Il est également possible de déterminer où ces papillons se trouvaient au Canada, et à quelle période. Ainsi, nous sommes en mesure de choisir à l’avance les plantes natives, comme l’asclépiade, que nous mettrons en terre en vue d’assurer la survie des monarques.
Fait intéressant, la plupart des cartes de distribution pour cette espèce ne vont pas au-delà d’une ligne partant de Gaspé pour aller au lac Supérieur, puis passant par l’extrémité sud du lac Winnipeg pour ensuite se diriger vers l’île de Vancouver. Sur iNaturalist.ca, nous voyons cependant que des monarques auraient été aperçus (photos à l’appui, ce qui rend les observations crédibles) dans des régions situées de 50 à près de 100 kilomètres au nord de cette ligne. Ayant cette information en main, nous pouvons étudier les mouvements de l’espèce afin de déterminer s’ils sont causés par un changement climatique. Par-dessus tout, les scientifiques, les collectivités et les organisations de conservation sont en mesure de prendre des décisions liées à la conservation des monarques. Cette occasion se présente à un moment particulièrement opportun, puisque le Canada a signé une entente trinationale avec les États-Unis et le Mexique en vue de s’attaquer au problème de déclin des populations de monarques.
La plateforme iNaturalist.ca et les BioBlitz, un inventaire d’espèces d’une durée de 24 heures, ont encore plus à offrir. C’est un endroit où vous pouvez créer une liste pour y consigner toutes les espèces rencontrées en randonnée, dans la rue ou dans une exploration en famille. C’est également une façon de contribuer à un projet d’envergure, comme l’un des 35 événements qui ont eu lieu partout au pays en 2017 à l’occasion du BioBlitz Canada 150.
Par ailleurs, vous savez que les données que vous avez inscrites seront utiles à d’autres et aideront à conserver l’espèce que vous avez pris le temps d’immortaliser. En outre, la communauté en ligne compte plus de 10 000 Canadiens (un nombre qui continue de grimper), parmi lesquels se trouvent certains spécialistes les plus éminents dans leur domaine. Ce sont ces personnes unies par une même vision qui font avancer iNaturalist.ca. À eux seuls, les scientifiques n’auraient pas pu rassembler la quantité de données obtenues grâce à iNaturalist. C’est pour cette raison que le programme est si remarquable. Chaque jour, les Canadiens fournissent de précieuses données à la communauté scientifique.
J’ai moi-même énormément appris sur l’identification des espèces et sur les éléments à inclure dans une photo pour que les autres puissent identifier l’espèce plus aisément. Par exemple, lorsque vous prenez une écrevisse en photo, vous devez veiller à ce qu’on voie les crêtes qui sillonnent le museau (qu’on appelle en fait un rostre). Qui l’aurait cru? En général, les scientifiques peuvent plus facilement identifier une espèce sur un gros plan que sur une photo prise à distance puisqu’il fournit davantage de renseignements.