La baleine à fanons se nourrit de masses de minuscules crustacés appelés zooplancton et elle utilise toutes sortes de ruses pour attraper la plus grosse bouchée possible en déployant le moins d’effort.
YouTube déborde de vidéos présentant des baleines à fanons qui s’alimentent, mais voici l’une de mes préférées, réalisée par la BBC :
Le défi
Les baleines sont des mammifères marins, ce qui signifie qu’elles respirent de l’air. Lorsqu’elles se nourrissent de créatures sous-marines, elles doivent le faire en retenant leur souffle, ce qui demande une quantité énorme d’énergie. Imaginez devoir nager sous l’eau dans une piscine en tentant d’attraper et d’avaler un poisson qui nage; ce ne serait pas chose facile!
Tous pour un!
Heureusement pour les baleines à fanons, le zooplancton doit rester en imposantes colonies pour trouver des partenaires d’accouplement et éviter d’être dévoré par les poissons. Ce comportement d’essaimage permet aux baleines de s’alimenter plus efficacement en avalant beaucoup de zooplancton dans une même grosse bouchée, comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessus.
Dans le feu de l’action
Certaines baleines tirent aussi avantage des schémas migratoires du zooplancton pour s’alimenter plus efficacement. Plusieurs espèces de krill migrent vers la surface la nuit pour se nourrir de phytoplancton, puis retournent dans les profondeurs du fond océanique durant la journée pour éviter les prédateurs qui chassent grâce à leur vision, comme les poissons. Ce comportement est appelé migration verticale à cycle diel (voir le schéma ci-dessous). Certaines baleines à fanons comme le rorqual boréal attendent après la tombée de la nuit alors que le krill se rassemble à la surface pour se nourrir, évitant ainsi de dépenser de l’énergie pour plonger dans les profondeurs afin de s’alimenter.
Nous pouvons mesurer le processus de migration verticale à cycle diel au moyen des échosondeurs à acoustique active fixés à nos glisseurs. Les échosondeurs acoustiques fonctionnent de manière semblable à l’écholocalisation utilisée par les dauphins — une impulsion sonore est envoyée et l’onde produite se réfléchit sur une surface (comme une couche de zooplancton) avant de revenir à sa source. La différence entre le son envoyé et celui qui revient nous renseigne sur la quantité de zooplancton et sur son activité. Le schéma ci-dessous présente un exemple des données recueillies par l’échosondeur de l’un de nos glisseurs montrant une migration verticale à cycle diel.
L’échosondeur doit tout d’abord être calibré dans un immense bassin afin de pouvoir connaître la quantité de zooplancton à l’aide de la différence sonore. Cette calibration est effectuée en accrochant une petite sphère dont nous connaissons la composition sous l’échosondeur et en enregistrant la quantité de son réfléchit par cette sphère. Sur la photo ci-dessous, les étudiantes diplômées Gennavieve Ruckdeschel et Tara Howatt suspendent le glisseur dans le bassin en colonne d’une profondeur de 30 mètres du laboratoire Aquatron de l’Université Dalhousie pour procéder à la calibration.
Kim Davies, titulaire de bourse de recherche postdoctorale Liber Ero, département d’océanographie, Université Dalhousie