Soutien trinational pour le papillon monarque

Au moment où j’écris ces lignes, notre directeur général, Sean Southey, deux membres de mon équipe et moi-même sommes en route de retour après avoir participé à un sommet tenu à l’Université du Minnesota. Cet événement a rassemblé des gens de trois nations dans le but de raviver notre engagement collectif envers la protection d’une espèce à la fois minuscule et puissante.

TCes efforts conjoints ont débuté en 1975, à la suite d’une découverte majeure menée par une équipe dirigée par les professeurs Fred et Nora Urquhart de l’Université de Toronto. Cette découverte portait sur l’un des phénomènes les plus impressionnants de l’histoire naturelle la migration du papillon monarque à partir de ses aires de reproduction au Canada et aux États-Unis jusqu’aux forêts de sapins oyameles des hautes terres du centre du Mexique où il passe l’hiver. Lorsqu’on a découvert que certains individus parcouraient jusqu’à 4 000 kilomètres chaque automne pour atteindre le Mexique, un vaste mouvement de conservation s’est mis en place dans les trois pays.

Depuis, les scientifiques ont appris de nombreuses choses sur le monarque. On sait notamment qu’il existe une « super génération » dont les individus émergent de leur chrysalide à la fin de l’été. Plutôt que de s’accoupler et de pondre des œufs immédiatement, cette génération met sa reproduction en pause, migre vers le Mexique pour l’hiver, s’accouple à la fin de la saison froide, puis entreprend le voyage de retour vers le nord en pondant des œufs en chemin. Il faut de trois à quatre générations pour que les descendants atteignent de nouveau les aires de reproduction au Canada. Quant à la population de monarques de l’Ouest, que l’on trouve à l’ouest des montagnes Rocheuses, elle suit également un parcours migratoire et hiverne le long de la côte californienne.

Le monarque en péril

J’aimerais pouvoir vous parler uniquement des découvertes scientifiques fascinantes entourant le papillon monarque, mais la réalité est tout autre. Depuis les premières observations, de nombreux événements sont survenus, et aujourd’hui, le monarque est en péril. La population de monarques de l’Est a chuté de plus de 80 %, tandis que celle de l’Ouest a connu une baisse vertigineuse de 99 %. En réponse, le gouvernement mexicain a inscrit le monarque sur la liste des espèces faisant l’objet d’une protection spéciale en 2021. Le gouvernement canadien l’a déclaré espèce en voie de disparition en 2023, et les États-Unis ont proposé de l’inscrire parmi les espèces menacées.

Il y a quelques décennies, l’exploitation forestière illégale était le facteur initial et le plus important du déclin des populations. Cependant, le gouvernement mexicain a fait un excellent travail pour enrayer ce problème, et des groupes non gouvernementaux collaborent étroitement avec les communautés locales situées dans les réserves et les environs afin de tenir compte de leurs moyens de subsistance et de rémunérer les services écosystémiques qu’elles fournissent. Aujourd’hui, les causes les plus préoccupantes du déclin sont la perte d’habitat dans les aires de reproduction, les changements climatiques et l’utilisation de pesticides.

Les efforts de conservation ont été remarquables :

  • Au milieu des années 1980 et en 2000, le Mexique a établi des réserves protégées pour le monarque et a réduit la coupe illégale dans les forêts de sapins oyameles.
  • En 2008, la Commission de coopération environnementale — créée dans le cadre de l’Accord de libre-échange nord-américain — a réuni un groupe consultatif composé de membres du Canada, des États-Unis et du Mexique pour élaborer un Plan nord-américain de conservation du monarque.
  • En 2014, un accord trinational de conservation du monarque a été signé par les gouvernements du Mexique, des États-Unis et du Canada. Cet engagement à trois a mené à la création d’un comité scientifique qui se réunit chaque année pour établir les priorités en matière de recherche et de conservation.

Élan pour la protection du monarque

Une partie de la délégation canadienne au Sommet nord-américain sur le monarque de 2025 tenu à l’Université du Minnesota à Minneapolis. De gauche à droite : Vincent Fyson, FCF; Victoria Woodhouse, FCF; Beth Richardson, consule générale du Canada à Minneapolis; Dani Fisher, agente des affaires publiques, consulat général du Canada; Don Davis, citoyen scientifique, Toronto.

Cette année, la Commission de coopération environnementale (CCE) et Monarch Joint Venture réunissent un groupe consultatif trinational pour mettre à jour le Plan nord-américain de gestion du monarque de 2008. La Fédération canadienne de la faune fait partie de ce groupe consultatif.

Voici quelques sujets qui seront abordés pour la mise à jour du Plan de gestion :

  • L’état des populations de monarques
  • Les priorités pour protéger, améliorer et restaurer l’habitat migratoire et de reproduction
  • Le maintien des efforts scientifiques et l’accessibilité des données
  • Le financement à long terme pour la conservation du monarque
  • Les activités d’amélioration et de protection menées à l’échelle de l’aire de répartition du monarque

Le groupe de travail Rights-of-Way as Habitat à l’Université de l’Illinois à Chicago a dirigé un effort à l’échelle des États-Unis mobilisant les secteurs de l’énergie et des transports pour élaborer une entente de conservation des espèces candidates avec garanties (CCAA). Cette entente vise à inciter les propriétaires fonciers et les gestionnaires de terrains à adopter des mesures générant des retombées positives nettes pour la conservation du monarque. Il s’agit d’une initiative sans précédent tant par la diversité des secteurs qui y participent que par son envergure géographique. L’entente couvre l’ensemble des 48 États continentaux et comprend déjà 1,2 million d’acres d’habitats.

Le Sommet nord-américain sur le monarque de 2025 a été coorganisé par Monarch Joint Venture et le groupe de travail Rights-of-Way Habitat de l’Université de l’Illinois à Chicago.

Durant le Sommet, de nombreuses présentations de grande qualité sur la science et la science citoyenne ont été livrées. Parmi celles-ci, la chercheuse engagée dans l’étude du monarque et la surveillance participative depuis plus de 30 ans Karen Oberhauser nous a présenté un survol des efforts de surveillance qui remontent au tout premier projet de Fred Urquhart en 1950. Cuauhtémoc Sáenz-Romero, professeur à l’Universidad Michoacana de San Nicolás de Hidalgo au Mexique, a présenté ses recherches sur la perte des forêts de sapins oyameles causée par la sécheresse liée aux changements climatiques. Il a également décrit les efforts de son équipe pour replanter ces arbres à plus haute altitude en prévision de la migration du monarque vers des zones plus fraîches et humides pour échapper aux effets de la chaleur et de la sécheresse.

La FCF était présente au Sommet et y a contribué activement, notamment en prenant part à des tables rondes, en donnant des présentations scientifiques et en animant des discussions. Nous revenons chez nous inspirés et motivés par cette communauté de personnes passionnées qui travaillent sans relâche pour la conservation de cette espèce extraordinaire.

Apprenez-en plus sur le travail de la Fédération canadienne de la faune pour aider le monarque >